If You Don’t Get What You Want

L’odeur de ta voiture, le tabac froid et ton parfum, celui que j’aime pas, qui me pique les yeux et que je sens partout dès que tu t’en vas, la route vers ce week-end-end, la frontière et puis Bruxelles, l’hôtel et puis les rues, le froid et puis les frites, la chambre et puis ton corps, j’ai pas de souvenirs précis, rien à raconter vraiment, juste des images que je n’arrive pas à retenir, le soleil place Sainte Catherine, ton tee-shirt drôle qui fait hurler les gens, ta main qui ne prend pas la mienne, ma bouche qui te cherche, l’impression d’être toute seule, d’être sans toi encore.

Je m’en étais fait toute une histoire, tu sais, ce week-end-end avec toi, dans mon sac j’avais tout prévu, dans ma tête c’était déjà écrit, ce que j’allais te dire, ta manière de réagir, ma main dans la poche de ton manteau, les bières qu’on allait boire, les gens qu’on allait voir, être à deux devant des gens, c’était permis, c’était acquis, on devenait ensemble quelqu’un, on partait deux, on revenait un, j’avais gagné, des mois à te chasser sans t’attraper, des nuits entières à te retenir, à te chercher, c’était la fin de l’errance, sans parler tu acceptais d’être avec moi vraiment, pas juste entre les murs de ta chambre et les draps de mon lit.

Les pavés des rues qui montent, le rock alternatif qui hurle, ce concert où je t’ai laissé quelques secondes hors de ma vue, je t’ai perdu, cette nuit à te chercher, entre les grappes de gens, dans les bars et sur les parkings, ton téléphone qui sonne dans le vide, la peur qu’il te soit arrivé quelque chose de grave, le retour à l’hôtel, infiniment seule, infiniment triste, l’attente, roulée en boule dans notre lit, que tu reviennes, que tu appelles, ton message laconique, le tram et la gare du Midi, le Thalys, le métro, et mon lit.

Je te laisse revenir pourtant, à chaque fois, tu reviens et tu arrives à me faire oublier, juste au moment où j’ai décidé de t’oublier, t’effacer, te tuer, tu fais quelque chose de formidable, de joli, d’amoureux, tu ne t’excuses jamais, tu n’en reparles pas, je me dis que toi et moi on est au dessus de ça, on a pas besoin de s’expliquer, on est des êtres libres, on est intelligents, la vérité c’est que tu ne sais pas parler, t’es autiste et j’ai peur, si je rentre à l’intérieur de toi, si je te force à me dire, de découvrir que t’es le connard objectif que je décris dans ces quelques lignes, j’veux garder mes oeilleres, j’veux pas te voir, juste l’odeur de ta voiture et ton parfum.