Guide du non militant : comment supporter les militant-es, ces hippies-punk-blousons-noirs

CW : ironie sur les liens entre militant-es et non militant-es

Félicitations ! Tu as dans ton entourage quelqu’un-e de militant-e ! Mais tu en as assez de le-la suivre sur les réseaux sociaux car il-elle parle toujours de la même chose ! Marre d’entendre sa rage sur l’injustice ? Assez de ses pleurs sur ses discriminations vécues ? Ras le cul d’écouter sa souffrance ? Pas envie de l’encourager dans son combat pour un monde plus juste ? Envie de légèreté sur son fil, plutôt que le rappel permanent du monde sexiste, raciste et homophobe qui nous entoure ? Trop des témoignages relayés de situations affreuses et pourtant réelles ? Pas de souci, ce guide te permettra de rester confortablement dans ta bulle de privilège sans te soucier du reste du monde !

1/ MUTE LE

Pourquoi s’embarrasser d’un Unfollow dramatique alors qu’on peut simplement faire taire de manière hypocrite les proches qui l’ouvrent trop ? N’hésite pas à employer cette tactique simple, le bouton existe sur Twitter, et sur Facebook, il suffit de choisir de ne pas voir les publications apparaître dans ta ligne d’info ! Et voilà ! Sans remous, sans engueulade chiantes et politiques, tu peux rester dans le confort de ton ignorance sans heurter l’hyper sensibilité hystérique de ton-ta proche militant-e !

 2/ ARRÊTE DE LE VOIR

Pourquoi ne pas y penser avant ? C’est simple non ? Arrête de voir cette personne toxique qui cague sur ton arc en ciel avec ses idées révolutionnaires ! Pourquoi diantre devrais tu te fader les diatribes enflammées et certainement utopiques de ce jeune blouson noir ? Cesse simplement de l’inviter le dimanche midi pour le poulet rôti traditionnel (il-elle est surement vegan de toute façon).

3/ SOIS OUVERTEMENT TOI-MEME

Mais oui alors ! quelle bonne idée ! y’a pas que ces excité-es de la manifestation qui ont le droit de dire ce qu’ils-elles pensent ! Tu n’es pas raciste, mais quand même, tu trouves qu’il y a pas beaucoup de blancs dans ta rame de métro ? Mais dis le bon sang ! Tu n’es pas de droite, mais quand même, ces syndicats de merde, ils bloquent tout le pays et ils empêchent les braves gens d’aller au turbin ? Affirme-toi ! Tu n’es pas privilégié-e, tu crois à la méritocratie, mais ton seul souci c’est de savoir si tu pars aux Baléares ou en Croatie cet été ? Défends ton droit à la richesse ! Ils ont qu’à bosser après tout ! Avec un peu de chance, le-la hippie-punk qui te sert de proche décidera par lui-même de ne plus te fréquenter ! Et hop ! Problème réglé !

4/ CHANTE DU FLORENT PAGNY

Marre de cette énième querelle familiale autour des allocations familiales ? Tu n’en peux plus d’entendre ton-ta militant-e de cousin-e défendre les pauvres ? Mets-toi simplement à hurler du Florent Pagny ! ET VOUS N’AUREZ PAS MA LIBERTE DE PENSER ! EN BOUCLE ! Parce que merde, chié, crotte, on ne peut plus rien dire dans ce pays, marre de la police de la bienveillance, si j’ai envie de dire de la merde et de chier sur l’humanité, J’AI LE DROIT. TU M’EMMERDES MAURICE AVEC TA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME D’ACCORD ?

5/ DEDOUANE TOI DE TOUT LIEN AVEC L’INDIVIDU SUS MENTIONNE ET NON DES OUTRES

Lui ? Avec le keffieh là ? Non non, je ne connais pas. Sûrement un hurluberlu qui s’est perdu dans notre quartier cossu. Huhu. Elle ? La dame avec la pancarte qui me fait des grands signes. Non non. Elle doit me reconnaître, j’ai eu un encart dans Stars et Couronnes récemment. Hihi. Et voilà. En quelques petits mensonges sans conséquences, vous n’êtes plus affligé-es du boulet noir et rouge, votre image vous appartient à nouveau, vous êtes libéré-es, délivré-es, vous ne sentirez plus jamais la merguez et vous n’écouterez jamais plus Bella Ciao au réveil. La vie est belle non ?

2 réflexions sur « Guide du non militant : comment supporter les militant-es, ces hippies-punk-blousons-noirs »

  1. J’en ai pas marre des militants, j’en ai juste marre des militants qui se contentent de braire sur le malheur sans proposer de solution.

  2. Et à contrario, j’admire les gens qui se bougent le cul pas seulement dans les manifs.
    Les p’tites vieilles qui poussent une gueulante quand une jeune se fait emmerder, les blancs qui ronchonnent quand un commerçant ignore visiblement un noir, les types qui se lèvent dans le train quand il y a une femme enceinte qui débarquent, ou qui balancent une phrase gentille mais féroce pour qu’au moins une personne se lève, les femmes qui insultent le salaud qui manque de respect à leur copine, les adultes qui interviennent quand des chamailleries entre jeunes dérapent.
    J’ai cessé de croire au militantisme à trop voir de trop militants du dimanche, mais j’ai été ravis de voir des gens s’indigner et le manifester 🙂
    Et j’ai du respect pour les militants 24h sur 24h, 7jours sur 7. 😉

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