Du désir, et autres contrariétés.

Saloperie de désir de merde. Envie qui te prend aux tripes d’être dans les bras de l’objet de ta lubie, de compter les poils de sa barbe un par un, de retenir dans la paume de ta main l’emprunte de sa joue, de son pied, de sa queue. Entre l’envie de vomir et la crampe pré-menstruelle, entre l’hystérie d’avoir gratté 3 euros au Banco et la joie réelle d’avoir attrapé le dernier métro, le désir, l’envie, ce truc lancinant qui t’attrape le cerveau, qui te retourne le ventre, qui broie toute tentative de réflexion. Un peu comme un mec qui finit sa plaquette de Néocodion, comme un réveil après 6 dolipranes codéinés, l’urgence du désir comme obligation de résultat, sous peine d’intense douleur morale immédiate.

Le désir, quelle merde.

Tu n’aimeras point, tu ne désireras point la femme de l’autre, tu ne feras pas d’avance à l’homme marié et no zob in job, autant de dogmatiques affirmations qui sont écrasées comme des merdes par l’envie. Tu porteras des capotes à chaque fois, tu ne coucheras pas au premier rendez-vous, tu ne coucheras pas pendant tes règles, tu ne suceras pas un mec dans des chiottes crades, principes de base pour la serial-fuckeuse en bonne santé, terrassés par la bête immonde, le crabe de l’hormone, qui pour 20 minutes de plaisir incroyable te font flipper pendant 3 mois et faire la queue au centre de dépistage le plus proche, subir les questions étonnées de ta gynéco, et  jurer que, promis, ca ne se reproduira plus.

Un jour tu fais tout ce qu’il ne faut pas. Tu deviens la maîtresse de l’homme marié avec qui tu couches dans des hôtels miteux, et pendant que tu le suces tu entends les vibrations de son portable sur la table de nuit, sa femme sans doute. Alors tu t’acharnes à être mieux que cette connasse qui a emprisonné le mec que tu aimes, tu lui imagines des atouts incroyable, un physique de nymphette et un mental de Viet-Cong. Dans ta tête, c’est la loose, tu rejoins le clan des meufs qui ne peuvent pas présenter leur mec, tu passes ta vie à attendre qu’il appelle, prison mentale que tu te fais toute seule pour avoir un peu plus mal, encore, parce que si t’as mal, c’est que ton histoire existe.

Après en avoir bien chié, bien pleuré, bien insulté sa race de vie la pute, tu fais le point. Ce mec, parfait, finalement tu ne le connais pas. Et finalement, à part lui servir de vide couilles parce que Madame a mal à son épisiotomie, entre vous y’a pas grand chose. Ce que tu aimes c’est l’histoire, le drama, les murmures, les rendez-vous, le secret. Et puis sexuellement, c’est moins bien. T’as moins mal au ventre quand tu l’attends dans ton string des grands jours. Parfois tu te fais même un peu chier quand il te parle de son boulot, de ses collègues, de ses mômes.

Tu veux lui dire que c’est fini, mais avec un mec marié, rien ne se passe jamais comme tu voudrais. Au moment où tu es prête à lui dire que c’est la dernière fois qu’il te lèche sur le parking d’Ikea, lui il t’annonce qu’il t’aime, qu’il est prêt à quitter le confort de sa grande maison familiale pour te rejoindre dans ton studio du 4e, que ce sera dur mais tant pis, qu’il veut recommencer avec toi.

Merde.

Une seule solution pour éviter ce genre de situation pourrie : la DLC.

Niquer avec un mec marié, l’aimer un peu, le kiffer beaucoup, après tout, ca arrive, tout  le temps, et souvent ca n’a aucun impact sur rien. Les amants se séparent, chacun reprend sa vie. Mais pour s’en assurer, la Date Limite de Consommation de 4 mois est ton amie.

4 mois c’est le temps moyen qu’il faut pour comprendre que tu fais de la merde, pour qu’il tombe amoureux de toi.  4 mois c’est suffisant pour avoir exploré pas mal de délires sexuels, pour avoir réussi à passer une nuit entière avec lui, pour prendre le meilleur d’un truc pas terrible.

Et mieux encore, tu dois lui annoncer tout de suite que le compte à rebours à commencé. Le mec marié se sentira obligé de te faire changer d’avis, sera encore plus charmant, encore plus performant, encore plus lovely rha rha.

Au bout de quatre mois, pas la peine de s’expliquer, de pleurer, de s’engueuler.

Tu repars faire la fête, rencontrer des mecs libres et chiants, il repars avec sa femme, ses gosses, et vous gardez chacun pour vous le souvenir impérissable du parking d’Ikea la nuit, du Formule 1 de la porte de Châtillon entre midi et deux, mais surtout de ce qui aurait pu être, de l’infinité des possibles, de ce que tu devinais de lui et de ce qui l’excitait chez toi, des moments où quand même, tu y as cru, même si t’avais pas le droit.