Girl meets Guy. Ou pas.

Ca commence comme un premier rendez-vous.

4 heures de préparation physique et psychologique intense comprenant lavage, épilation, polissage, crêmage, ongles, séchage de cheveux, essais de tenues, make up, un épisode de Gossip Girl, 12 cigarettes, 1 litres de coca light, une crise existentielle parce que tous mes collants sont troués, 3 coups de fils à une amie, 2 sms de confirmation de rendez-vous, 15 tweets, une prière pour qu’il ne pleuve pas, un quart d’heure euphorique, un rangement de sac.

Bref, ca commençait pas mal, en sortant de chez moi je me fais siffler par mon clodo du coin, qui est LE test de ma sexytude. En prenant le métro, un mec me tient la porte pour que je puisse frauder sans m’arracher, bref, un sans faute.

Arrivée, pile à l’heure, au lieu dit, première angoisse. Je ne me souviens plus de son visage. Bon. Je me souviens d’autres détails de son anatomie. Pas sur que ca m’aide.

Deuxième ennui, j’ai rendez-vous dans l’endroit où doivent se donner rendez-vous toutes les personnes qui se rencontrent sur le web. Ca se voit à nos visages. Chaque individu qui sort de la bouche de métro est scruté, déshabillé des yeux, soupesé.

Justement, je crois que voilà mon date. Miam. Enfin je crois. Parce que de loin, ca pourrait être lui. Grand, brun, bon style, petite lunettes. Miam. S’enclenche la machine à fantasme et je nous vois déjà le lendemain matin au petit déjeuner en train de lire Libé amoureusement.

Sauf que quelqu’un vient de me taper sur l’épaule. Et que donc, le grand brun, qui s’avance pourtant dans ma direction, ne peut pas être mon date. Si je me retourne, j’abandonne mon bel inconnu avec qui j’ai déja décidé qu’on irait jamais chez Ikea. Quel deuil affreux.

Le mec qui vient de me taper sur l’épaule me dit vaguement quelque chose. On se fait la bise. Il me demande ce que je deviens. Ahhhhhh. Putain c’est ma fête. C’est Thomas, avec qui j’étais en classe au lycée. Tant pis tant mieux. Sauf qu’avec tout ca, mon inconnu du web commence à être en retard. Et à chaque fois que je suis en retard pour ce genre de truc, ca veut dire que je viens pas. Donc si il est comme moi, il m’a planté. Youhou.

Bon. Je crois qu’il ne va pas venir. D’ailleurs son téléphone est sur répondeur. Sans passer par la case départ. Il est peut-être dans le métro. Sauf que moi je capte dans le métro. Et puis il vient en voiture. Merde merde merde. Ou alors, parano ultime, il m’a vu, il est reparti. Ou il m’a vu en train de claquer la bise à cet abruti de Thomas et comme c’est un garçon super sensible, il est en train de pleurer tout seul quelque part. Ou alors son chien est mort et il est parti disperser ses cendres en Mongolie. Ou il a perdu son téléphone et il cherche par tout les moyens comment me contacter et il est super malheureux. Ou, plus vraisemblablement, il a trouvé une autre petite à lever ce soir, et sur une échelle de baisitude, elle devait avoir de l’avance, et il a choisi. Et puis, c’est difficile à annoncer  : “Ouais, finalement, je vais passer la nuit avec Choobidoo23, tu m’en veux pas hein.”.

Ouais. Plus de doute. 20 minutes de retard, téléphone sur répondeur, aucune nouvelle. Gros #fail pour ma gueule. Retour à la case on-est-samedi-soir-et-j’ai-annoncé-a-toutes-mes-copines-que-je-sortais-pas-ce-soir-parce-que-je-rencontrais-un-super-bogosse.

J’ai plus qu’à avouer. Passer le coup de fil de la honte.

“Ouais, en fait, bon … on a pas trop accroché tu vois … le IRL parfois, c’est décevant … on a décidé de pas insister … non non, il est sympa … mais physiquement tu vois, c’est pas ma came … ouais ouais … bon bah je vous rejoins ou quoi ?”

Résultat, 10 tequila paf plus tard, je rencontre Manouel, qui est chilien, ca tombe bien, j’adore les chiliens, d’ailleurs je parle pas espagnol, et son français se limite à Lady Marmelade. Mais Manouel, il me comprend. Et il est beau. Enfin je crois. Et pour ce soir, ca ira bien.

Saturday, November 28, 2009