Happy Place

La relaxation, c’est pas tellement ma came. J’ai beau essayer, les sons des baleines, le bruit de la pluie, le yoga, la sophrologie, ca m’énerve, ca m’excite, j’ai l’impression qu’on me prend pour une conne et qu’on me sert du vent, qu’on m’infantilise un peu et qu’on me manipule vraiment, j’ai pas assez confiance dans les gens pour leur donner mon stress, si ils dérangent tout à l’intérieur, si ils remuent les poussières et qu’ils rangent pas derrière, ca va juste me niquer un peu plus, me saouler et me donner envie de taper, j’aime pas la médecine douce, les cristaux et les amulettes, les algues de Papouasie et lampes au sel, je préfère les benzo, l’atarax ou le valium, ces trucs là ca marche tout de suite, 5 minutes sous la langue, 2h dans ton lit, t’as fait chier personne et t’as pas raconté ta vie, tu respires pas comme un phoque en essayant d’évacuer, tu finis pas en nage en position du chien couché, ca t’apaise le temps d’un instant, après ca va pas mieux, parfois même c’est pire, mais au moins t’as respiré, tu t’es posée, t’as empêché les petits vélos de tourner, abrutie mais heureuse, ne pensant qu’à recommencer.

Les deux seuls trucs qui me détendent vraiment, qui me font arrêter de penser en rond, c’est ta queue et puis gueuler, parfois aussi pleurer, ca m’arrive de tout faire en même temps, gueuler sur ta queue qui me prend, jouir et puis pleurer, les pleurs de décharge du nourrisson tu connais, ca t’inquiète, je sais c’est bizarre, c’est même un peu flippant, mais je te jure, c’est rien, c’est juste mon corps qui se détend, le canal lacrymal qui se laisse un peu aller, j’ai plus mon masque, plus mes défenses d’ivoire, mon air imposant et mon air renfrogné, je me sens un peu petite, un peu ailleurs, un peu bien, ca part tout seul, ca coule, j’essaie même pas de m’arrêter, si tu savais comme c’est bon, les traces de sel sur les joues quand mes yeux arrêtent de se mouiller, ta main qui serre la mienne, tes yeux encore dans les miens et le poids de ton corps, c’est presque mieux que la sensation d’avant, celle qui part de mon ventre et qui remonte doucement, ca part de plus loin, de ce que je cache et que j’enfouis, des choses que je ne dis à personne, ni à moi même, ni à mon psy, ce cri un peu primal, animal, qui sort quand tu arrêtes de vouloir tout contrôler.

J’ai couché, j’ai séduit, j’ai vendu mon cul pour retrouver ce sentiment, j’ai cru qu’avec celui là peut-être ca fonctionnerait, au delà du sexe c’est ça que je veux vraiment, t’as pas besoin de m’aimer pour que ca le fasse, pas besoin d’être parfait, c’est la manière dont tu me baises, la façon dont tu me touches, plus profond qu’avec ta queue, plus loin qu’avec tes doigts, ce truc qui dort à l’intérieur de moi, j’ai besoin de toi pour y arriver, pour décrypter, quand je veux me lever juste après, dis moi de rester là, de ne pas bouger, de rester contre toi, dis moi ce que tu vois dans mes yeux quand ils se voilent, à quoi je ressemble quand je me sens exister vraiment, dessine sur mon dos ce que j’ai de caché, je n’arrive pas lire, j’ai pas mon mode d’emploi, aide moi à trier, entre les larmes et les hoquets, sois fort pour moi, j’ai abandonné, je dépense tellement d’énergie à tout verrouiller, tout enfermer, les temps où je me laisse aller sont contrôlés, thérapeutiques, encadrés, je me force à creuser, après la baise ca s’en va, ca se pose à côté de moi, ca prend vie sans que j’ai besoin de faire d’effort, ca s’éloigne et puis ca disparait, la bête qui crie à l’intérieur de moi s’efface, larme après larme, orgasme après orgasme.