50 ways to leave your lover

Je comprends pas les gens qui s’entêtent dans des histoires qui puent la merde. Qui s’entichent de merdeux, de pétasses, ou de gens charmants, mais juste pas les bons, juste pas cette fois, reprends un ticket et fais la queue, la prochaine fois peut-être, ciao pantin, c’était sympa de me retourner les ongles la nuit en pensant à ton dernier texto, mais cette fois je passe mon tour, j’ai d’autres choses à vivre, d’autres merdeux à tester. Je te vois te faire marcher sur les pieds, tes chaussures de clown n’ont plus de semelles, la meuf te marche sur les chevilles maintenant, elle te fait tourner autour de toi et chercher ta queue, comme un bon chien bien élevé qui devient dingue d’être délaissé, et toi tu restes là, en bon abruti de base, les genoux qui s’entrechoquent et la mâchoire en dedans.

Ca marche aussi pour les filles, complètement émasculées de toute volonté propre, prêtes à tout négocier, à tout envisager, à tout justifier, à mettre des mots sur les absences, sur les silences, sur les oublis, elles transforment la réalité, et tout devient un putain de film en 3D, bien sur qu’il pense à moi, seulement il n’a pas le temps, bien sur qu’il m’aime, seulement il est trop écorché pour le reconnaître, bien sur qu’il tient à moi, seulement il a besoin de baiser tout ce qui bouge, c’est un sanguin, il a du mal à se contrôler. Un peu comme toutes celles qui vouent leur existence à transformer Hank Moody en soccer dad, celles qui voudraient sauver les autres, tout le temps, qui t’envoient des paillettes à la gueule quand tu chiales, comme si tout se réparait à la peinture et au mastic, avec une jolie paire de chaussures et une nouvelle couleur de vernis, celles qui refusent les dimensions multiples et les différences profondes d’idées et de manières de penser, celles qui pensent être saintes et apporter un peu de grâce à notre monde intérieur si défraîchi, ceux et celles que j’emmerde, du plus profond de ma couenne.

Peut-être que j’en attends trop, peut-être que ma propre relation au père, peut-être que mon histoire, peut-être que mes convictions, peut-être que si ma tante en avait, mais quelque soit le genre du partenaire, et d’ailleurs quelque soit le genre de partenariat, du cul, de l’amour, de l’amitié, et toutes les nuances de gris en dedans, je reste persuadée qu’il y a une formule qui fonctionne pas mal : quand c’est cool, c’est cool. Voilà le secret. Je vous le livre. Ne le répétez à personne. Il est incroyablement puissant et terriblement convoité par tous. Depuis des millénaires, les hommes, les femmes, les amibes et les robots cherchent à percer le fonctionnement social du kiff. On a voulu tous se la donner à la Stendhal, on a soupiré longtemps en épépinant des renoncules dans des jardins à la française, on a chanté des sérénades grotesques aux pieds de balcons endormis, on a chialé dans le métro parce que Roberto annulait pour ce soir pour la troisième fois cette semaine, on a perdu des centaines de kilos, on a filé des tunes au Gym Tonic du quartier pour des cours d’aerobic auquel on a jamais assisté, on a pris l’avion, on a pris le train, on a changé, on s’est frappé la tête contre les murs de ton indifférence (toi même tu sais), on s’est persuadé que le bonheur n’existait pas,  qu’il durait trois ans, qu’il sentait la merde, que la vie était souffrance et que les relations amoureuses devaient laisser des cicatrices si elles comptaient vraiment, qu’il y avait une fierté stupide à avoir survécu, à en avoir chié, tout ca pour rien, tout ca pour nos jolies gueules d’égoïstes en fait, tout ca pour avoir quelque chose à raconter. Et puis la peur aussi, celle de lâcher prise, de laisser partir ce qu’on tient, même si ca pourrit peu à peu dans le creux de ta main, tu serres le poing plus fort, parce que sans ça, y’a plus rien, juste ta paume vide et tout à refaire, tout ce que tu as donné, tout ce que tu t’es inventé, tout ce qui s’est passé, tout ça pour rien. Et alors, putain.

15 réflexions sur « 50 ways to leave your lover »

  1. Ouhlala !
    Que tout ça me parle. De moi, de lui, de notre relation qui n’en est pas une.
    Tu as sûrement raison. Il y une vie ailleurs que dans ces silences, ces absences, ces rêves fous.
    Décrocher oui, c’est vrai, il le faut.
    Mais comment ?
    Une solution ?
    Ah, s’il suffisait de dire « allez ma grande, tourne la page maintenant ». Mais ce n’est pas si facile, hein ?

  2. La pourriture qui tu tient dans ta main peut donner du beau aussi.
    Et parfois, la seul raison de rester dans une relation aussi pourrie que celle là n’est pas nécessairement la sienne.

    J’en vis une depuis 8 ans, et j’ai fait le choix de continuer à la vivre jusqu’à ce que ma fille ait moins besoin de ses deux parents.
    A ce moment là, alors, je pourrais boucler cette histoire sans regrets.

    Et pour vivre heureux, nul besoin d’une vie de couple florissante. Il suffit juste de s’en foutre suffisament de ce que tu n’aime pas, et de vivre plus intensément ce que tu aimes.

    j’ai des amis sincères, une fille que j’adore, un boulot qui me passionne et une moto pour aller me vider la tête sur une route de montagne quand j’en ai marre.
    J’ai vécu de pires moments dans ma vie.

  3. Tu crois pas que c’est beau d’essayer, malgré tout, puis parfois de se rendre compte, à deux, que ce n’était pas ça, mais qu’on oubliera pas ? Puis avancer et réessayer.

  4. C’est vrai tout ça. Le problème, c’est que quand même il te fait des coups bizarres, ben tu y crois. Tu ne vois pas autour de toi. Jusqu’au coup ultime qui te fera enfin réaliser. Jusque là, tout va bien.

  5. Je ne suis pas d’accord (- ouais et alors ? – ben rien, mais quand même…)

    Ton « secret » est un peu simpliste et tu pars de situations hyper caricaturales pour arriver à une conclusion facile. Mais je pense qu’il y a des tas de situation de couple, où même si ce n’est pas cool, ça mérite qu’on s’accroche. La vérité c’est que les relations humaines sont faites de haut et de bas et dans un couple tout particulièrement, il y a des périodes difficiles. Moi je pense que ce n’est pas parce que les choses deviennent compliquées qu’on doit forcément prendre ses cliques et ses claques (et je ne parle même pas des couples où il y a plus que les deux protagonistes concernés, qui sont impliqués par une telle décision…)

    Pour moi, une relation amoureuse c’est comme tout le reste. Il faut se battre pour que ça marche. Bien sûr, tout le monde préférerait que ça soit simple, facile, naturel, évident… mais les concessions qu’on fait, les mauvais moments qu’on surmonte, le pardon qu’on accorde à l’autre, c’est aussi ça qui donne du sens et du corps aux sentiments.

    Bien évidemment, je ne dis pas qu’il faut tout accepter en fermant sa gueule et en attendant des jours meilleurs. Il y a également des tas de situation de couple où clairement, ça ne vaut pas la peine d’insister. Il faut savoir garder une réelle lucidité pour juger de la réciprocité des actes et des sentiments (et c’est justement là toute la difficulté).

    Dans le fonds, oui, la peur de la solitude qui pousse à accepter des choses « qui ne sont pas cools » c’est glauque et sûrement misérable même. Mais est-ce qu’on est réellement plus dans le vrai quand on est tout seul, parce qu’on a systématiquement tourné le dos aux autres lorsque les choses sont devenues compliquées et que la situation nous demandait un peu plus que de « rester cool » ?

  6. Je découvre votre écriture depuis quelques jours, et j’en accuse la puissance. Ces lignes, mais d’autres, m’interpellent évidemment, et surtout j’en apprécie la justesse, même si elle semble souvent empreinte de douleur.

    Merci et bravo

  7. Sam, je ne parle pas du couple une fois qu’il est installé. Je suis convaincue de la nature fluctuante des échanges en milieu terrestre 🙂 Je parle ici des débuts des relations, des prémices. De ce qui fait qu’on donne une chance au couple justement. Et quand on part sur de la merde, qu’on se bat dans la merde, généralement, on finit le nez dedans.

  8. ah ouais…

    (putain, c’est handicapant quand même cette tendance à toujours prendre pour moi tout ce que je lis…. sourire…)

  9. Ca me rapelle un article de Zone Zéro Gène sur ces couples qui s’accrochent parce qu’il faut tu vois, tenir la barre, la route, donner l’image social qu’on a réussit, se prouver à soit, qu’on a tout vaincu et réussit. Et dieu que c’est chiant d’en sortir.

  10. @Marquise Olympia : je pense qu’il ne s’agit pas de la même chose. Un couple, sur le long terme, ça peut être une alternance de périodes fastes et de périodes merdiques, et ça n’a rien à voir avec l’acharnement à faire « fonctionner » un tandem qui fondamentalement ne fonctionne pas.

    Et le kiff dont parle Daria, ce fameux kiff initial, qui rend tout possible et donne à une vie à deux ce goût suave des histoires qui rendent heureux, ben c’est ce qui restera en dépit des sales moments, et qui donnera envie de se battre pour que ça aille mieux, et d’être heureux encore parce qu’on sait que même si là c’est pas top top, il y a tout de même ce truc magique qui a fondé tout le bonheur qu’on est capable de donner, et de recevoir de l’autre.

    Et ce truc magique, pour moi, c’est exactement ce dont parle Daria 🙂 (Et je suis en couple depuis plus de 16 ans, c’est dire à quelque point les aspects concrets du quotidien amoureux me causent grave. Avec tout ce qu’ils comportent de sublime et de merdique parfois).

  11. Jolie clairvoyance… Renoncer aux oeillères du sentiment amoureux, prolonger ce qui n’existe déjà plus, entretenir cette douce illusion baignée de manque et d’absence… c’est courageux… Chapeau bas mademoiselle… (sourire)

    (PS : et oui, je commente après la bataille… c’est revival… sourire…)

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