Les hommes sont des petits lapins. Poussins. Coin-Coin.

Les hommes ne sont pas les meilleurs amis des femmes. Non non.

Les hommes sont des petits lapins.

Parfois il faut les attraper par les oreilles pour les foutre à la casserole.

Parfois il faut les dégager à grand coup de pompe dans le derche pour qu’ils arrêtent de te chier sur les pompes.

Parfois tu as envie de les prendre dans te bras tout mous et de leur faire des calins, mais parfois, t’as juste envie de faire partie de celles qui aiment avoir un animal de compagnie.

Quand tu te promènes dans les animaleries, tu as du mal à te retenir, tu aurais bien 4 petits lapins chez toi, mais tu résistes, parce que tu ne pourrais pas t’en occuper. Alors tu prends du plaisir à caresser le petit lapin de ta copine, en plus du tien.

Le problème des petits lapins, comme des animaux de compagnie en général, c’est quand tu veux partir en vacances, en week-end. Quand t’es une gentille propriétaire, tu les laisses à une copine, pour qu’elle s’en occupe. Quand t’en as rien à foutre, tu te barres en laissant une vieille assiette de croquettes et un bol d’eau croupi, en espérant qu’il se soit barré quand tu rentres.

Le monde un peu comme une SPA géante. Ils sont tous là à te regarder avec leurs grands yeux de petits lapins tristes.

Et puis quand tu as eu des petits lapins, parfois, t’as envie d’autre chose. D’un furet. D’une petite souris. Ou juste de rien. Alors ton petit lapin maigrit. Il commence à ronger la bouteille de JB. Il bouffe tes restes de pizza froide en grelottant sur le carrelage de la cuisine. Alors t’es partagée, entre l’envie de l’euthanasier, pour la souffrance tu comprends, ou alors de passer une dernière fois ta main entre ses deux petites oreilles velues, histoire de se quitter sur un bon souvenir.

Bien sur parfois, tu perds ton petit lapin. Tu tournes la tête, tu vas bosser, ou simplement tu respires, et dans l’instant qui suit, il disparait. Il laisse souvent des traces derrière lui, petites crottes moisies sous le lit, que tu frottes contre ta joue en chialant. D’abord tu comprends pas, tu veux pas comprendre, t’es sure qu’il reviendra, mais non ma grande, te raconte pas d’histoires, c’est fini, tu le sais parce qu’il te le dit, dans un café pourri, en public comme si il flippait, comme si en tête à tête tu allais le tuer, le frapper, l’assassiner. Mais il a simplement peur que tu chiales, de voir que vraiment t’es mal, alors il te paie un dernier demi, il se rachète une conscience en se disant qu’au moins, lui, il te largue de vive voix. Toi tu chiales pas, parce que t’es glacée, congelée, que ton cerveau ne fonctionne plus, tu cries pas, tu hurles pas, tu demandes même pas pourquoi, parce que tu sais que la réponse est “c’est pas toi, c’est moi”. Mais c’est pas toi, c’est lui, c’est sa nouvelle pute, celle qui écarte les cuisses mieux que toi et qui a la nouvelle PS3.

Tu rentres chez toi, c’est comme une maison témoin. La traces de son cul encore dans le canapé, les mégots dans le cendrier, témoin de ce qui a été, de ce qui est cassé et de ce qui maintenant n’existe pas. Tu pètes un peu les plombs, t’attaque la vodka, tu tapes dans ta coke de l’année dernière, celle que promis tu toucheras pas, tu réponds pas au téléphone, tu vas pas au taf, tu regardes le plafond et tu attends que ca s’arrête, que ton cerveau se réveille, que le cauchemard s’arrête, mais ca s’arrête pas, ca devient plus dur, maintenant tes potes sont au courant, ca sonne à l’interphone et on te demande de parler. De parler de quoi. T’as pas envie d’avouer que ta dernière requête Google c’est suicide, mode d’emploi, que tu pues le tabac froid, et le vomi un peu aussi. Que tu t’en veux, que t’es moche et inutile, que tu te sens crevée du dedans, que t’arrive pas à effacer son dernier SMS, son dernier mail, sa voix sur ton répondeur, avec ce message que t’écoute en boucle, celui ou il te dit qu’il t’embrasse, pourtant c’est rien, mais ca te sauve un peu la vie de penser que t’as pas rêvé tout ca, qu’il y a encore quelques heures t’étais importante pour quelqu’un, que t’étais pas juste cette pauvre fille un peu borderline, un peu cramée putain.

Un matin tu te réveilles, tu mets du rock qui hurle et du rap qui claque, tu mets des fringues de pétasse et ton maquillage de macrelle, t’envoies le même message type à tout ton répertoire masculin, le premier qui répond tu l’baises. Parce que 100 peines de cul sont plus faciles qu’une seule peine de la tête. Que ton corps ne te trahit pas, alors que ton cerveau tu sais plus comment l’arrêter, il tourne à vide, tourne en rond, pour le faire taire tu te fais jouir en désordre en te branlant contre des connards qui se branlent à l’intérieur de toi. T’oublie leur queue dès que tu sors de leur appart, tu reprends le métro et tu repenses à ton mec, et tu te vomis d’avoir fait ca, d’avoir encore une fois fait n’importe quoi. T’es saoulée de toi, t’as envie de te jeter contre un mur mais t’es plus forte que ca, tu ravales ta bile et tu changes de playlist, tu penses à des trucs un peu débiles, le soleil le matin en été, l’odeur de ta mère, tu chiales un peu, tu fumes beaucoup, t’efface ton répertoire de toquards, un jour il vient récupérer ses clés, tu lui balances à la gueule en le traitant de connard, tu revois tes potes qui sont inquiets, qui te prennent pour une tarée, qui écoutent tes histoires en pensant que t’es paumée, perdue, foutue, mais t’es juste sur la bonne voix, tu recommences à parler de toi. à déconner, à sortir, à glander, t’as presque tout oublié.

(Wednesday, December 16, 2009)