Décroissance

Dans mes lectures du moment, plusieurs blogs, surtout américains, sur les phénomènes de décroissance, de frugalité poussée à l’extrême. Des individus et des familles entières qui choisissent librement, sans pression financière ou sans but économique précis, de vivre le plus chichement possible. Ils débutent généralement l’engrenage par un changement drastique d’alimentation, recherchant les bienfaits d’une diète riche en oléagineux, lentilles et haricots rouges, végétariens parfois, locavores toujours, un savant mélange du petit manuel pour écolo débutant et d’aspiration purificatrice. Vous êtes ce que vous mangez, vous rendez à la nature ce qu’elle vous donne en chiant proprement dans une cuve de sciure. Du légume à l’engrais, en polluant à minimum, après tout pourquoi pas, je n’ai pas l’âme d’une guerrière verte, et je suis sceptique quand à l’impact globale de ces mesures isolées, mais l’argument se tient, une certaine idée de la relation à la matière, une idéologie où se mélange No Logo et le retour à la terre, rééducation ultime pour capitalistes torturés par leurs consciences. Ces tribus responsables s’affichent sur la toile et partagent leurs découvertes, serviettes hygiéniques en liège, paraben dans les biberons, influence des colorants sur le QI des enfants, éducation à la maison par les parents, culture de champignons en caves et autres savons homemade à la suie de cheminée. Elles partagent, interagissent et s’interrogent, et se rassemblent autour du refus de consommer, d’acheter, de s’intéresser aux tendances et aux modes. Paradoxe moderne, les décroissants seraient perdus sans leur usage forcené d’Internet : les meubles du salon sont dénichés sur Freecycle, les vêtements troqués sur des sites spécialisés, et chaque jour leur permet de découvrir un nouvel ennemi contre lequel s’opposer, quelque chose de plus à ajouter sur la liste des substances bannies. Il n’est pas surprenant de lire sur leurs blogs que le micro-onde tue, que les téléphones portables sont cancérigènes, et que le lait est toxique au delà de 18 mois. Autant de mythes urbains et de demies-thèses défendus par une poignée grandissante d’irréductibles allumés, brandissant le principe de précaution comme ultime pied de nez aux arguments scientifiques et aux recherches qui chercheraient à les contrer.

Je lis ces blogs et ces sites avec l’impression de visiter une foire aux Freaks. Je comprends et j’entends leurs arguments, mais je garde la conviction que la décroissance, quand elle devient massive et générale, est une réaction de crainte, une volonté de préserver quelque chose qui s’échappe inéluctablement. Le caractère obsessionnel des recherches faites par ces individus pour déféquer bio et pour contrôler à chaque instant chaque mouvement de leurs corps, de leurs intestins à leurs poumons, de leurs éjaculations (home basting, charte des glaires) à l’accouchement, me réjouit autant qu’il m’inquiète. J’admire leur volonté de bien faire, de faire mieux, mais je hais leur totalitarisme, et je refuse d’être considérée comme légére et futile parce que je désire continuer à utiliser des tampons non recyclés, la paroi délicate de mon intimité ne se satisfaisant pas des grattoirs spontex en écorce de bouleau non traité. Le prosélytisme m’ennuie, et aurait tendance à me faire renoncer à ces gestes pour la planète pourtant si faciles et familiers : trier, recycler, jeter. Je déteste que l’on puisse s’ériger en exemple de quelque manière que ce soit, je méprise ceux qui pensent pouvoir sauver le monde à coup de café équitable et de culottes en chanvre tissé, je n’aime que les vieux hippies croulants, ceux qui vivent quelque part en Ardèche, sans rien comprendre à rien et sans chercher bien loin, ceux qui ne donnent pas de leçons et qui vivent et laissent vivre. Sans eux, bientôt dans nos supermarchés, on lira sur les étiquettes « ce produit est celui qui vous rendra le moins coupable de crime contre l’humanité », les lieux de consommation seront désertés, occupés par une milice du bien vivre et du bien chier.

Rêve de sieste

Des paysages mous, des rêves qui s’enfoncent, les murs s’effritent et je flotte, le plancher reste dur mais s’efface pourtant, gracieux, sous mes pieds, je suis portée par un souffle, entre l’évanouissement et la jouissance, je suis immatérielle, je voyage. Les draps contre mes jambes se font plus doux, je suis dans un cocon, je ne veux plus bouger, c’est mon épiderme qui réclame le contact du tissu pour m’envelopper, être bercée par le drap inanimé, les objets me veulent soudainement le plus grand bien, la courbure de mon matelas et l’oreiller juste là, tout est parfait, ne plus bouger, ne plus respirer que par petites bouffées, ne pas faire bouger le corps inutile, se contenter de contempler, ne rien changer, ne plus rien essayer, juste rester immobile, quelques minutes encore, le temps du rêve, le temps que le ressenti s’échappe et m’oublie, le réveil viendra, je n’ai pas oublié, rester en apnée, entre le sommeil et le jour, entre l’enfer et la réalité, faire la planche, sur une piscine d’eau salée, flotter loin, emportée.

Dehors les bruits, pourquoi écouter, c’est juste dehors, rien ne m’intéresse plus que le dedans que je découvre, le dedans du dehors que j’ignorais encore, une trappe dans le crâne, mécanique cantique des synapses, sous mes yeux fermés défilent les rouages encrassés de mon cerveau, c’est comme un ballet, les fluides rebondissent, denses, contre les parois poreuses, s’additionnent de nouvelles cellules, plus colorées, plus vivantes, je suis juste dans un coin, j’observe, elles m’ignorent et continuent leurs travaux, séparation, réunion, fusion, il fait chaud ici, la chaleur me pique les pieds, c’est comme une mine organique, comme une usine bien rangée, je suis contremaitre, je suis sujet, la trappe menace de se refermer, qui contrôle donc la machine pendant que je dors et que je me promène, qui prend les décisions, qui fait se soulever mes poumons, l’angoisse, la remontée par l’échelle glissante et venimeuse, pleine de sang coagulé et de bile verte et odorante.

Réveil en sueur et en apnée.

Respirer.

La première gorgée de bière

Ouvrir la porte, le corps encore rempli de la chaleur d’une douche trop chaude, thermos de chair sous le manteau fermé, bonnet kaki, lacets noués, dehors il pleut, mais ce n’est pas grave, ce n’est pas une raison pour rester enfermée, aujourd’hui je sors, un pas devant l’autre, le même chemin qu’avant, celui que j’avais oublié. Il y a beaucoup de monde partout, les fêtes sans doute, les vacances aussi, des adolescents traînent leur nonchalance devant les vitrines des chaussures en plastique importé, le casque énorme leur mange les oreille et dévore leur front, dans les miennes la voix habituelle de mon animateur de radio préféré, le ronronnement des mots que je n’écoute plus vraiment, le rythme de la musique que je n’entends plus du tout, je n’ai pas froid, les flaques et les feuilles, les pieds des autres, les lumières et le goût de l’air, je suis presque arrivée, la destination n’est pas importante, elle est même tout à fait commune, banale et pénible, mais j’arrive, j’y arrive.

Salle d’attente d’une administration, un ticket dans la main, un seul guichet allumé, cinq contribuables devant moi qui s’ennuient, les mêmes réflexes pour tous, trier encore une fois nos papiers, relire, compléter, signer, attendre, se saisir de son téléphone, se distraire, soupirer. Je suis assise, et je suis comme eux. Pas de boule de ciment au ventre qui me somme de m’en aller, pas de tremblements incontrôlables qui me poussent à m’enfuir, juste l’ennui quotidien d’une pièce laide et grise, les photocopies floues des avis se détachent peu à peu du tableau d’osier, la table basse et ses brochures que personne ne lira, une plante finit de crever, mais pas moi. J’attends, les numéros défilent rouges sur le pavé numérique de l’entrée, j’ai le temps de comprendre que quelque chose à changé, d’attendre que la peur vienne, de m’ausculter et de me diagnostiquer. Elle ne viendra pas. Je suis là. Tout va bien.

Ce n’est rien, je le sais. Vous le faites tous. Vous patientez dans les queues, vous prenez le métro, vous voyagez en avion, vous ne connaissez pas ma peur. Vous ne savez pas. Et je suis consciente du ridicule de mes victoires aux yeux des autres. J’étais une autre, avant. J’étais libre avant d’être enfermée, avant de m’enfermer. Il ne s’agit pas d’avoir découvert un vaccin contre le cancer, ou d’avoir guéri d’une maladie terrible. Mais aujourd’hui, je suis valide, même avec mes béquilles. J’ai retrouvé le goût des autres, le mien aussi. Mes vieux réflexes me rendent prudente, je m’observe peut-être bien plus qu’il ne le faudrait, je scrute, j’observe, je guette les changements, je les consigne dans un coin de ma tête pour les recouper, les analyser, les classer. Mais je ne suis plus handicapée du dehors. Je ne suis plus emmurée.

Bam bam bam

Dans sa poche, une paire de gants. Les mêmes depuis plus de cinq ans. Je l’ai toujours connu avec cette paire de gants, il sait toujours où les trouver, ils ressortent de leur tiroir chaque hiver, sans faute, sans manquer. Une paire de gant simple, en laine noire, virgule blanche près du poignet. Je regardais ses mains sur le volant ce matin, ses mains gantées, les mêmes depuis toutes ces années, et je n’ai pas pu m’empêcher d’être bêtement émue. Je n’ai jamais de gants. Ou plutôt j’en ai dix paires, que j’égare chez moi, que je perds et que j’oublie. Des gants fantaisie, Hello Kitty et maille à paillette, des gants fourrés, des gants coupés, mais surtout des gants absents, oubliés. Ce sont peut-être ces choses qui nous séparent qui nous permettent de nous aimer, savoir qu’il sait toujours où trouver les choses, quand je passe mon temps à les oublier. Savoir que je peux me déguiser en folle aux gants troués, rien à foutre du froid et de l’humidité, alors qu’il sait prendre soin de lui, de la tête aux pieds. Soin de moi aussi.

C’est bête de s’émouvoir pour une paire de gants. Ce ne sont que des gants. J’y cherche un symbole pour m’expliquer ce sentiment, au delà de celui qu’on connaît, des cœurs qui battent et des mains moites, du désir et de l’envie, ce sentiment fleuve, qui t’habite complétement, où rien ne t’appartient plus, où tout ton être est comme offert à l’autre, par principe, par définition. Il n’existe plus de frontières entre sa vie et la mienne, elles se sont épousées pour ne plus se quitter, dans une ellipse concentrique qui nous ramène à chaque fois vers nous, à chaque fois vers le vide comblé d’amour. Comme si nous étions faits pour nous rencontrer. Comme si les histoires qu’on se raconte pouvaient se réaliser. Comme si on pouvait croire à l’autre, sans aucun doute, sans aucune question, avec la certitude que tout ira bien, malgré les accrocs au vitriol, les disputes, et tout le reste. C’est trop joli peut-être, je voudrais nuancer, mais quand j’écris sur lui, je n’en ai pas envie. Ni fleurs, ni licornes, pas de cœurs qui scintillent dans une nuit étoilée, juste le sentiment d’avoir trouvé ce qui manquait à mon âme, une dose de sérénité.

Bien sur, nous aurons des orages. Bien sur, ses gants finiront par se trouer définitivement, il faudra les jeter. Il dira que ce n’est pas la peine, qu’il peut encore les mettre, qu’il n’a pas besoin d’une nouvelle paire. Et moi, je ne comprendrai pas, parce que mes dix paires de gants perdues ne comptent pas pour moi, que je suis une souillon, et que je m’en fous, que je claque de l’argent comme si j’en avais plein, et que je veux qu’il se couvre les doigts. Et il ne comprendra pas. Il grognera bien un peu, peut-être qu’il ne me parlera pas, quelques minutes encore, le temps de nous laisser respirer, le temps de nous rendre compte de notre stupidité. L’orage sera passé, et jusqu’au prochain hiver, les gants reprendront leur place. Rangés.

Confession Intime

Aujourd’hui je n’ai pas eu peur. Aujourd’hui je n’ai pas eu mal. Ni au ventre. Ni au bras. Ni au cœur. Ni ailleurs. Aujourd’hui je n’ai pas pensé une seule fois à mourir. Je n’ai pas voulu m’enfermer chez moi en attendant que la vie des autres passe. Aujourd’hui, je crois bien que j’ai vécu une journée complétement normale. Une journée pas très drôle, une journée avec le froid qui pique les joues, le sommeil qui s’accroche aux paupières, mais une journée banale. Aujourd’hui pour la première fois depuis plus de six mois, je me suis autorisée à penser que peut-être, tout irait bien, pour de vrai cette fois, pas comme les dernières fois, pas seulement pour quelques semaines, que tout irait bien, pour de bon, que c’était possible en tout cas. Pourtant je craignais cette journée. Je me suis demandée à chaque instant si j’allais bien, si ma tête tournait, si mes jambes m’abandonnaient, si j’étais encore normale, si j’étais encore là. J’étais là. J’étais bien.

On m’avait prévenu pourtant. De ce sentiment de renaissance. De l’effet quasi immédiat de la molécule. Des bienfaits d’un diagnostic qui se pose, enfin. Je m’emballe peut-être. J’ai tellement envie que ca marche. J’ai du mal à expliquer ce que m’a apporté cette journée de calme intérieur, ce sentiment de faire partie de ceux qui bougent, de ceux qui vivent, la certitude d’être capable, encore. Ce n’était pas parfait, mais c’était tellement mieux déja, le temps qui passe sans que j’ai la sensation qu’il s’étire pour ne jamais finir, ne pas paniquer, ne pas pleurer, ne pas se sentir prisonnière, et puis respirer, j’avais l’impression de ne plus jamais pouvoir inspirer normalement, comme si quelque chose de mou et de dense se figeait entre mon palet et mes sinus, comme si ma trachée se serrait à chaque filet d’air gagné, un combat à chaque mouvement de ma poitrine vers l’oxygène, tout cela paraît dramatique, je sais, mais c’est assez pathétique à vivre chaque jour, je ne veux pas le cacher.

Peut-être que c’est placebo tout ça. Je m’en fous. Je veux bien avaler toutes les gélules en sucre possibles si elles me permettent de sortir sans crainte de moi même, si elles me permettent de revivre. J’emploie des mots énormes, je sais. On peut se moquer, ce n’est pas très grave. Je suis apaisée, et si tout fonctionne, tout devrait bien se passer. Il n’y a que la vie devant. Il n’y a que des possibles. Et c’est un putain de changement.

Tronche de cake

La tronche du pharmacien. La putain de sa tronche.

Une demie-heure de queue dans la plus grande pharmacie de ma ville de banlieue. Ca parle CMU, prise en charge, tarif d’onglerie et infection nosocomiale, on compare nos photos moches sur nos cartes vitales neuves, on s’emmerde, on touche à tout, on se grille sur la ligne. C’est long ici la pharmacie, parce que 80% des clients ne paient pas leurs médicaments, et que le patron en a un peu assez de se faire niquer sur ses paiements, alors il prend le temps, de remplir le dossier, de faire des photocopies, de vérifier les identités et la véracité des ordonnances, de s’assurer qu’il ne délivre pas du Subutex en dose létale à une camée. Moi je suis riche ici, c’est peut-être le seul endroit, je n’ai pas de tiers-payant à 100%, je paie donc ma part, avec des vrais sous sortis de ma poche, ca se fait tellement rare qu’ils oublient souvent de me faire payer, tellement habitués à délivrer les boîtes sans rien attendre dans le vide poche pose-monnaie. Je ne suis pas connasse, alors je les rappelle à ma réalité, et je dépose mes quatre euros soixante dans la coupelle clignotante aux couleurs des Strepstils.

Aujourd’hui c’est un peu différent, j’ai une ordonnance toute neuve, pleine de nouvelles molécules à tester, des gros mots qui font peur soulignés trois fois par mon médecin énervé : NE PAS SUBSTITUER. Il est comme ça, mon toubib, il a ses lubies, et il n’aime pas qu’on change ce qu’il prescrit, alors il insiste au marqueur jusqu’à en percer le carbone, tout en râlant contre les excipients et les génériques imposés. Sur mon feuillet à entête, les noms des médicaments s’enchaînent, et il ne faut pas être diplômé de la rue des St Pères pour comprendre pourquoi j’ai consulté, j’ai des petits vélos dans la tête, on cherche le meilleur moyen de les arrêter, rien de grave, rien de mortel, juste ce qu’il se doit de stigmatisant, juste ce qu’il faut à mon putain de pharmacien pour qu’il commence à me parler comme si j’avais un retard psychomoteur important. Ca m’a foutu les nerfs, j’avoue, l’attente préalable au milieu des autres clients énervés ne m’avait pas aidé, et quand il m’a demandé pour la troisième fois, baissant la voix comme si je commandais des capotes en plein Vatican, si je voulais SUBSTITUER mon médicament pour le générique, j’ai pas su me contenir, j’ai commencé à hurler, à lui vomir sa condescendance et ses conseils pour débiles dans la gueule, je pouvais pas laisser passer.

J’imagine sa gueule quand il reçoit une ordonnance pour une trithérapie, pour un schizophrène, pour toutes ces autres maladies vraiment graves, vraiment chiantes, vraiment handicapantes dans notre société normalisée. J’imagine sa voix mielleuse et ses explications connasses, à des gens qui sont juste malades, qui ont juste besoin de prendre leurs putain de médicaments, pas de se prendre un sermon de la part du vendeur de poudre de perlinpimpim, pas d’être pris pour des abrutis ou des cas sociaux. J’imagine aussi comme son attitude peut être déstabilisante pour quelqu’un qui vient chercher son traitement pour la toute première fois, encore dans l’angoisse de la découverte de son trouble et de la prescription qui l’accompagne, comme si on avait besoin de subir sa connerie en plus de ça : « Et ca va mieux avec votre petit traitement ma petite dame ? c’est fini les petites idées toutes noires ? », je te ferai bouffer ta putain de blouse blanche par le cul, si tu crois que ma déprime m’empêche de te mépriser, tu te trompes, si tu penses que je n’oserai pas te dire d’aller te faire enculer sous prétexte qu’être Pharmacien te confère le rang d’un petit notable pourri, tu te trompes aussi. Si je ne le dis pas, c’est parce que je suis polie.

Pour la suppression de l’article 32 ter A de la LOPPSI 2.

On écrit à son député.

Parce qu’il fait froid sous les tentes, sous les tôles, parce que la France connaît une recrudescence de bidonvilles, d’habitat précaire. Mais que les solutions proposées pour remplacer ces installations précaires sont insuffisantes. Et que nous ne devons pas tolérer qu’il soit légal de détruire, d’expulser, de verbaliser ceux qui sont déja dans une détresse sociale et financière flagrante.

Parce que la LOPPSI 2 c’est d’abord ceci :

« La seconde version a été présenté en conseil des ministres le 27 mai 2009 et vise à compléter la première, avec pour objectif « d’assurer une réponse immédiate aux nouvelles réalités de la délinquance. Le projet crée ou renforce les instruments adaptés contre la cybercriminalité, contre le crime organisé, contre les violences qui fragilisent notre société, violence des bandes, violence dans les stades ou sur les routes, atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation. ». Cette nouvelle version de la loi prévoit, entre autres, la création du logiciel Périclès centralisant les informations. Elle prévoit aussi d’autoriser la police à installer des chevaux de Troie (logiciels espions) sur les ordinateurs français. »

Et que franchement, je ne vois pas bien le rapport avec :

Les ménages occupant des locaux et maisons construits sans permis : Ces situations sont nombreuses en France, particulièrement dans les DOM TOM, où la majorité des maisons ont été édifiées sans permis de construire et sont donc « illicites ». Ce sont des installations « en réunion » qui tomberont sous le coup de cette loi.

Les occupants d’habitat alternatif : Des modes d’habitat alternatif sont mis en œuvre de plus en plus fréquemment, poussés par des convictions écologiques ou les difficultés à se loger : il s’agit souvent d’habitat léger, mobile ou éphémère, respectueux de l’environnement, à faible empreinte écologique. Exemples : yourtes, tipis, cabanes, etc… A noter que de nombreuses personnes installent des yourtes ou des tipis dans leur propriété, pour leur famille : elles sont menacées de l’arbitraire là aussi par l’article 32 ter A.

Les habitants de mobile-homes : De nombreux mobiles-homes ont été installés dans des propriétés où le plus souvent il existe des maisons. Les habitants de mobiles-homes dont l’installation n’aura pas été agréée seront soumis au même régime.

Il nous reste quelques jours seulement pour écrire à nos députés en suivant cet exemple : LOPSI 2

Formaldéhyde

Dans mon durcisseur pour ongles, il y a du Formaldéhyde, ce dérivé du formol strictement banni de tous les foyers verts et écologiques, cette substance pseudo cancérigène responsable des lissages brésiliens hardcores très courus par les tignasses bouclées et crépues en ce moment. C’est marqué sur la boîte, comme un de ces avertissements à l’américaine pour abrutis finis : « ce clou n’est pas fait pour être avalé », « l’abus de formaldéhyde nuit gravement à la santé ». Je n’avais pas pour ambition de me stratifier la trachée en avalant le contenu de mon petit flacon, ca tombe bien, il ne me reste plus qu’à me protéger des émanations toxiques du liquide redouté, manucure sous masque à gaz, mais surtout ce sentiment débile de me rendre coupable d’un crime contre l’humanité, comme si je me trouvais responsable en dégoupillant mon pinceau des malheurs de notre verte planète, de la pourriture des eaux et de l’abattage des forets.

Double combo culpabilisation, puisque j’ai toujours plus ou moins pensé que les problèmes environnementaux à une échelle de simple mortel restaient des soucis de riches enculés. Si l’effet de serre et les déchets plastiques m’inquiètent, je doute que les couches jetables de Balthazar et que les couches menstruelles en jonc de liège de sa mère puissent avoir un impact marquant sur l’air que respireront mes enfants. Au contraire même, cette manie des riches civilisés à l’occidentale de vouloir se racheter, se rouler dans la boue des pauvres dans des vacances responsables, se nourrir comme au temps des croisades pour faciliter son transit et sauver les champs, chier dans la sciure en priant pour la sécheresse au Soudan, toutes ces manies adoptées par mes voisins bourgeois à chèvres m’agacent vraiment.

Le comble du ridicule reste pour moi la poubelle à vers de terre, ce terrarium à ordures qu’on installe fièrement sous l’évier de sa cuisine en laqué rouge payée 10 000, le ménage se donne donc la responsabilité de nourrir chaque jour son cheptel de vermisseaux glapissants, pelures de bananes importées, marcs de cafés sélectionnés, les rampants du 18eme arrondissement sont les mieux nourris de leur écosystème, ils digèrent mal les capsules de Nespresso, normal, what else. Je propose qu’on récolte les digestions massives de ces vers gâtés, qu’on empaquette la substance dans de jolis petits paquets, un joli logo caritatif, dessiné par un artiste bien né, une soirée de charité avec une apparition de Christophe Mahé, et qu’on envoie ce purin nutritif en Ethiopie, j’ai déja le slogan de l’opération « De la merde de riche pour les pauvres », ca fera grand bruit.

Qui veut épouser ma fille ?

Je mesure la chance d’avoir une mère sage et saine dans son rapport aux hommes que je pourrais fréquenter. Je n’ai jamais eu à subir la torture des lamentations sur l’hypothétique date de mon mariage, je n’ai jamais du me justifier de mes choix amoureux. Dans son infinie bonté, ma mère prend toujours mon parti : quand je suis amoureuse et heureuse, elle décide que son gendre est merveilleux, et dès que je me lasse et pense à trouver la porte de sortie, elle fait avec bonheur avec moi la liste des défauts de mon compagnon, et m’encourage toujours à reprendre mon indépendance. Ma maman place très haut ce mot, l’indépendance, comme un besoin vital, être libre, ne pas être attachée par l’argent ou par des liens inutiles, pouvoir être seule face au monde, sans rien devoir à l’autre que le nécessaire. Je suis un peu moins attachée à cette indépendance, d’abord parce que je pense qu’il existe des liens de partages sains, que l’on peut partager son argent ou son savoir sans pour autant s’en départir complétement, ensuite parce qu’il m’est arrivé, et qu’il m’arrivera sans doute encore de traverser des périodes où pouvoir m’appuyer sur l’autre était presque vital, où je ne pouvais pas faire autrement que faire confiance, qu’accepter l’aide qui m’était donnée. Je ne crois pas que ma mère soit trop fière ou orgueilleuse pour ne pas accepter d’aide, je crois juste qu’elle se bat avec son ombre depuis trop longtemps pour baisser totalement sa garde. Peut-être qu’elle est tout simplement plus forte que moi, c’est une probabilité que je n’exclus pas.

J’ai failli me marier au moins 2 fois. La première, mon premier amour, ma première vraie histoire, celle où rien ne peut arrêter l’envie, on pense grand, on voit loin, les enfants, la maison, le chien, le mariage dans les vignes dans un château quelque part dans le Bordelais, tout était tracé, rien à réfléchir, presque rien à penser d’ailleurs, comme tous les bébés-couples, on copie bêtement, les histoires de nos parents, de nos sœurs, de nos amies, on veut vite se poser, se mettre dans une case et ne pas dépasser, adopter le plus rapidement possible les signes apparents de la réussite sociale labellisée. La seconde fois, on me l’a beaucoup proposé, je n’étais pas convaincue, j’y ai pourtant réfléchi, toujours cette tentation de céder, comme si on se rachetait une conduite en devenant Madame, comme si l’acte de passer à la Mairie me donnait une importance stupide, devant mes amies encore célibataires, devant mon employeur, devant tous en fait. Cette vieille croyance qui fait des filles qui tardent à se marier de vieilles aigries frigides, des femmes de mauvaises vies, ou tout simplement des laiderons, s’accroche profondément dans nos esprits, aussi libre qu’on se prétende. Je ne me suis pas mariée, pour des raisons simples : parce que ce n’était pas le bon, parce que je ne le sentais pas, parce que ce n’était pas le moment, parce que j’avais envie d’un autre, finalement toutes les raisons sont bonne quand il s’agit d’un choix aussi radical. Parce que se marier, c’est renoncer à tous les autres, c’est s’engager, je suis vieille France comme ça, je sais, c’est dépassé.

J’arrive à l’âge où il ferait bon genre que je sois mariée. Je me rappelle avec une certaine émotion des paroles bienveillantes de ma grand-mère alors que je lui présentais mon second petit-ami « Tout le train va devoir lui passer dessus avant qu’elle ne se marie celle là ? », non, pas tout le train, quelques wagons peut-être, et encore, est ce que cela compte vraiment, qui compte encore ce genre de choses, c’est d’un vulgaire vraiment …