Le Duplo

Après notre première, et dernière roulade dans le stupre et la luxure, il me dit  :

“Tu vois, moi je suis un Lego, toi tu es un Duplo, on peut pas bien s’emboîter”

Jolie métaphore de trous et de bitonios à rentrer dedans.

Bien sur j’aurai du fuir.

Un mec qui fait porter la responsabilité de son échec sexuel à un jeu de construction pour enfant de moins de 12 ans, c’est presque pathologique. Mais sur le coup, j’ai rien pu dire. J’étais tellement affreusement déçue qu’un mec si brillant, si marrant, si joli, soit si incapable de me faire jouir, et un peu tristounette aussi de la taille de sa bite, il faut le dire, que j’ai pris cette affirmation comme une insulte. Moi je suis un Duplo ? Moi je suis un Duplo ?

D’abord mec, pour faire jouir une nana, il faut lui donner envie. La renverser mollement sur son pieu en faisant une blague grasse du genre “attention ma chérie tu vas voir le 7e ciel”, même en imitant Lino Ventura, c’est un mauvais départ. J’ai passé les 13 minutes de notre coït endiablé à me demander ce que je foutais là, et surtout comment je pouvais me laisser faire par un manchot de la teub.

Je ne vais pas parler des préliminaires, et pour cause, il n’y en a pas eu. Enfin je pense pas que se déshabiller (juste le bas pour toi, c’est plus class) compte comme des préliminaires. J’ai essayé de t’intéresser à des trucs simples, mes seins par exemple, mais tu étais concentré, avec un petit air de Jack Nicholson dans Shining. Aucune interruption possible.

Après avoir essayé de m’enlever mon soutif pendant 12 secondes, tu m’as donné l’ordre de l’enlever toute seule, pendant que tu t’occupais, tout seul, de ton pantalon et de ton caleçon. Tu as gardé ton t-shirt moche, et je me suis dit que tu devais être complexé du poil ou du muscle, ou du gras, et j’ai presque trouvé ca mignon.

Je me suis approchée de toi pour, ahem, comment dire, m’assurer que tu étais techniquement apte à l’acte sexuel et éventuellement t’apporter une aide, voire même te faire profiter de mes techniques de folie, et là, tu m’as demandé si j’avais des capotes.

Évidement j’ai des capotes. Mais était il vraiment nécessaire d’en mettre une alors que je n’avais encore qu’entraperçu ton membre glorieux et dardé ? Fallait il déjà, alors que nos muqueuses étaient encore à 1m l’une de l’autre ériger cette barrière de latex ?

Oui, parce que nos muqueuses allaient se rencontrer plus vite que prévu.

Je retire une capote de dessous mon matelas (toujours prête !), je la balance avec nonchalance sur le pieu,pensant te rassurer sur la présence des dits préservatifs, et donc pouvoir détendre l’atmosphère, mais non,  tu te jettes dessus comme un chacal, tu la mets toute seule et en 2 sec chrono (petite bite), tu te projettes vigoureusement entre mes cuisses, et tu cherches avec entrain l’entrée des artistes. Ah non. Tu cherchais bien ma chatte. Ah non, le cul. Ah non. Ah oui. Ah non. Ca glisse ? Oui, c’est normal. Allo t’es puceau ?

L’acharnement que tu as ensuite mis à bouger au dessus de moi, épileptique mouvement de tes hanches, m’a fait penser que nous étions bien en train de baiser. J’ai donc essayé de me concentrer sur mon vagin, mais malgré mes efforts, impossible de localiser ta queue. J’exagère un peu, je l’ai sentie buter, encore et encore, dans mon aine, sur mon pubis, contre ma cuisse, à tel point que j’ai voulu t’aider, mais trop tard, ma cuisse lubrique avait eu raison de ta virilité. En gros, tu avais joui comme un gros porc, beuglant comme un veau, alors que j’avais à peine eu le temps de réaliser qu’il y avait eu pénétration. J’ai même pas eu le temps de penser à simuler tellement la situation était grotesque.

Pourtant ca avait bien commencé entre nous, c’était l’été, dans une soirée chiante, j’étais bourrée, tu étais marrant et pas trop laid, un peu artiste, un peu bizarre, comme j’aime, on avait bu des 8.6 au bord de la Seine avant de venir se finir chez moi, tu m’avais embrassé dans les escaliers, et ton air vicieux me laissait penser que ca allait être bien dégueulasse et bien fun.

Comme tout les mecs, tu as mal supporté mes remarques sur notre moment de bonheur charnel. Tu m’as piqué ma dernière clope, tu t’es levé, toujours avec ton t-shirt moche et ta bite encore dans la capote pendouillant mollement entre tes jambes toutes maigres, et tu m’as expliqué ta théorie de l’emboitement.

Le seul truc mec, c’est que je suis un putain de Mecano. Demande à ton frère. Ahah.

(Sunday, December 27, 2009)