Sexualité pour les nuls, ultime mode d’emploi

Y’en a un peu ras le cul, de toutes ces émissions, de tous ces articles, de ces livres et de ces émissions, le sexe pour les nuls, la sodomie pour les demeurés, le cunnilingus pour les abrutis, ca m’agresse, ca me donne envie de faire un gang-bang avec 34 mecs cagoulés sur le parking d’un hypermarché plutôt que d’appliquer à la lettre les conseils et statistiques des chercheurs en sexologie, ces mecs en cravates qui comptent les rapports et chronométrent les instants, 24 minutes de préliminaires, c’est bien, en progrès, demain vous passez à la pénétration, nous ferons un brief de campagne avant l’éjaculation, continuez vos efforts, vous allez y arriver, vous ferez bientôt partie de la bonne moyenne molle des autres français.

Si on commencait par se dire que la sexualité est diverse, qu’elle change, en fonction des saisons, des envies, des hommes et des femmes que nous rencontrons, de nos histoires et de nos fantasmes, du temps et puis des circonstances, qu’on ne jouit jamais deux fois de la même façon, que nos muscles se contractent différement selon notre forme et nos désirs, que notre respiration ne change jamais de tempo pendant les mêmes caresses, que la répétition d’un exercice n’en fait pas forcémment une réussite, qu’on baise ou qu’on se fait baiser, qu’on fait l’amour et qu’on en donne, qu’on en fait tourner, qu’on peut aimer avoir mal, se caresser et même ne pas jouir, qu’on peut se laisser aller avec un inconnu plus facilement qu’avec son mari, qu’on peut aimer s’interdire de prendre du plaisir ou d’en donner, que la sexualité ne se résume pas à sucer et à branler, aux 108 positions validées par la maréchaussé.

Si on laissait les femmes se découvrir, se caresser, apprendre à se toucher, à se regarder dans un miroir et à s’aimer, si les hommes se laissaient caresser, si ils n’avaient plus honte de se masturber, de désirer, si on expliquait aux enfants que la sexualité est naturelle et plutôt magnifique, si la prévention se liait aussi à des messages de plaisir, si on expliquait qu’on est aussi performants à 8 ou à 28 centimétres, que les corps ne sont pas seulement des outils, mais aussi des messagers, qu’ils racontent des histoires qu’il faut prendre le temps de décrypter, qu’on peut pleurer en jouissant, et qu’on peut rire en se faisant violer, que s’abandonner c’est gagner, que l’hyper contrôle dans lequel on voudrait nous enfermer ne peut pas s’immiscer dans notre intimité, si seulement on laissait les gens baiser comme ils le veulent, à quatre pattes ou à genou, soumis ou révoltés, avec ou sans chaussettes, en porte jarretelles ou en tong à paillettes.

Le mode d’emploi ultime pour la sexualité selon Daria Marx : essayez.