12 ans

Je me souviens de mes 12 ans. Un peu. J’étais en avance, dans un grand collège. Je me battais, beaucoup. Je séchais beaucoup aussi. Je me faufilais entre les pions pour me retrouver libre, pour traîner. Assise par terre, rayon librairie du Carrefour juste en face. Tout pour ne pas aller en maths, les lundis matins à l’infirmerie après les week-ends pourris chez mon père, mes pataugas de l’armée russe, le nouvel appartement avec seulement moi et maman. Pas grand chose de drôle à déclarer, rien de misérable non plus, j’ai pas encore mes règles, mes seins sont encore plats, aucun garçon ne s’intéresse à moi. Je suis un peu amoureuse, de lui et puis d’un autre, mais pas assez pour penser à l’embrasser. Je suis petite encore, et on l’est tous dans la classe, on ne se fait même pas la bise le matin pour se dire bonjour, on en parle parfois, on trouve que ca fait naze, on verra l’année prochaine, au lycée. Je ne suis pas très ‘féminine’. D’abord parce qu’il y a peu de vêtements à ma taille, pour mon âge. Ensuite parce que mon rêve, c’est un jean troué et un t-shirt Nirvana. Pas vraiment le genre de fringues que ma mère m’achète, pas vraiment le style de mes potes non plus, ici c’est l’Ouest parisien, on est en plein Chevignon, doudounes siglées et pumps gonflées. Aucun de mes potes n’a de petite amie. On parle rarement de sexe, ca ne nous intéresse pas. J’ai pas le souvenir de quoique ce soit de sexué dans mon environnement à ce moment là. Tout est neutre. Moi comme les autres. Y’a bien Daniel, dans ma classe, qu’on traite de pédé quand il se met à danser et à faire des manières, avec sa ceinture en strass et sa voix haut perchée. Y’a ce garçon, dans une autre classe de 4ème, un redoublant, qui a déja son scooter, lui, il fait bien rêver un peu les filles, mais personne n’ose vraiment lui parler. Je m’en fous moi. Je préfère lire et me foutre sur la gueule.

Bien sur je sais dèja comment on fait les bébés. Je sais déja qu’il faut prendre la pilule avant. Je sais qu’il faut mettre une capote. C’est ma génération, on est en plein dedans, Doc et Difool sous la couette la nuit, sortez couverts, les capotes à 1 franc dans les Monoprix. Je sais que ca arrivera. Et puis je sais des choses bizarres, je ressens des choses confuses, ce malaise avec mon grand-père. Je sais que le sexe existe, mais je n’ai aucune envie d’en être. J’ai même jamais encore embrassé quelqu’un. Une fois, en remontant de la plage en Bretagne, un vieux en voiture m’a suivi, il m’a proposé de monter, pour qu’on aille chez lui, pour qu’il me frotte dans la douche. J’ai couru jusqu’à la maison. Je ne me souviens pas en avoir parlé. Je sais qu’il existe des gens qui font des choses avec des enfants. Je sais que personne n’a le droit de toucher certaines parties de mon corps. On m’a expliqué, vaguement. On est en 1993, on ne parle pas encore beaucoup de pédophilie. J’ai la chance de vivre sans que ma pré-adolescence soit sexualisée. Plus tard, j’irais dans un pensionnat de filles, pas de garçons pour se faire la main, et si mes camarades sont attirées par certaines d’entre nous, c’est encore bien trop tabou pour que quiconque agisse. Remballez vos images coquines des pensionnats de jeunes filles. Ici on soupire toutes en attendant une lettre d’un admirateur secret, les plus audacieuses, celles qui ont des ‘mecs’ sont des idoles, elles nous racontent pendant des heures leurs histoires de coeur. Nous, les petites, on attend que ca nous arrive, on les envie, on s’invente des histoires avec un mec de vacances qui habite très loin, on ment pour faire partie de la bande des plus expérimentées. Mon pensionnat est un établissement religieux, on étudiera jamais la reproduction. A la place, un vidéo obligatoire ‘Le cri silencieux’, chef d’oeuvre des anti-IVG, qui filme un avortement du dernier trimestre, en le faisant passer pour un IVG légal. Sordide. Dégoutant. Pas vraiment  bandant.

Si, à 12 ans, ma prof d’anglais adorée, ou ma prof de français adulée, s’était intéressée à moi, d’un peu plus près ? Qu’est ce que j’aurais fait ? J’aurais adoré. Qu’on me porte de l’attention. Qu’on me comprenne. Qu’on m’écoute. Je ne suis pas dans la période la plus facile de ma petite existence, entre le divorce de mes parents, l’abandon progressif de mon père. Je suis violente, je suis un cancre. Je suis facile à repérer. Je suis fragile. Je suis une proie facile. Si un adulte, n’importe qui, m’avait donné de son temps, de son affection, je me serais laissée faire. J’en suis sure. J’aime mon père, et je mens pour lui. Parce qu’il me le demande. Pour ne pas faire de problèmes. Alors pourquoi ne pas mentir pour quelqu’un d’autre ? Quelqu’un qui dirait m’aimer. Quelqu’un qui me le montre, en m’embrassant, en me caressant, en me prenant par la main, en voulant me sauver. J’y aurais cru. J’en suis sure. Et j’aurais crié, moi aussi, mon amour. J’aurais écrit de ces petits mots d’enfants, sur mes copies doubles, à l’encre bleue effaçable, avec de longues déclarations enflammées cernées de coeurs transpercés. Je me serais sans doute culpabilisée, j’aurais haï ma mère de nous séparer. Pourtant, l’adulte, l’autre, celui de 18 ans de plus que moi, le majeur, aurait bien profité de moi.

J’ai lu beaucoup de réactions ignobles sur les réseaux sociaux suite à cette affaire. Une fille de 12 ans, séduite par sa professeur. Vous dites que l’amour n’a pas d’âge. Vous dites que les enfants ont une sexualité. Vous dites que les femmes sont douces, incapables de perversité. Vous dites que ce n’est pas de la pédophilie, car il n’y a pas eu de violence. Vous dites que ce n’est pas de la pédophilie, car la victime est consentante. Vous dites que vous refusez de vous prononcer, parce qu’on ne connaît pas les détails de la liaison. Quels détails faudrait il donner ? Voulez vous lire encore les descriptions des doigts bagués d’une femme de 30 ans qui viennent caresser la poitrine d’une fille de 12 ans ? Ne comprendrez vous pas l’ignominie de cette histoire que lorsqu’il y aura eu pénétration avec un pénis, un ‘vrai viol’ ? Comment pouvez vous légitimer la prise de pouvoir d’un adulte sur un mineur, sur une fillette de 12 ans ? Comment pouvez vous arguer du consentement de cette dernière ? Comment ? Non, ce n’est pas parce qu’à 12 ans vous sortiez avec un beau gosse de 19 ans que vous pouvez comprendre cette histoire. Ce n’est pas parce qu’à 17 ans, vous êtes sorties avec votre prof de 26 ans que vous pouvez m’expliquer qu’il ne s’agit pas là d’une agression sexuelle notoire. Comment vos tripes ne se retournent elles pas quand vous lisez  les mots « sexe » « 12 ans » « professeur » dans la même phrase ? Comment pouvez vous garder le silence ? Comment pouvez vous choisir de ne pas réagir ? Vous partagez partout les images de Suri Cruise portant des chaussures à talons à 6 ans, glapissant devant la sexualisation manifeste d’une enfant. Pourquoi vous laissez vous expliquer les actes de cette femme pédophile de manière différente ? Parce que ca vous arrange ?

J’ai partagé sur Twitter mon dégoût. J’ai dit qu’il fallait parler. Qu’il fallait dire les agressions. Qu’il ne fallait pas laisser les agresseurs gagner. On m’a reproché de faire de l’injonction. D’invectiver violemment les victimes. Ma violence est le reflet de ma colère, de ma blessure. Elle est aussi à la mesure de mes convictions. Personne, ni homme, ni femme, ne doit profiter d’un enfant. Un enfant, c’est un mineur de moins de 15 ans, ou un mineur de moins de 18 ans si la personne a autorité. Personne n’a le droit  d’agir sur ses impulsions pédophiles, au prétexte de la passion, de la romance, du désir. Les personnes qui transgressent ces lois doivent être dénoncées, et punies, soignées quand c’est possible. Transformer une histoire entre une enfant et une adulte par le prisme de nos relations de grandes personnes est une erreur grave. J’ai conscience qu’il est difficile de libérer sa parole. Parce qu’être agressé sexuellement est un traumatisme. Parce que la société stigmatise violemment les victimes, encore. Parce qu’il est encore trop difficile d’être écouté, de faire entendre sa vérité. Parce que ca jette un bordel monstrueux dans des familles entières, dans des écoles, dans des vies. Se taire, c’est se tuer. Lentement, mais sûrement. Se taire, c’est vivre avec son souvenir, ses ressentis dégueulasses, ce sont des cauchemars, des angoisses. Pour les femmes, ce sont aussi des grossesses vécues difficilement, hantées par la peur que leur propre enfant soit aussi victime. Parler est une épreuve ignoble. Se taire, c’est laisser gagner l’agresseur. Oui, gagner. Il triomphe des lois, il triomphe de sa position de supérieur lors des faits. Il peut aussi récidiver. Faire plus, plus grave, plus tard. Parlez. Quand vous serez prêts. Quand vous n’en pourrez plus. Quand vous pourrez enfin. Quand vous saurez que c’est le moment. Posez votre histoire, ne la portez plus seuls. A un professionnel de santé, à un médecin traitant, à un psychologue, à un psychiatre, à une association de victimes, à une assistance sociale, à un(e) ami(e) de coeur, à un frère, à une soeur, à un parent, à un partenaire, parlez. Pour vous, pour votre équilibre mental, pour votre famille à venir, pour vos nuits sans sommeil, pour vos secrets de famille, pour vous surtout, parlez. Vous serez surpris. Vous entendrez les autres, parler, eux aussi. Dire. Libérez la parole autour de vous. Est ce que vous guérirez instantanément ? Non. Est ce qu’il faut porter plainte ? Affronter son agresseur ? Je ne sais pas. Ces décisions vous appartiennent. Parlez pour que d’autres parlent, si vous ne le faites pas pour vous. Cessons ensemble de nourrir le silence.

38 réflexions sur « 12 ans »

  1. Merci, vraiment. C’est pour ça qu’on parle de « consentement éclairé. Et le consentement d’un enfant face à un adulte n’est jamais éclairé, par définition. On peut commencer à discuter face à un ado éventuellement, mais à 12 ans y’a juste pas de débat possible.

  2. Tu as vécu tes douze ans dans l’asexualité complète, c’est ton histoire, elle te concerne. Je ne vois pas en quoi tu peux t’en servir pour pré-juger d’une autre histoire dont tu ne sais rien.

    Pour ma part, j’ai vécu le même genre d’histoire que celle de Yasmine et de sa professeure. Mais je n’avais pas douze ans. Je n’avais même pas onze ans. En fait, j’avais neuf ans quand tout a commencé. Neuf ans quand j’ai rencontré le seul adulte qui m’a regardée dans les yeux, m’a comprise, et ne m’a pas traitée comme la petite chose insignifiante que j’étais au regard de bien des gens. Il m’a tirée vers le haut, à forger en moi la capacité à aimer, à aimer absolument.

    Il n’y avait rien de dégoûtant ou de révoltant dans notre histoire. Aucune histoire de pouvoir, de manipulation. J’ai choisi d’être ravie, j’ai choisi de me soustraire au pouvoir familial, j’ai choisi d’être enlevée. Le savais-je parfaitement à l’époque ? Je dirais que je le savais comme une enfant de neuf ans, ni plus ni moins. C’est à dire que je savais confusément, mais surtout je savais très consciemment que je vivais une histoire interdite, et que je n’avais aucun intérêt à en parler, puisque personne ne pouvait comprendre. Et pourtant, autour de moi, des gens ont compris. Ils ont surtout compris que l’histoire que je vivais était celle qui m’emmenait loin du mur sur lequel j’aurais foncé si je ne l’avais pas rencontré, lui. Ils ont compris ceux-là, eux qui auraient pu faire partie de ceux qui lynchent les « pédophiles », ceux qui jusqu’ici, pensaient que « aimer les enfants » veut dire « leur vouloir du mal ».

    J’avais neuf ans quand j’ai compris que la société attendait de moi que je joue un rôle, c’est à dire celui d’une petite fille asexuée et soumise, attendant patiemment le prince charmant et sa majorité sexuelle. J’ai pris un plaisir jouissif à renverser tous les rôles, moi, l’enfant hyper-sexuelle. À sept ans, je dévergondais mon petit voisin en le persuadant de faire l’amour avec moi. À huit, j’organisais des partouzes dans une cabane avec un paquet de gamins terrifiés. À neuf, j’ai voulu connaître autre chose que des gamineries.

    Ton discours, c’est celui qui veut faire des gens qui ont vécu ce genre d’histoire des anormaux. Des traumatisés qui le seraient d’autant plus qu’ils n’ont pas conscience de l’être ! « Puisque tu as l’impression de ne pas être traumatisée après ce que tu as vécu, c’est bien la preuve que tu l’es » ! Ton discours, c’est celui qu’ont voulu m’imposer flics et psychologues après qu’une âme bienveillante ait finalement décidé de dénoncer celui que j’aimais aux flics. C’est la pilule qu’on a voulu me faire avaler pour compenser le manque lancinant, terrible, réellement traumatisant, lui. C’est l’indifférence face à mes cris d’enfants, face à l’injustice de se sentir diminuée, ignorée, imposée à une condition de victime que je refusais à corps et à cris. « Tu avais le droit de dire non » me disait-on. Mais avais-je celui de dire oui ? Elle est là, la plus grosse hypocrisie de notre société. Celui de refuser à l’enfant le droit de disposer de son corps, de jouir avec qui il veut. Ce n’est pas pour le protéger, non, pas du tout. Mais au contraire pour asseoir un pouvoir rigide, une culotte de chasteté éternelle, sceller définitivement le sceau de ce qui est autorisé ou non. Et l’enfant qui n’a pas le droit de dire oui est celui qui sera le mieux contenu, une fois adulte.

    Alors oui, beaucoup d’adultes profitent de position d’autorité et de pouvoir pour abuser d’enfants qui eux, n’avaient rien demandé, ou pas comme ça. Oui, il y en a beaucoup. Mais et les autres ? Ceux qui se contentent de simplement aimer un enfant, sans jamais rien lui imposer ? Qui lui apprennent à vivre son corps, à l’aimer, à apprivoiser ses désirs ? Ceux qui offrent aux enfants les plus belles années de leur vie ? On n’en parle pas de ceux-là, on nie même leur existence. Et pourtant, les enfants ayant eu « à faire à eux » existent, et j’en suis. Je fais partie de cette catégorie d’enfants, aussi petite soit-elle, qui a vu son existence enchantée par un adulte qui ne me voulait que du bien, et qui m’a appris une foule de choses. Parmi ces choses, il y avait la sexualité, et cela n’avait rien de sale, ni de honteux. Parmi tout ce que l’on a vécu, c’est une simple portion, pas de quoi en faire un plat… Mais à tes yeux, et aux yeux de la société entière, nous n’existons pas, nous n’avons pas droit à la parole. Nous sommes les enfants honteux d’une psychanalyse ratée, nous sommes les traumatisés qui refusons un statut de victime généreusement offert par la société.

    Et pourtant, nous n’avons fait que nous aimer…

  3. J’ai lu ce txt par FB; On peut vous faire confiance pour relier de manière intelligente les mots de la raison et ceux du coeur, ceci dit pour aller vite.
    Je suis touchée par votre élan, car vous avez cette capacité de vous désengluer de la gangue de la » pensée incertaine ». On a tellement été habitué à penser sur injonction , ou assignation, que le domaine sensible s’exprime au gre du vent de la doxa au lieu d’écouter quelque chose en soi de plus profond et de plus vrai. Je ne dis pas la qu’il y a une vérité en soi pour chaque chose, non l’espace pour la diversité doit exister. Ce qu’on oublie dans tout ça, c’est queTOUT n’est pas possible, or dans l’imaginaire qui a cours , l’imaginaire capitaliste consumériste donc, on est dans le » tout est possible ». Cela pose la question de la liberté et des bords de cette liberté, elle concerne le rapport à l’autre , aux autres. Interroger ce rapport ne se fait plus ou se cantonne dans le survol, la désinvolture, c’est en fait s’accorder peu de prix à soi même déja. On se perd dans la réification,et sans s’en rendre compte on admet comme normal la chosification des personnes, et comme on est en manque de sentiment , d’amour, on va oublier la case sublimation et fixer de l’émotion sur de la simple pulsion. Cela fonctionne grace au travail de sape du désir; Et c’est là qu’on revient à l’erreur du « tout est possible ». La société fonctionne sur une somme de lois, d’interdits, parfois contradictoires, de tabous. Qu’on les remette en question, qu’on les outrepasse fait partie des processus revolutionnaires. Mais là rien de révolutionnaire, on se contente d’écouter quelque chose que l’on croit être sa vérité profonde sans interférence de cette intrication de règles ,or c’est au sein de ces règles que l’on exerce sa liberté ,(dont celle de les mettre en question). L’exercice de la liberté ne se fait pas selon la seule injonction du plaisir. On peut trouver dans les manières de penser et de faire, cette injonction à la jouissance, dont celle de la consommation, celle de l’individualisme qui borne l’horizon capitaliste. Ce n’est pas pour rien que se déclarent « indignés » ceux qui sentent bien que c’est l’humain qui est bafoué dans nos sociétés où pour gagner il faut qu’un autre perde. Ca va se retrouver à tous les niveaux, dont celui des rapports amoureux . Après, étant donné qu’on est tous embarqués ds la même galère, certains renvoyés à leur solitude peuvent commettre des erreurs qu’on a raison de considérer comme des forfaits. Tout n’est pas possible, tout n’est pas permis. Laisser monter l’insignifiance (expression de Castoriadis) peut emmener à ne plus considérer notre responsabilité. Et que l’on vienne pas me dire que vous péchez par exces de morale, la fausse route d’une véritable morale conduit à l’homme indigne. Votre révolte est salutaire.
    Johouelle

  4. J’ajoute que je suis en train de suivre les réactions à mon commentaire sur Twitter et qu’il est très blessant de constater que personne n’essaie même de comprendre ce que j’ai à dire. On me traite d’agresseuse (parce que j’évoque des jeux sexuels entre enfants de sept ans), de pédophile moi-même (je vis en couple avec un homme de mon âge et n’ai jamais eu aucun désir envers un(e) enfant impubère, merci). Bref, tout est bon pour discréditer mon discours. C’est beau, l’ouverture.

  5. Pourquoi préciser que tu vis dans un couple adulte et que tu n’as pas d’attirance envers un enfant impubère ? Quel problème cela pourrait-il poser au vu de ce que tu as raconté plus haut ?

  6. @Ha ?

    Comment voulez-vous qu’on comprenne « À huit, j’organisais des partouzes dans une cabane avec un paquet de gamins terrifiés » comme autre chose qu’une agression ? Si les autres gamins étaient terrifiés, difficile de parler d’un jeu…

  7. Bonjour,
    Merci Daria pour ton témoignage. Il est vraiment très bien écrit.
    Je m’étonne du commentaire de Ha? qui lit les réactions sur Twitter.
    Il ne s’agit pas de juger « c’est bien, c’est mal »quant à ta sexualité, ton histoire.
    Mais chacun est différent, vis les choses différemment. Certains voudront avoir des rapports sexuels tôt, d’autres non, etc.

    Ensuite, comme on vit en société, il y ce qu’on appelle la Loi.
    Qu’on l’accepte ou non, elle existe, c’est elle qui nous permet de vivre en société ensemble, sinon ce serait « la jungle » « la loi du plus fort ».

    La Loi que dit-elle ? Que les relations entre adultes (+ de 18ans) et mineure de -15 ans sont passibles de prison. C’est la loi.
    C’est un cadre.
    Tu peux crier contre le cadre, vouloir qu’il soit autrement.
    Mais cela pose des règles aussi quand ni l’enfant, ni l’adulte ne sont capables de raison garder.

  8. @TontonBlax : « Pourquoi préciser que tu vis dans un couple adulte et que tu n’as pas d’attirance envers un enfant impubère ? Quel problème cela pourrait-il poser au vu de ce que tu as raconté plus haut ? »
    Tout simplement car beaucoup ont supposé que j’étais peut-être un « troll » qui véhiculait de la propagande pro-pédo pour servir ses propres intérêts. Or, je ne suis pas pédophile, et non, je n’aimerais pas l’être. C’est une vie de souffrance et de malheur. La preuve, celui que j’aimais a fini en prison. Et beaucoup de pédophiles sont des abuseurs, je ne l’ai pas nié. Donc non, je n’aimerais pas être pédophile 🙂

    @Léna : Je comprends que ce passage puisse choqué. J’étais une meneuse, une tête brûlée avec des idées parfois bonnes, parfois mauvaises. On va dire que dans ce groupe de garçons, beaucoup étaient pétris de morale parentale. Ça ne les a pas empêché de les suivre quand je leur ai lancé « eh, si on allait faire l’amour dans la cabane ? ». Il ne s’agissait ni d’un chantage, ni d’une manipulation. Et quand je parle de partouze, c’est évidemment pour provoquer. Cela s’apparentait tout au plus à un jeu du docteur.

  9. Ha, vous écrivez ceci :
     » À huit, j’organisais des partouzes dans une cabane avec un paquet de gamins terrifiés. »
    Et vous vous étonnez qu’on vous considère comme une agresseuse ? Allons bon.

    Vous n’êtes pas traumatisée de votre relation à 9 ans. Cool, tant mieux même. Disons que ça change.
    Personnellement, le ressenti de cette enfant de 12 ans n’est pas ce qui doit primer. Parce que c’est une enfant, et que ce n’est pas à elle d’avoir la responsabilité de dire si ce qu’a fait sa prof était un crime odieux ou juste une erreur de parcours. Parce que dans les deux cas, il y a eu une faute, de la part de la prof : celle de ne pas avoir su, pu, voulu arrêter. Or c’était ça, le rôle de l’adulte.

    Dans cette histoire, celle qu’on n’a pas entendue, c’est l’enfant. Celle qui a parlé aux journaliste et assuré son amour le plus profond et sincère pour la gamine, c’est l’adulte. Ceux qui ont relayé ce fantasme d’une « relation maudite », comme s’ils parlaient d’un Romeo & Juliet des temps modernes, ce sont les journalistes, ce sont encore une fois des adultes.
    Et le rôle de ces adultes, c’était pas de chercher des excuses. C’était de voir, justement, tout ce que cette relation a de problématique : une relation prof/élève n’est pas voué à et ne peut pas être égalitaire, c’est une relation de pouvoir, et une relation de pouvoir avec une gamine de 12 ans, quand il y a des actes sexuels, c’est compliqué.
    Un adulte peut avoir plein d’amour à apporter à un enfant. Il peut lui apprendre plein de choses.
    Mais je suis loin d’être certaine que le sexe devrait en faire partie.

  10. @Ha ? : moi je vous comprends parfaitement, d’autant plus que votre histoire ressemble beaucoup à la mienne (minus le côté « j’ai rencontré le seul adulte qui m’a regardée dans les yeux, m’a comprise, et ne m’a pas traitée comme la petite chose insignifiante que j’étais au regard de bien des gens. Il m’a tirée vers le haut, à forger en moi la capacité à aimer, à aimer absolument. ») et à celles de gens que je connais. Nous ne sommes donc pas complètement seuls 🙂

    Merci infiniment pour ce témoignage. Apprendre à se foutre de ceux qui nous veulent du bien, c’est peut-être l’une des choses les plus difficiles du monde, mais c’est peut-être aussi l’une des plus gratifiantes…

  11. @Kowa : Je ne m’étonne de rien du tout, je viens d’écrire que je comprenais que ce passage puisse choquer. Mais bon, quand même, vous n’avez pas fait de drôles de trucs quand vous étiez gosse ? Mais pour une fois ça change oui, d’habitude, quand je raconte cette anecdote, c’est la bande de garçons que l’on traite d’agresseurs. Ce qui est tout aussi crétin, évidemment !

    Quant à l’affaire qui sert de base à l’article de Daria Marx, vous avez raison, l’enfant n’a pas eu publiquement son mot à dire. Gageons qu’en privé non plus… Mais nous sommes d’accord : ce que nous savons de cette histoire (c’est à dire à peu près rien) ne nous permet pas de juger quoi que ce soit.

  12. @PS : Merci pour votre soutien qui croyez-le, me va droit au coeur. Je n’ai pas l’habitude de parler de mon histoire, j’en ai trop bavé avec des années de psychanalyse imposée par mes parents pendant que j’étais mineure. Mais ça m’a fait du bien de l’écrire.

    Entre mon histoire, que je juge très positive, et les histoires de viols ou de manipulations, très négatives, il y a évidemment une foule d’autres histoires, d’autres expériences personnelles, en demi-teinte. Des rencontres avec leurs hauts et leurs bas, leurs déceptions, leurs trahisons parfois mais aussi leurs petites joies. J’imagine que ce sont les plus nombreuses et ce sont celles que notre société se doit d’écouter, désormais.

  13. Ce qui ne veut pas dire que les témoignages d’histoires mal vécues et de viols ne doivent pas être entendues, évidemment.

  14. @Ha ? : j’ai reçu aujourd’hui un commentaire qui résume tout (sous mon dernier article sur le plus, justement autour de cette affaire) :

    « La réflexion, les analyses, les discours, les positions qui prennent la sexualité comme objet ne peuvent pas se fonder sur les amalgames. Les sentences globalisantes sur la prostitution sont aussi ridicules que celles qui pointent les relations physiques entre adulte et mineur. Et c’est grâce à ce souci des singularités que nous pourrons à la fois comprendre telle ou telle relation amoureuse, et condamner toute violence physique et morale à l’encontre d’une « proie ». »

    selon moi, on ne pourrait pas dire mieux (je laisse la comparaison avec la prostitution pour permettre une meilleure compréhension du propos, mais elle n’est même pas indispensable)

  15. Ha -> je ne sais pas quoi dire sur ton témoignage. Je l’ai partagé sur Twitter pour cette raison. Si tu as été lynchée d’une quelconque façon, je te présente mes excuses. Ce n’était pas ma volonté.

    Peggy -> je suis abasourdie par ton article sur le Plus aujourd’hui.

  16. @dariamarx : Je t’en prie, ne t’excuse pas. En écrivant sur Internet, je m’expose nécessairement aux critiques. Donc, disons que c’est le jeu. Je voulais simplement m’assurer avoir été « comprise », même si je comprends bien que mon témoignage peut être difficile à lire. Je te remercie d’avoir validé mon commentaire, j’avais très peur de ne pas passer cette étape là.

  17. @ daria : et si c’était, au fond, un abasourdissement positif ? (oui, je suis une éternelle optimiste)
    mais j’aimerais bien savoir pourquoi, si tu as le temps et l’envie de m’expliquer

  18. @PS voir la singularité des situations pourquoi, écouter les expériences des uns et des autres, sans filtre, sans jugement, si quelqu’un en est capable pourquoi pas?
    Mais dans ce cas, il n’y a plus de règles, plus rien, plus de repères, nous sommes seuls face à notre désir, notre jouissance.
    L’autre est seul face à son désir, face à sa jouissance.

    Là le texte de Daria parle d’une relation incestueuse non consentie mais la Daria de 3 ans, 12 ans, était, à cette époque incapable de le formuler. Dire oui, dire non, elle ne savait pas. C’est avec les années qu’elle a dit « non je ne veux pas y aller ».

    Que Ha, que toi témoignent en disant, en substance, ça ne m’a pas traumatisé outre mesure d’avoir une relation, enfant, avec un adulte. Soit.
    Mais accepte que ce ne soit pas le cas pour tout le monde.
    Accepte qu’il y ait des règles dans notre société que NON, un adulte ne doit pas se tourner vers un enfant pour sa sexualité.
    Il peut y avoir abus de pouvoir.
    Faire l’apologie de la pédophilie, du viol, c’est de la perversion.

  19. Admettez que c’est un peu fort de café que Daria en soit presque à devoir se justifier de sa perception de quelque chose de grave.
    Parle- t- elle de son histoire personnelle , elle n’en demeure pas moins sur un autre registre que celui de la defense et illustration d’une autre expérience et d’un autre vécu, celui de Ho en l’occurence.
    Je ne sais pas qui disait que le législateur ne peut pas intervenir sans trembler. Quelle est la frontière entre ce qui peut être fait et ce qui ne peut pas l’être? L a morale est mouvante, elle suit et précede l’histoire des communautés. Si on a pu parler du Mal qui serait le mal absolu, et de sa banalisation ainsi que l’a developpé Anna A rendt à la suite du procès de Nuremberg et à propos du genocidaire Eichmann , c’est qu’il s’agit d’une question philosophique de premier plan. L’important la dedans , c’est l’excès que comporte la banalisation , dans le sens que là est oblitérée la conscience de la responsbilité et l’affect. Ici, on est loin du cas de figure illustré par A ARENDT Bien sûr,et qui est l’exemple limite qui parlerait de la déshumanisation. Alors , je suis loin de dire que ce fait divers est un fait historique, mais j’estime qu’il il ne doit pas être rendu à l’anecdotique et à l’épiphénomène. Le fait qu’on soit affecté par cela montre que des personnes n’admettent pas cela , la banalisation, le manque d’attention aux questions relatives au rapport à l’autre. La qualité de ce rapport à l’autre. Et qu’on vienne pas me dire qu’il s’agit là de vieilles lunes de morale réactionnaire, etc on m’a dejà fait le coup; ç a évite de se poser la question de la loi , du socle de toute existence, soit de toute vie en communauté. Je ne veux pas répèter ce que j’ai dit dans le precedent post, mais bon la question de l’instrumentalisation de l’autre est bien là que ce soit dans un acte conscient ou dans un acte non pas inconscient mais où la conscience demeure floue, incertaine. Daria Marx ne parle pas de culpabilité, d’accusation, elle intervient dans un registre plus subtil même si ses txt ont l’apparence d’un billet d’humeur , elle n’est ni accusateur, ni legislateur . Elle articule l’affect et le sentiment de responsabilité; Bref si on laisse tout couler, passer, s’endormir si on n’a même plus à défendre ce qui fait le sens de nos vies, on n’ a plus qu’à tout accepter et dormir du sommeil des bénêts. L’inquiétude est salutaire.

  20. @Peggy : en fait non, il me semble (mais c’est un pur jugement moral de ma part, cela va sans dire, nous sommes si coincés du fion, nous autres anti-pédophilie) que Daria n’a pas très envie de t’expliquer quoi que ce soit.

    Et ce serait vraiment cool de ta part de dégager d’ici parce que ta présence en ces lieux sent aussi mauvais que les pieds pas propres d’une mauvaise blogueuse mode.

    (Oui, mon SPM me rend si hystérique je vire des gens y compris quand je suis pas chez moi, SAY DINGUE).

  21. Le txt de Daria, a permis celui de Ha, et tous 2 invitent à une reflexion qui dépasse les catégories du jugement, du bien, du mal souvent galvaudés et récupérés justement par les tenants d’une morale rigide, réactionaire , qui n’en étant pas à une contradiction pres, sont aussi ceux qui pronent l’individualisme ‘( mais oui la carte des marchands de morale correspond au territoire annexé par l’imaginaire capitaliste)
    Il ne s’agit évidemment pas de brandir ces txt l’un contre l’autre, cela n’aurait aucun sens, mais ceux la , plus d’autres permettent de se recadrer, de se placer par rapport à la loi, par rapport aux autres, d’agir, d’aimer , en toute conscience.
    Apres chaque personne vivra, l’amour, la passion, l’art aussi, sera troublée de manière singulière dans les rapports d’altérité; Avec toute l’attention requise pour détecter les velleités de pouvoir, de subordination, d’emprise, afin de les déjouer et de tordre le cou à la déshumanisation rampante.

  22. @ la peste : comme quoi faut jamais sous-estimer le pouvoir nocif des hormones, la preuve

    sinon, je suppute que si daria trouvait ma présence désobligeante, elle aurait modéré mes commentaires ou y répondrait comme une grande

    (c’est un autre de mes défauts : d’abord regarder la logique des situations)

  23. @ suzanne : « Que Ha, que toi témoignent en disant, en substance, ça ne m’a pas traumatisé outre mesure d’avoir une relation, enfant, avec un adulte. Soit.
    Mais accepte que ce ne soit pas le cas pour tout le monde. »

    je suis tout à fait d’accord et la réciproque est vraie :
    ce n’est pas parce qu’on a été énormément traumatisée d’une expérience que tout le monde est dans le même cas

    par ailleurs, ce n’est pas parce qu’on n’a pas été traumatisé d’une expérience (et même davantage : qu’elle nous a apporté des choses positives) qu’on veut généraliser son cas et encore moins qu’on en fait l’apologie

  24. La majorité sexuelle est fixée à 16 ans, les mythomanes qui s’inventent des histoires personnels on s’en fout, la réalité est là, celle de la puberté.

    Si vous voulez voir comment on vécu l’écrasante majorité des gens qui ont subit des attouchements ou des relations forcées, vous pouvez aller voir tout les gens en hôpital psy, en détention préventive, au cimetière, faire la manche pour de l’argent, des cachetons en pharmacie ou de la dope contre une pipe.

    En plus ce dont se plaignent constamment les victimes, c’est du silence et d’un entourage qui refuse de les croire ou veut taire ces plaintes, par ce que c’est un voisin, un cousin, un parent.

    Défendre ce genre de lumpen-littérature pour plagiste libertin sous prétexte que « oh lala, on ne peut plus doigter les gamines et en se prendre pour Sade en l’écrivain dans Tel Quel », mais allez vous pendre, vous êtes pitoyable et relisez Foucault autrement que de travers dans vos chiottes avant de parler de « censure/morale ».

  25. Haaaaaa psssss les grosses boulles d’égos qui supportent pas qu’on ne parle pas d’elles… Mais il ne peut tout le temps s’agir de vous, pauvres blanches colombes de la sainte perfection libertaire.

  26. Daria c est fou ce que tu peux être ambiguë
    Tes ressentis sont tellement justes, honnêtes, émouvant mais tes conclusions sont décevantes
    Comment peux t on avoir un point de vue aussi tranché, le fait de dire je ne connais pas les détails mais la loi est la loi…..
    Ne sais tu pas qu avec la justice il y a la. Loi, les faits, les actes, les circonstances atténuantes?
    Ne sait tu pas qu il existe des adultes qui pratiquent des relations non consenties et des mineurs et des majeurs qui s aiment? Qu ils ne sont pas tous pedophiles perverses et qu’ils ne ressemblent pas tous a Émile Louis ……
    De quoi as- tu peur? Que la norme soit inversé, oh pauvre France !

  27. Bravo Ha!!!

    Arrêter d être choquer par une phrases par des mots, partouzes entre gamins ça vous choque? C est pourtant une réalité

    Lisez houellebecq, angot ou nabe et la vous allez être choqués …..

    Vous me direz, c est de la fiction…… Arrêtez votre hypocrisie d une ménagère qui mate TF1 ….ça en devient ridicule!

  28. J’avais aussi réagis à ce texte à sa parution dans Causette, puis quand le directeur de la publication et la rédactrice en chef ont publié leurs « excuses » sur Rue89 et sur le FB.
    Quoique j’en ai surtout profité pour mordre. l’envie m’en démangeait depuis que causette s’est érigé en tribune d’un certain féminisme institutionnel « anti-putes ».

    Et… je parle de moi, ce qui est tout à fait hors sujet.
    je =>

  29. La première caractéristique des pervers, c’est de prétendre que les interdits (de tuer, d’inceste et autres infâmies) sont injustes et qu’il accomplit ses crimes car il est inspiré par l’amour et la nature. La deuxième caractéristique de ces pervers, c’est de mentir comme des arracheurs de dents pour faire passer leurs exactions pour des exemples de beauté et d’absolu. La troisième caractéristique de ces mêmes pervers est de hurler plus fort que des écorchés pour se plaindre que décidément, les gens sont vraiment pervers/intolérants de leur en vouloir, eux qui sont si beaux, gentils, entiers, magnifiques, sauveurs de l’humanité, j’en passe et des plus farfelues. Avec les pervers, cela ne rate jamais, c’est même d’un ennui total : on dirait le récital d’un gourou de secte – mais c’est vrai, les gourous sont par ailleurs souvent des pervers.
    Je me réjouirais quant à moi des cris d’orfraies que lesdits pervers ne vont pas manquer de pousser à la lecture de ce post (si si, il vont le faire, le pervers est un être banal et prévisible à pleurer), si certaines de ces perversions n’étaient pas aussi monstrueuses.

    Je trouve que le texte de Daria est magnifique, à la fois sobre et éloquent. S’il choque Messieurs (ou -dames) les pervers, eh bien c’est tant mieux. Non que cela les fera se remettre en question : un pervers est toujours sûr de sa propre perfection – c’est un autre trait classique, ennuyeux à mourir, du pervers. Mais il est important que les choses soient dites sous l’angle de la justice, c’est-à-dire de la culture et non pas sous l’angle de la pulsion, c’est-à-dire de la nature. L’être humain n’a pas à obéir aveuglément à ses pulsions, et encore moins à réaliser tous les fantasmes qu’il se forge, sinon il n’y a pas de vie commune possible. Le pervers le sait très pertinemment, mais il fait exprès de l’ignorer : il ne veut rien entendre, pour lui les autres êtres humains ne sont pas des sujets désirants, mais rien que des choses à sacrifier sur la sainteté de sa jouissance personnelle.

    C’est pour cela que l’on se contrefiche de l’avis du pervers : il ne fait pas avancer l’humanité, il la détruit, en lui-même aussi bien qu’à travers les autres.

    Un grand bravo et un grand merci en tout cas à Daria pour tes textes, qui ont le mérite énorme à mes yeux de remettre les choses à leur place : un enfant est un enfant, point barre. Les excuses soi-disant amoureuses, les larmoyances de crocodile, les enrobages pseudo-esthétiques et autres n’y feront jamais rien.

  30. J’ai une fille de 9 ans, et sans mésestimer la maturité sexuelle qu’on puisse avoir à cet âge… l’histoire de Ha me paraît quand même ne pas être des plus ordinaires…. Ca me choque un peu oui. Et non, je ne suis pas une vieille conne réac à serre-tête et mocassins…

  31. Moi j’avais 10 ans, et lui 60 (j’ai compté longtemps après)
    Quand j’ai réussi à en parler j’avais trente ans…
    Puis je l’ai retrouvé, j’ai osé le regarder dans les yeux, ce vieillard dont la petite fille au fond de moi avait toujours terriblement peur au delà des mots, du bon sens, d’un mémoire sur la pédophilie… Merci à mes parents de m’avoir accompagnée ce jour là.
    Aujourd’hui j’ai 40 ans, je vais bien depuis 5 ans environ, j’ai une petite fille que j’essaye de protéger sans surprotéger et des troubles alimentaires qui persistent.
    Merci Daria de crier ma souffrance.

  32. @Ha
    Si j’ai bien compris, vous avez connu une histoire avec un homme/femme adulte et ça ne s’est pas mal terminé. Quand aux « partouze », « Cela s’apparentait tout au plus à un jeu du docteur. »

    Mon point de vue est que les « jeux du docteur », tant que ça reste entre gosse du même âge, je suppose que ça fait partie du développement normal. Mais qu’un enfant beaucoup plus âgé et à fortiori un adulte n’a pas sa place dans ces jeux.

    Dans le cadre de relation sexuelles entre un mineur et un enfant, c’est de la pédophilie et c’est illégal. Si dans votre cas ça ne s’est pas mal terminé pour vous, je pense que c’est une exception. Un adulte ne pense pas comme un enfant, même un enfant précoce.
    Je pense aussi que même si on pouvait démontrer qu’une relation pédophile sur 1000 n’est pas dommageable pour l’enfant, il faudrait quand même continuer à interdire strictement la pédophilie, parce qu’il resterait tout de même 999victimes.
    Je ne nie pas que les pédophiles sont des êtres humains susceptibles d’émotion, mais je pense que le passage à l’acte doit être puni sévèrement. Je ne considère pas comme totalement impossible que quelques enfants puisse trouver y une certaine forme de satisfaction, mais je pense que l’énorme majorité des enfants en souffriront donc qu’il faut que la pédophilie soit toujours strictement interdite.

  33. rectificatif: « Dans le cadre de relation sexuelles entre un mineur et un adulte, c’est de la pédophilie et c’est illégal ».

  34. J’ai 22 ans. J’en aurai 23 à la fin de l’année. J’ai passé 10 ans de ma vie à tenté de me suicider, à me faire vomir, arrêter de manger ou dévorer, à me scarifier le bras & à me détester. J’ai passé au moins 8 ans de ma vie à m’faire emmerder par des hommes , incapables de répliquer.
    J’ai jamais vraiment compris pourquoi j’allais si mal. J’ai jamais vraiment compris pourquoi tout ça … malgré mes parents présents & aimants.

    Et puis voilà qu’à 22 ans, après tout ce que j’lui dis, une psy me fait ouvrir les yeux sur le pourquoi, sur l’agresseur, le mari de ma tante, de ma marraine même. Et là j’ouvre les yeux, tout s’explique . Et j’ai envie de hurler ma colère, mon ressentiment. Mais tes mots sont bien plus forts. Alors je les lis. Et je pleure. Et dans un sens je suis soulagée de savoir. Mais de l’autre, je sais pas quoi faire…

    Je t’embrasse. Et suis heureuse de t’avoir découvrir un jour, y’a maintenant plusieurs années.

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