La valeur, les années, mon cul

Quand t’es ado et que tu es persuadé d’avoir raison, parce qu’à l’adolescence tu t’interroges en permanence sur des milliers de choses et tu trouves des réponses instantanées dans les premiers bouquins que tu ouvres, voire mêmes les premières phrases, genre  »ouais je suis trop Nietzschéenne comme meuf » alors que tu t’es contenté de lire les citations sur Evene, bref quand tu es jeune, et relativement dépourvu d’expérience de vie, tu n’as pas peur de dire à tes parents, à tes profs, ou à n’importe qui que « OK j’ai QUE 15 ans mais je suis super mature OKAY ». On est plein à s’accrocher au même raisonnement tout au long de notre vie, considérant qu’on a acquis à la force de notre existence des points supplémentaires de connaissance qui nous permettent de juger en toute objectivité et en toute omnipotence les questionnements et les dilemmes des autres, genre « à ta place, et laisse moi te dire que j’ai déjà vécu EXACTEMENT la même chose … ». Y’a juste un moment, pour moi ca se passe autour de 28 ans, mais chacun son chemin, je m’en voudrais de vous imposer la même échelle de transition, où on finit par se rend compte que la valeur du conseil est bien en adéquation avec le nombre des années, et qu’y a pas à chier, les gens qui ont quelques années de plus que nous sont généralement détenteurs d’un truc incroyablement important dans la vie : le recul.

En ce moment, je supporte pas les jeunes. Tu sais, cette catégorie de gens de moins de 25 ans qui sont généralement encore étudiants et qui pensent détenir le savoir suprême sur leur avenir, le monde de l’entreprise, la façon de se torcher le cul et de réussir dans la vie. Alors bien sur, on pourrait me dire que c’est un symptôme de mon aigreur légendaire, de mon intransigeance. Je jure sur la tête de ma factrice que c’est tout le contraire, j’ai au contraire beaucoup de sympathie pour ce qui les attend, pour les claques successives qu’ils vont certainement devoir affronter, mais les écouter divaguer sur leur futur et sur leurs patrons de stages me met dans une situation difficile. Si je l’ouvre, je me transforme en gorgone vomissante, leur intimant l’ordre de se taire et de revenir me parler quand ils auront vraiment été dans une situation d’entreprise, avec un vrai contrat, un vrai loyer à payer. J’ai aussi un peu l’impression d’être une vieille conne, ce qui n’a rien de flatteur. Si je me la ferme, je ne dis rien, et socialement, ce n’est pas bien vu. Donc j’évite ces conversations, et j’évite surtout au maximum de me mettre en position de demander conseil à ces gens là (oui, ces gens là, qui n’ont jamais vu de chats, ou alors y’a longtemps), parce que je sais par avance qu’avec la meilleure volonté du monde, ils sont à des milliers de bornes de pouvoir se mettre dans mes pompes, et que leurs conseils vont me donner envie de leur administrer des frappucinnos glacés en lavements intimes.

Le mieux serait donc de demander conseil, et de ne converser qu’avec des gens parfaitement semblable à moi. Ahah. Oui, bon, c’est là que ma théorie s’effondre, c’est évidemment très mauvais, et je ne veux même pas envisager la possibilité de ne me faire que des amis « mûrs et matures », un genre de casting amical de Milf’s et de Filf’s, on tombe carrément dans le glauque. Alors je vais continuer à en dire le moins possible, à péter un cable de temps en temps, et surtout, à accepter que je suis aussi l’étudiante de quelqu’un d’autre, dans la chaîne merveilleuse de l’humanité qui m’entoure (gasp). Je n’ai jamais vraiment été douée pour m’adapter aux groupes et aux gens, et à cela, l’âge ne semble rien changer.

14 réflexions sur « La valeur, les années, mon cul »

  1. Je ne sais pas si le remplacement de « tué » par « vu » dans les paroles de Brel était volontaire, mais s’il ne l’était pas, maintenant tu le sais.

    C’est vrai, cette histoire de points. C’est aussi vrai qu’en général les gens qui te disent qu’ils savent et comprennent ce que tu VIS parce que « j’étais/je connais quelqu’un qui était comme ça avant » sont souvent ceux qui en savent le moins. Et c’est très agaçant, même pour une jeunette comme moi. (oui, je dis ça pour signifier que j’ai eu de l’expérience que d’autres ne peuvent comprendre, expliquant ma propre recherche de M/FILFs, mais aussi pour préparer ce qui vient)

    Parce que je dois dire que je suis quand même navrée de voir autant de … hm, généralisation haineuse. Je fais surtout référence au début du texte. Alors là, non, je ne vais pas dire « maiiiis ils ne sont pas tous comme ça ». C’est un peu compliqué de ne pas me transformer en « la rageuse qui n’a pas compris ». Disons que je suis toujours dépitée de voir quelqu’un dont je respecte le bon sens se mettre à fonctionner sur des préjugés, appelons ça comme on veut, qui d’ailleurs souvent -et ça n’est pas le cas ici, parce que le coup des citations, heuuuu je vais me rhabiller- sont ailleurs des réalités, pour appuyer son argumentaire.

    Enfin tout ça sert justement le propos sur la spontanéité et le recul. J’aime bien te lire, c’est agréable.

  2. Lucie, il s’agit de mon humeur du moment, certainement pas d’un pamphlet contre les ados ou autres 🙂 Il faut le prendre avec légèreté, vraiment.

  3. Je n’aime pas les jeunes non plus leur suffisance et leur arrogance m’indisposent voire m’éxaspèrent SAUF…sauf que je crois qu’ils sont là pour casser nos schémas de vie figés et nous forcer à remettre à plat ce que nous croyons établis et certains. Que ce soit en entreprise et plus encore en politique l’alignement pour lequel nous (je parle de la génération quinqua dont je fais partie) avons opté sur les « diktats » de nos ainés ont plus que prouvé notre erreur, cf la situation de la planète et de notre société démocratique!!! Que n’avons nous poursuivi nos idéaux soixantehuitard, leur travail de réparation de nos dérives serait moins important. J’espère qu’ils refuseront d’entrer dans le moule, qu’il briseront les cadres et m’horripileront longtemps encore .

  4. Merci beaucoup pour cet article dans lequel je me reconnais beaucoup et tout particulièrement dans ce passage : »Si je l’ouvre, je me transforme en gorgone vomissante, leur intimant l’ordre de se taire […] J’ai aussi un peu l’impression d’être une vieille conne, ce qui n’a rien de flatteur. »
    Je suis également tout à fait d’accord avec ta conclusion: nous sommes toutes l’étudiantes de quelqu’un (à ton service à ce propos, plus étudiante mais pas encore 25 printemps ^^).

    Cet état d’esprit que j’ai en ce moment, cette aigreur me met super mal à l’aise, je n’avais encore jamais réussi à si bien le décrire 🙂

  5. WoW.
    Je fais partie des merdeuses étudiante et en + féministe de 20 ans, qui ooooose avoir le culot d’ouvrir ma gueule. Je refuse de tomber dans l’anti-jeune (pourtant, étrangement, je sens quand même un décalage étrange entre certains de 16 ans et ma toute nouvelle 20taine).
    Si on part du postulat que pour pouvoir être entendu dans la société, il faut en effet « passer son bac », « avoir payer loyer, permis et avoir trouvé un taff », on est mal barré. C’est quand même la redondance actuel (ou pas, en faite ca a toujours été) de vouloir ne surtout pas se mêler aux p’tits jeunes, de leurs faire comprendre que même lorsqu’ils ont passé les épreuves du feu, c’est toujours des petits cons qui n’ont que 10-5-8-20 ans de moins que toi (par toi, j’entends l’interlocuteur en face). Sans compter la décridibilisation auquel on fait face sans cesse. Alors oui, j’ai certainement l’arrogance de ma jeunesse, j’en use et reabuse, j’en profite, je suis fougueuse, pleine de vie, mais merde à la fin, devoir s’entendre dire sans cesses que tout ces idéaux, ses expériences de vies, ses sentiments, ses colères, ses révoltes ne sont que forcément du à « la jeunesse », le « manque d’expérience » « tu verras dans 10 ans », c’est juste méga lourd. Je me demande si ces gens qui nous, me sortent sans cesse ces propos se souviennent des ados / jeunes / étudiants qu’ils ont été et peuvent éprouver ne serait-ce qu’une ONCE d’empathie même trente seconde, voir de sympathie pour nos « idées/révoltes /colère » à la con.
    Je n’ai pas franchement envie de comprendre ou d’être un minimum tolérante (un truc du genre) envers les « vieux » comme je les appelais à 15 ans, soit toute personnes ayant 7-8 ans de + que moi qui me targue de son arrogance d’expériences, dont, BORDEL, je ne peux pas franchement être responsable si elle se fait sur le nombre d’années (à moins de trouver un accélérateur de temps). Maintenant comme très souvent ici, j’aime les articles comme la jeune fille du train, d’autres + posées, mais dans ceux ci, j’ai du mal à détecter l’humour vu le ton incisif. Du moins, j’ai du mal à détecter l’empathie.
    Sinon j’ai vu un chat ya pas longtemps, je peux parler ? 😀

  6. Par définition, on ne profite jamais de l’expérience des autres. Et puis, si à 20 piges on était capable d’apprécier les conseils des vieux cons, ça serait faire preuve d’une sagesse qui prouverait qu’on n’a pas besoin des dits conseils… see my point ?

    Le problème en fait, c’est que plus on vieillit, plus grandit également l’âge des gens à qui on a envie « d’administrer des frappucinnos glacés en lavements intimes » (j’adore). Perso, si tu as moins de 30 ans, ton opinion ne provoquera chez moi que ricanements (et ce, avant même que tu ne l’exprimes, parce que je suis du genre vieux con sectaro…)

    En fait, c’est peut être ça le sens de la vie… Quand tu es en âge de mépriser l’ensemble de l’humanité, c’est qu’il est sûrement temps de mourir…

  7. Personnellement, je trouve que le point de vu de Lucie, il craint à max. (Vas-y Daria! C’est toi la plus forte!)

    Franck,
    Un homme Barbara Gould.

    PS: Moi je dis ça, c’est pas pour faire la leçon. C’est juste une critique constructive…

  8. Bienvenue au club.
    Je ne pense pas que cela va te réjouir d’avoir un gros point commun avec moi mais bon…

    Néanmoins, peux t-on en vouloir à tous ces djeuens qui pensent tout savoir et pouvoir changer le monde?
    Dans la vie je pense qu’il y a deux périodes distinctes. Primo, nous sommes des assistés permanents, vivant aux crochets de nos parents. Nous n’avons pas à nous soucier de grand chose, en gros les études et les loisirs (chacun évalue la quote part nécessaires à ces deux activités) .
    Deuxio, l’oiseau s’envole du nid et c’est désormais à lui de construire le sien. Et là on change complétement d’ambiance. Nous devenons responsables à 100 % de tout ce qui nous arrive, et puis ensuite il faut assurer la vie de notre progéniture.
    Et on se rend vite compte qu’entre la théorie et la pratique il y a un monde d’écart.

    @Sam Lowry : j’aime beaucoup ta conclusion.

  9. Je me donnerais des baffes quand je m’entends dire des trucs que me disaient ma mère du type  » Ca on en reparlera quand tu travailleras/auras des enfants/gérera un budget » parce qu’ à l’époque ca me rendait dingue.

    J’essaye de me souvenir de mon état d’esprit quand j’avais 15 ans/20 ans….je me dis que ca m’aidera a comprendre les ados et a pas sortir le mêmes genre de poncifs… c’est pas si loin mes 15 ans et pourtant mais j’y arrive déjà plus!

    J’ai juste envie de leur dire qu’ils sont ridicules avec leur grosses mèches… Pour la compassion, moi aussi je repasserai!

  10. bah! pas grave de prendre les ados pour des cons …ils nous le rendent bien …enfin ceux qui perçoivent notre existence….

    Leur révolte sont réelles et souvent justes mais inutiles et sans effet.
    Si demain papa et maman quittent leurs boulots pour défendre leurs idéaux, qui paiera les fringues de marque, le gel pour les cheveux la Wii, la DS le scooter et l’essence qui va dedans, les clopes les bières, la bouffe etc?…
    Le jeune il préfère avoir un parent bien réac qu’il pourra toujours taxer en le traitant de vieux con….

  11. Je suis arrivee a un age (attention, phrase de vieille conne pretentieuse) ou les ados ne m’enervent plus. D’abord parce-que j’en eleve un, et ensuite parce que je sais qu’un est toujours le sage de quelqu’un et le jeune fou de quelqu’un d’autre. Quand les jeunes m’expliquent que je ne comprends rien et qu’ils savent tout, je souris interieurement en me disant qu’ils vont se rammaser, mais quelque part je les envie, parce qu’ils viennent juste de commencer le chemin et que la vie va leur apprendre, et que c’est somme toute un cheminement merveilleux, une occasion d’apprendre, de changer, de se renforcer, d’evoluer. Et ca ne s’arrete jamais. Pendant ce temps, mes parents me regardent avec une condescendance aimante, et pensent que je suis encore bien loin de savoir quoique ce soit. Ca aussi ca me fait sourire….

  12. Je me vois encore à 15 ans me rebeller contre ma mère et l’entendre me dire « tu verras quand tu seras plus âgée, tu comprendras que j’avais raison ». Mais mon dieu, c’est tellement vrai et c’est tellement dur d’arriver à le faire comprendre aux plus jeunes, mais il faut simplement se dire qu’ils passeront tous par là et se diront exactemetn la même chose en prenant de l’âge. Great article anyway.

  13. KOUKOU, vou zêt ke des vieu kon pis ces tou.
    OUAI j’ai 21 an et jvou emmerd.
    Bizou <3

  14. bachibouzouk merci pour cette belle leçon de vie. J’ai la cinquantaine, deux enfants déjà grands, qui me rappellent que la vie a d’autres valeurs et d’autres élans que ceux auxquels nous nous résignons parce ce que nous avons renoncé à nos idéaux ! Merci à eux de me maintenir éveillée…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *