Ikea, sans rapport

Quand je m’ennuie souvent je dessine, j’écris, des mots sur ma peau, j’en use des pinceaux, des stylos et des bics, découpe de boucherie ou tendance poétique, j’écris sur le derme ce qui se passe dans ma tête, poupée désarticulée, pour me ranger, veuillez commencer par la pièce 33, découpez moi, retournez moi, j’ai tout noté, j’ai le mode d’emploi, j’ai plus peur de me désintégrer, tout se transforme, rien ne se perd, ne t’inquiète pas, je recommencerai, si tu perds une pièce, un peu de bricolage, une vis en alu, je reviens, je retombe sur mes pattes, élastique, modulable, plastique.

Avant j’y croyais pas, je croyais que pour relier un point à un autre, c’était la ligne la plus courte, la meilleure manière de marcher c’était encore de crever, la gueule ouverte, c’est pas grave, pousse encore un peu, t’es presque arrivée, bouge et ferme là, si t’as peur ou si tu supportes plus, si c’est trop dur et si tu crois que tu respires plus, plante tes ongles dans ta chair, arrête de t’écouter, compte jusqu’à 10 et recommence à avancer. Il a fallu que je tombe, plusieurs fois, dans la violence et dans la merde, dans le désespoir et dans la perte, il a fallu que je me crache à la gueule et que je me taillade l’idéal en fines lamelles, que je le vende sous barquette à des crevards avides, pour que je réalise, pour que j’imprime, pour que je décide, qu’il n’y aurait jamais rien de plus important que moi, que mes rêves, que ma survie et que ma voix.

J’ai pas fini d’apprendre, j’ai pas fini d’en chier, seulement je sais qu’à la fin ca sera bien, que j’aurai juste quelques côtes fêlées, quelques os brisés, peut-être même que j’en serai fière, des traces et des cicatrices, des douleurs qui se réveillent et des histoires qui vont avec, j’ai pas peur de l’avance rapide, je sais où je vais arriver, j’ai beau me tromper, me faire duper, être mon propre juge et vouloir me condamner, j’ai beau tout faire pour tout niquer, ce qui m’attend devant c’est seulement du bien, du bon, le plus dur est toujours derrière, ce qui me plait m’attend loin devant.