Y’a un bébé dans ton ventre ?

C’est charmant les enfants. Mais c’est compliqué aussi. Surtout quand ils posent leur regard sur moi, et que s’en suivent les questions d’usage. Tu attends un bébé ? T’es grosse hein. Et puis leurs yeux qui n’ont pas pris l’habitude de se baisser, et qui te regardent droit dans le gras. Pourquoi t’es grosse toi ? C’est vrai ca. Pourquoi je suis grosse ? Et surtout comment expliquer sans s’enfoncer dans quelque chose de trop compliqué, ou pire, comment éviter de faire trop simple et donc de stigmatiser la petite grosse de leur classe ? Je dis que je suis grosse parce que j’ai trop mangé. Parce que je n’ai pas appris ce qui était bon, quand j’étais petite. Je dis que je suis grosse, comme ils sont bruns ou blonds, petits ou costauds. Je dis que ce n’est pas pareil quand on attend un bébé. Que le bébé a besoin de place pour se lover à l’intérieur. Qu’il a besoin de manger à l’intérieur de sa poche, comme un kangourou. Je dis que je n’attends pas de bébé, mais que peut-être, bientôt, qui sait ? Et comme les enfants sont aussi mignons qu’ils sont cruels, ca ne s’arrête pas là. A la plage, je suis celle qui flotte le mieux. Parce que je suis grosse. Je deviens le bateau gonflable de la bande, on part à l’abordage de mes bourrelets pour mieux s’accrocher, se faire tirer ou plonger. Et je me laisse faire, et j’aime ca, et j’en rajoute, parce que je ne veux pas qu’ils puissent penser que je suis grosse et triste. Je suis le gros clown des enfants de mon entourage, parce que je n’ai pas trouvé de moyen plus simple de véhiculer un message positif et clair. Parce qu’on explique pas la boulimie et son histoire génétique  à sa petite nièce de 3 ans et demi.

Je voudrais pouvoir dire que cela suffit. Que mes pitreries de dodue leur permettent de comprendre que les gros sont des gens comme les autres. Juste gros. Pas stupides ou moches. Ce n’est pas le cas. Il y a les parents d’abord. Ils sont embarrassés. Ils ne savent pas quoi dire quand ils sentent les questions de leurs mômes arriver, et quand ils les surprennent en train de me reluquer la poitrine ou les hanches, leur premier réflexe est de faire taire, de créer une distraction, pour empêcher la question.Parce qu’ils sont mal à l’aise avec leur propre perception de mon « problème de poids ». Parce qu’un jour, ils ont dit « si tu manges trop, tu finiras aussi grosse que Tata ». Parce qu’ils savent que je vais l’ouvrir, que je ne laisserai pas passer. Alors ils étouffent la curiosité, et glissent un mot énervé dans l’oreille du petit, « on en parlera à la maison », « ne dis rien tu vas lui faire de la peine », et autres phrases toutes faites qui ne font qu’augmenter l’incompréhension du mouflet. Pourquoi on ne parlerait pas des gros aux enfants ? Ils n’en voient pas si souvent à la télévision ou dans leurs livres d’histoires. Ils comprennent très tôt qu’il faut être mince pour être beau. Les petites filles surtout, pas de surprise dans cette constatation. Elles ne veulent pas de glaces pour le goûter parce qu’elles vont grossir. Elles mangent des bonbons, mais pas trop, parce que ca pourrit les dents, mais surtout, ca rend gros. Les messages nutritionnels passent, tant mieux, mais en éludant toujours le gros dans la réfléxion. C’est qui, cet épouvantail obèse qui les effraie tant ? C’est moi. Ou alors c’est un autre enfant obèse. Qui est forcément gros parce qu’il mange trop et qu’il ne bouge pas assez. Et qui ne mérite donc pas leur intérêt ou de leur amitié. Parce que c’est souvent con, un enfant, malgré les jolies histoires qu’on se raconte en fiers parents. Ca cherche à ressembler, à imiter, à singer. Ca a du mal avec la différence, surtout si elle est mal expliquée.

Il n’y a pas que les enfants. Il  y a tout ces adultes bien attentionnés qui ont voulu me laisser leur place dans le bus ou dans le métro. Parce que je suis grosse. Et donc je dois être enceinte et faible. Quand j’ai la pêche, je refuse, et je réponds que je suis juste grosse. Ni malade, ni enceinte. Et je regarde leurs visages changer. Parfois ils s’excusent, rougissent et disparaissent. Parfois ils insistent. Comme si mon obésité me rangeait dans la case des handicapés. Je dois avoir besoin de m’asseoir, c’est fatiguant d’être comme je suis, de me porter. Ce qui est fatiguant c’est surtout de supporter la connerie et les manières des autres, mais ce n’est pas nouveau. Quand j’ai un coup de barre, j’accepte, et j’invente n’importe quoi. Des jumeaux consanguins, un cerclage barbare avec des litres de sang, tout y passe pour le passant. Il m’arrive même d’emprunter les caisses réservées aux femmes engrossées, petite revanche mesquine sur les cons qui poireautent en essayant de reluquer mon panier.

27 réflexions sur « Y’a un bébé dans ton ventre ? »

  1. Et là, j’ai honte d’avoir été un de ces enfants cruels… 🙁

  2. Je ne sais pas comment tu fais j’ai du mal a supporter le regard que me portent les gens qui te proposaient à l’instant de t’asseoir et qui te regardent avec degout quand ils comprennent que t’es juste grosse. Tu as rien demandé et tu t’en prend plein la gueule. ça me retourne a chaque fois.

  3. Je ne vais pas mentir : je suis raciste des gros ET des cons. Du vrai racisme. En plus je fais chier : je distingue les gros-volontaires des gros-involontaires. Comprendre, ceux qui se sont laissés devenir ainsi le sourire aux lèvres, fiers d’eux et de leur gras, et puis les autres, la faute à la génétique, à la dépression, aux troubles alimentaires, aux troubles hormonaux, à que-sais-je. Je suis moins dégoûtée par cette deuxième catégories, comme si ces gens là avaient des circonstances atténuantes.

    J’ai du mal à dire ce que je souhaitais dire, ce n’est pas facile sans tomber dans les clichés et/ou passer pour une salope.
    Je pense que je stigmatise les personnes grosses, car elles représentent trop de choses « négatives » : le laissé-aller, entre autre. Une personne grosse me renvoie immédiatement une image désagréable de l’être humain. C’est horrible, mais c’est la vérité.

    Hors, depuis quelque temps, je te lis. D’abord quelques articles, Sandy, Les gens qui n’existent pas (texte qui me parle beaucoup puisque qu’une de mes amies d’internet s’est suicidée peu de temps avant) … Et puis, au détour d’une phrase, je lis que tu es grosse. Et je me dis, merde, je lis une personne grosse, je la trouve douée avec les mots, elle est différente de ce que j’imagine des gros.
    Je te lis alors de + en +, des « vieux » articles. Je me dis que je devrais peut-être m’ouvrir. Arrêter d’avoir peur du gras sur les gens. Que derrière, il y a sûrement des personnalités qui valent le détour, tout comme derrière un « maigre », il peut y avoir un gros con.

    Excuse-moi pour le pavé, j’avais juste envie de te remercier de m’avoir permis de réfléchir à mon racisme (entre autre).

  4. C’est terrible de lire ça, car une fois de plus j’aurais pu l’écrire aussi. Tous les gros du monde supportent-ils les mêmes railleries, les mêmes souffrances, la même stigmatisation ? C’est vraiment insupportable.
    Ma petite nièce est métisse, et elle m’a fait des réflexions sur mon ventre ou mon double menton. J’ai été « méchante », je lui ai dit : « toi tu es noire, moi je suis grosse, chacun ses défauts ». Tu parles, elle a 6 ans, elle n’a pas compris, elle a regardé sa peau d’un air circonspect…
    Au rang des nouvelles leçons de morale de l’éduc nat, il faudrait inscrire : « j’aime l’autre pour ce qu’il est à l’intérieur de lui et pas pour ce qu’il semble être »…

  5. Quand j’étais enceinte, j’avais un ventre énorme. A la fin de ma grossesse, il y a même des gens dans la rue qui me faisaient des réflexions, genre « ben dis-donc, vous attendez des jumeaux? ». A la fin, je les envoyer balader, parce que c’était vraiment usant.
    Puis j’ai accouché, et forcément mon ventre n’est pas parti comme ça, d’un coup. Le nombre de gens qui m’ont demandé « c’est pour quand? »! Y compris des gens qui m’avaient vu lors de ma grossesse avec mon ventre énorme, et qui auraient pu constater que mon ventre avait diminué….
    Et quand je leur répondais, à ces gens, j’avais l’impression de dire: « et non, je ne suis plus enceinte, je n’ai même pas d’excuse pour être grosse! » . Parce que les gros sont coupables aux yeux de la société, coupables d’être gros. D’ailleurs, même après une grossesse, les femmes dignes de ce nom redeviennent sveltes, élancées, comme à la télé quoi…

  6. J’ai deja entendu une mere dire a son fils a propos de la femme assise en face d’eux dans le métro  » Mais dit à la dame qu’elle est grosse, elle le sait… ». J’ai eu tellement honte pour cette mère et pour la « grosse » dame et tellement mal pour le fils que je n’ai pas pu rester assise a cote d’eux. J’ai changé de wagon.

  7. Ça me rappelle les nombreuses engueulades quand j’étais gamine avec mes petits camarades qui me demandaient si j’allais avoir un petit frère ou une petite soeur. Nan, ma maman n’est pas enceinte, elle est juste grosse, petit con. S’en suivirent moults tirages de couettes et autres coups de tatane dans les tibias.

    Je crois que c’est à cette époque que j’ai commencé à savoir faire le tri dans mes amis : ceux qui se moquaient de ma mère étaient directement rangés dans les connards – les pauvres imbéciles qui ne comprennaient pas que ma maman à moi elle était toute douce et confortable pour les calins, et donc forcément supérieure à leurs mamans pleines d’os et de coins toutes pourries.

    Un peu hors sujet, mais c’est mon expérience enfance + gros.

  8. Je vais dire un truc super couillon, sans doute parce que -comme pour tout le reste- je suis le cul entre deux chaises (les « normaux » me considèrent comme « grosse », et les « gros » comme « normale », youpie), mais je comprends mal ta réaction par rapport aux oiseaux rares qui t’offrent leur place dans le bus ou le métro!

    En ce qui me concerne, d’abord, j’aurais embrassé la SEULE et unique personne qui m’offrit son siège durant mes pérégrinations de femme en cloque.

    Ensuite, s’il y a bien une chose que j’ai découverte avec les 20 kg pris durant la même grossesse et jamais reperdus, c’est que mon satané corps m’infligeait son dictat, et que oui, 20 kg de plus, ça rend tout plus difficile. Pas seulement le regard des autres ou le sien propre -c’est un autre débat, et perso j’ai résolu le problème en me barrant d’Europe- , mais le fait d’attendre de son corps un certain nombre de services: marcher longtemps et sans se soucier du relief, courir, s’asseoir comme je l’avais toujours fait et que je ne peux plus le faire, et tout un tas d’autre choses encore, dont, en effet, rester longtemps debout.

    Alors bon… Tout ça pour dire que oui, je laisse ma place dans le métro aux obèses, pas parce que je pense qu’elles sont enceintes mais parce que je pense/sais que rester debout une heure et demie, c’est plus pénible pour elles que pour la greluche dans son 36/42, puisque cela l’est déjà pour moi dans mon +/- 46.

    Je ne crois pas être stigmatisante…. Si ??

    NB: j’aime vraiment ton blog, même si je ne laisses casimment jamais de comm. Tu t’en talques mais bon. 🙂

  9. Premier commentaire sur ton blog que je suis depuis peu. Je réagis parce que « tu as un bébé dans ton ventre? » en tant que nounou, je l’entends tout le temps dans les premiers moments que je passe avec les enfants. Depuis 1 an, je m’occupe d’une petite fille qui a 8 ans et qui est grosse, introvertie, souvent moquée j’imagine puisqu’elle sourit peu. L’autre jour, après 1h au parc, de retour chez elle, la petite me dit : ‘Ma copine, elle a dit un truc pas gentil sur toi » « Ah bon elle a dit quoi? » « Bah elle a dit que t’avais des très gros seins, même énormes! » « Et bien oui c’est vrai, c’est pas méchant » « Oui mais c’est pas normal d’avoir des gros seins comme ça? » « Tu sais ma puce, les seins c’est comme les gens, y’en a des petits, des gros, des vrais, des faux… Moi ils sont gros » « Mais ma copine elle a aussi dit que bah… t’étais grosse » Je vois dans son regard à ce moment là de la gêne, elle ose me le dire et se demande vraiment comment je vais réagir. Vais-je pleurer ou m’énerver, nier que non je suis pas grosse enfin mais t’es méchante, mais surtout je repense aux moqueries que j’ai vécues, et j’imagine qu’elle aussi elle doit s’en prendre plein la face alors j’ai répondu « Oui c’est vrai que je suis grosse, c’est comme ça, mais tu sais, ça ne veut pas dire que je suis moche » Là, elle m’a fait un grand sourire et m’a dit « Ah oui hein! Ça si elle avait dit que t’étais moche, je l’aurai tapée! » Et puis on s’est fait un câlin. J’espère qu’elle se souviendra en grandissant, que gros n’est pas forcément moche, et qu’être belle c’est un choix, une vraie décision à prendre, se mettre en valeur et être coquette c’est aussi se sentir mieux, et c’est surtout une façon de dire merde à ceux qui pensent que la beauté se limite à une catégorie d’humain.

    (Pardon pour le pavé)

  10. Ah et une autre chose qui me vient, une façon dont j’ai été une petite saloperie avec ma propre mère sans faire exprès.
    Pendant les trajets en voiture, comme j’étais toujours très malade, ma mère s’asseyait derrière avec moi, et je me couchais sur la banquette, la tête sur ses genous. Et je lui disais : c’est super maman, tes jambes c’est comme des oreillers ! – en le pensant comme le plus grand compliment du monde puisque j’associais ça à toutes les idées de confort, d’amour et d’apaisement possibles, ces jambes-oreillers magiques qui transformaient l’agonie du mal des transports en moment de paix douce et chaude.

    Elle me l’a rappelé y’a quelques temps, en me signalant qu’elle le prenait pas forcément super bien -_-

  11. @Milie: pour moi aussi la lecture de Daria à changer mon point de vu de manière radical (et ça fait longtemps que je la lit 🙂

    @Nils: +1 pour la Maman plus confortable.

    @Daria: merci de m’avoir ouvert l’esprit, c’est une sensation agréable. Continue (et une petite nouvelle en 3 parties ne serait pas de refus ;))

  12. quand mon toubib commence à cause IMC et courbes de croissance pour mes mioches

    (ça arrive souvent) (mes gamins sont pas super dans les courbes) (mon bébé à 4 mois faisait 8 kilos) (j’allaite, donc non on peut pas comparer avec une courbe établie par nestlé, non)
    (par ailleurs à vouloir normaliser tout le monde on oublie que y’a aussi des périodes dans une vie, et donc on est gros à un moment, pis moins à un autre, pis plus, pis re, ça dépend de plein de trucs) (moi en cloque c’est 80 kilos, en temps normal c’est 50, par exemple) (et non pas de soucis pour perdre, j’allaite je te dis) (tu sais la nature c’est pas une chienne, hein, elle te fait enfler c’est pour faire de la réserve pour nourrir ton chiard, c’est pas plus compliqué que ça) (bref)
    (pour couronner le tout je suis étudiante en diététique, je n’ai pas des masses de leçons à recevoir niveau alimentation, en tout cas je les prends déjà, les leçons) (bref disais-je)
    (j’invite le lecteur de ce commentaire à consulter le site du GROS, justement)
    (et celui de l’OMS aussi si on veut de la courbe saine et de l’info de la vraie)

    donc quand ça part là dessus…

    je réponds que si y’avait pas de gros on saurait pas ce que c’est qu’un maigre ou un mince.

    jusque là cet argument a toujours mis un terme à la conversation.

    voilà. easy.

    😉

  13. Une amie psychologue sociale qui avait étudié les discriminations me disait que la pire, la plus perverse et insidieuse est celle qui pèse sur les gros, TRES loin devant les minorités, les femmes, les vieux…

    Très très loin. Parce que contrairement aux autres caractères énoncés, on impute la responsabilité directe de l’état physique à la conscience du gros. Et donc, c’est de sa faute.

    Ma mère est grosse, combien de fois lui a t’on posé la question ?
    Combien de fois m’a t’on demandé si j’étais de Tunisie/Maroc/Algérie parce que j’ai la peau mat ?
    La différence fait peur lorsqu’on l’instrumentalise symboliquement, merci le capitalisme des corps :).

    Vivement la révolte des peuples.

  14. C’est une discrimination d’autant plus violente qu’elle est sournoise. Ancienne boulimique, j’y ai été confrontée.; jusqu’au jour où j’ai décidé de ne plus faire un régime de ma vie et où les kilos sont partis tranquillement sur la pointe des pieds parce que j’avais arrêté le cycle débile régime draconien/crise de boulimie. En soi, que les gamines ne foncent pas sur les cochonneries de l’industrie alimentaire n’est pas une mauvaise nouvelle, le problème est qu’elles le fassent pour de mauvaises raison liées à la pression sociale et l’hypersexualisation des petites filles.

  15. merci pour ce message, je me sens moins seule et merci à cet ami exceptionnel qui me l’a fait parvenir, bon courage à tous
    je continue à me battre

  16. VH, je comprends ta démarche, mais malheureusement, je la trouve stigmatisante. Les gros ne sont pas malades. Ils n’ont pas plus besoin de s’asseoir. (sauf obésité massive, et là effectivement, on touche au handicap). Mais le gros moyen va bien.

  17. C’est rigolo que tu lises la souffrance et la douleur dans ce billet. Je ne souffre pas des questions des enfants, et j’envoie chier avec le discours adhoc les adultes qui m’ennuient. J’ai arrêté de souffrir de mon poids.

  18. Pour avoir jeté un coup d’oeil sur ton blog, ce n’est pas très étonnant. Aimer quelque chose chez l’autre qu’on déteste chez soi, au point de vouer sa vie à l’éliminer, c’est un challenge. Pourtant on se ressemble plus que tu ne le crois. Les mécanismes des TCA sont les mêmes. Dans un sens comme dans l’autre.

  19. Je crois que j’ai appris à me foutre *vraiment* du regard de l’autre et de son jugement sur mon apparence. Ca me rend plus forte quand il s’agit de monter au créneau. Je n’ai pas peur.

  20. On a tous été l’enfant cruel d’un autre je crois 🙂

  21. Moi, j’ai le rôle de la maman du môme « charmant ». 2 ans et demi, plein de curiosité pour ce qui l’entoure, il me montre du doigt tout ce qui l’entoure et qu’il ne sait pas encore nommer en me demandant : « c’est quoi, ça ? ». Je me doute bien que l’étape suivante sera le « pourquoi c’est comme ça, ça ? » et j’avoue que je suis bien incapable de savoir ce qu’il faudra répondre dans les situations gênantes. Parce que je sais qu’il n’y a pas de malice dans les questions innocentes d’un enfant si jeune, et j’espère que tous les gens qui, comme toi, doivent subir leurs questions, le savent ; mais je redoute que ce soit moi, dans mes explications, qui puisse blesser la personne « différente » qui se trouve ainsi observée. Mais n’apprêtons pas nos joies, je n’en suis encore qu’à « ça c’est un monsieur», « ça c’est une pelleteuse », « ça, c’est un fauteuil roulant »…

  22. @Daria: en effet, le gros moyen va bien 🙂 (tu remarqueras que j’ai parlé d’obèse, pas de « gros » – d’ailleurs, qu’est-ce que c’est, gros??)

    Euh, dis, les commentaires suivants s’adressent-ils aussi à moi? (ça fait un peu égocentré comme question, mais vu que tu ne mets aucun nom de commentateur après, je me suis posée la question)

  23. Je suis femme, métisse, j’ai été mince puis grosse puis de nouveau mince car c’est ma nature, j’avais bcp grossi à cause d’une dépression sévère.
    J’ai donc pu faire face à différents « racismes » dans ma courte vie, parfois assez hard, et je confirme, le racisme anti-gros est LE PIRE. Il est le plus décomplexé (hallucinant ce que les gens peuvent sortir), le plus répandu et comme tous les racismes il témoigne chaque fois d’une ignorance crasse à faire peur!
    Ces 3 années ou je n’ai plus correspondu à la norme sociale physiquement, ont été les pires au niveau « désillusions et découverte de la vraie nature de mes semblables ».

    Il y a un vrai problème avec le regard de notre société sur les gros. Il est question pour moi d’hypocrisie et de scyzophrénie. On est dans une société de l’abondance mais paradoxalement il faut montrer qu’on « maitrise », la classe c’est d’avoir tout mais de se maitriser au point de rester toute mince alors même que la moitié de la planète n’a pas le choix que de l’être et hurle de nous voir nous affamer (car les 3/4 des filles tailles 36-38 passées 25 ans sont en régime perpétuel + ou – poussé faut pas se leurrer) tout ça pour correspondre à un critère de beauté terriblement arbitraire, débile et en plus anti-féministe puisqu’une femme EN GENERAL a tendance à être ronde, c’est sa nature. Vouloir la faire correspondre à une image opposée à sa nature première c’est vouloir LA SOUMETTRE. En vérité les femmes n’ont jamais été aussi soumises aux hommes qu’aujourd’hui, à commencer par ce qu’elles s’infligent pour leur plaire physiquement mais c’est un autre débat. Je dirais juste que « le plus puissant des maitres n’est pas celui qui met des chaines à ses esclaves mais celui qui les convainct que c’est pour leur bien ».

    Bref tout ça pour dire que cette connerie humaine, cette malveillance gratuite contre les gros, de gens qui au fond doivent avoir de gros pbs avec leur propre image (en y accordant trop d’importance pour commencer de tte évidence…) il n’y a rien de plus désespérant et qui fait se sentir plus seul au monde.

    Courage, c’est tellement difficile de s’en prendre plein la gueule alors même qu’on a rien demandé… S’il n’y avait que les enfants…C’est rien ça les enfants…Les enfants ça fait mal parce-que ça nous rappelle toutes les remarques/regards des adultes derrière. C’est ça qui se passe en réalité, on se dit « putain même eux! » Mais il n’y aurait qu’eux, on s’en foutrait. La vérité c’est que Milie représente malheureusement la majorité des avis de la population « non-grosse » sur les gens qui ont le « malheur » d’être gros ..Vraiment je pèse mes mots, la majorité. Un être gros les renvoie à leur propre peur de perte contrôle c’est ça le pb de fond sûrement. Putain mais soignez vous au lieu d’essayer de détruire verbalement des gens qui ne font rien d’autre que d’exister!
    J’avais déjà vécu beaucoup d’expériences me montrant la débilité humaine, mais c’est vraiment en devenant grosse que le vrai visage des gens m’est apparu, des gens « au dessus de tout soupçon 😀 » si j’ose dire, ça a été la méga claque. Le genre de claque qui te fait même penser « Putain mais vivement 2012, que toute cette conne d’humanité crève ! »

  24. Merci Daria pour ce post qui suscite des réactions intéressantes.
    Pour ma part, je suis grosse (environ 105 kilos mais je ne me pèse jamais, à vrai dire) et jamais, je n’ai subi ce genre de remarques, d’enfants ou d’adultes…
    Je dois être excessivement chanceuse ou peut être que ma région quasiment allemande est plus familière des corps plus lourds?
    Ou peut être que je n’y ai pas prêté attention parce que l’opinion des autres , ma foi, voilà longtemps que je passe outre parce que je ne corresponds jamais aux standards de la femme trentenaire?
    Ceci dit, je ne frime pas trop parce que je n’avais jamais été exposée au machisme jusqu’à me rendre compte que mon père est un de ces quiquas fiers de ne rien faire car « génétiquement » absous de toutes tâches ménagères alors…

  25. « Parce que c’est souvent con, un enfant, malgré les jolies histoires qu’on se raconte en fiers parents. »

    Merci. Merci.
    Ouais, dans les discours, l’enfance, c’est toujours créativité, innocence, imagination, merveilleuse indétermination et paradis perdu!
    Alors qu’en soi, il n’y a rien de plus conventionnel et soucieux de respecter la norme qu’un enfant. Sans parler de la cruauté. Et beaucoup sont cons, tout simplement, de la même manière qu’une large proportion des adultes sont cons. Pourquoi ce serait si tabou de l’admettre?

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