Grossophobie, same shit, different day

Je me réveille, en retard. Je monte sur mon scooter. A chaque fois, une pensée pour cette image utilisée contre moi quand j’ai eu le malheur de demander à mes proches un coup de pouce financier pour l’acheter, cette femme en obésité monstrueuse sur un scooter médical, je n’arrive pas à l’oublier, est ce donc cette image que je renvoie aux autres ? Au premier feu, un mec en moto me parle, je dois soulever mon casque pour l’entendre m’insulter « tu feras mieux de prendre tes pieds », il se marre avant de démarrer. J’arrive au boulot, passage à la cafétéria, tous les jours le même allongé, « tu devrais passer à l’aspartame, c’est quand même meilleur pour ce que tu as’, merci collègue, j’avais failli oublier mon obésité, merci pour tes conseils, je garde mon demi sucre, merci. Boulot, passage sur les réseaux sociaux, la grosse Daria, Daria imbaisable, Daria inviolable à cause de ses bourrelets, même merde chaque jour déversée par les trolls, je bloque je passe, je ne fais presque plus attention. Midi, cantine, je ne choisis que des légumes, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec un régime, ca n’empêche pas l’invective « oh mais si tu manges que des crudités à midi, tu dois surement te goinfrer le soir, tu ferais mieux de bien manger maintenant, tu sais ce qu’on dit, le matin comme un roi, le midi comme un prince, le soir comme un pauvre si tu veux maigrir hein! », je ne connais pas la personne qui me parle, mais elle est à priori autorisée à me dispenser ses conseils diététiques. Parce que je suis grosse, et que l’humanité doit me sauver. Ou parce que ca la rassure de penser qu’elle n’est pas comme moi, qu’elle est mieux que moi. Je ne sais pas.

Boulot, pause, je prends l’ascenseur, deux hommes sont déjà là, conversation légère, « oh tu sais moi les thons c’est surtout les grosses, une mince, même moche, ca peut passer ». Fin du travail, retour sur mon scooter, pensée pour cette femme que je suis peut-être, en fait. Passage chez Monoprix, je voudrais des collants, la taille 6 dans les boîtes jaunes, je ne les trouve pas, je demande à l’employée « oh ici on a arrêté de les stocker, on a pas trop de clients comme vous dans le quartier ». Je shoppe donc dans un quartier sans gros, je ne me sens pas du tout stigmatisée. Respire, sors, tu trouveras pas de collants, c’est pas grave, remets ton legging troué et commande sur un site allemand les mêmes mais plus cher, parce que t’es grosse mais en plus t’es grande, pas de bol, fallait naître rentière. Sur le chemin, un petit con en vélo me traite de grosse pute, on échange quelques plaisanteries, il finira par lâcher un très joli ‘moi les grosses je les encule », fin de partie. Je rentre chez moi, une voisine est en train d’emménager, il y a une chiée de cartons dans le hall d’entrée, son mec me demande de l’aider à porter un meuble lourd, parce que sa copine « elle a pas les os aussi solides que vous, ca se voit tout de suite ». Si je refuse je suis une grosse enculée, j’accepte donc, je suis déja difforme, il ne manquerait plus que je ne sois pas aimable, si t’es pas jolie, sois au moins polie. Je me cale dans le canapé, la vidéo du casting des mannequins du défilé Victoria Secret’s tourne, on plaint ces filles superbes qui subissent le jugement des casteurs, s’ils savaient … Le téléphone sonne, une copine désespérée de faire un 40, je comprends, j’ai pas de souci avec la dysmorphie des autres, chacun sa merde, seulement parfois c’est un peu trop à supporter, la plainte de la nana normale qui m’explique qu’elle souffre affreusement de ne plus pouvoir se fringuer, de ne plus être désirable, de se sentir diminuée par 3kg en trop, « oui mais toi c’est pas pareil, tu le portes si bien », mon cul, c’est pas pareil parce que c’est pire, mais ca t’emmerde d’y penser.

Je prends un bain. Je regarde mon corps que je ne peux pas m’empêcher d’aimer. Mais il y a des soirs plus difficiles que d’autres, de ceux où tu t’attardes sur le moindre centimètre, où ton enveloppe te semble juste bonne à foutre en l’air, puisque tout le monde te le dit, puisqu’en ce qui te concerne, tout est permis, on peut tout te dire, tout te faire subir, puisque tu es grosse, et que tu ne mérites pas le respect élémentaire. On peut te donner des conseils sur ta présumée maladie, on peut te dire comment t’habiller, on peut contrôler ce que tu as dans ton assiette ou dans ton panier, on peut te conseiller de maigrir avant de soigner ton angine, on peut te dire que tu es imbaisable, que tu finiras seule, que tu ne pourras pas avoir d’enfants juste en te regardant, on peut te rabaisser sans cesse. Et ne me parlez pas d’incidents isolés, il n’y a pas une seule journée où je ne suis pas confrontée aux remarques intrusives, aux regards mal placés, est ce que vos vies sont à ce point vides et tristes pour que vous ayez le besoin de vous rassurer en crachant sur la grosse qui passe, est ce qu’il n’y a pas un espace secure où je pourrais évoluer ? Non, ni Internet, ni la rue, ni le travail, ni les relations intimes, ni ce que je pense, ni ce que j’écris, ne semble échapper à une lecture pondérale, tout est lu et analysé dans le prisme de mon obésité. Tu dis ca parce que t’es grosse. Tu penses ca parce que t’es grosse. Tu t’habillerais pas comme ca si t’étais maigre. Merde.

Au moment où je poste ce billet sur Twitter, voilà ce qui passe dans ma TL.

73 réflexions sur « Grossophobie, same shit, different day »

  1. Je ne fais que du 46 (selon les enseignes) sans être trop grande donc je peux pas me permettre de dire que je vis la même chose que toi, mais je me reconnais dans pas mal d’expériences que tu as rapportées… (Dernièrement un inconnu aussi gras que moi qui m’a dit « fais du sport au lieu de bouffer » parce que j’osais grignoter un truc en allant chez un pote.) Je ne comprends pas pourquoi le prêt-à-porter ne nous prend pas en compte, il suffit de sortir un peu pour constater qu’on est pas mal à être « plus size ».. Je n’ai rien de plus à dire que tu saches hélas déjà mais je te fais un gros câlin mental et t’apporte mon sincère soutien.

  2. Aaaaaaaargh, c’est fou que tu arrives à rendre drôle ce qui doit être un enfer quotidien…
    Enfin, en vrai, j’ai ri jaune.
    Bisous, et #CthulHugs

  3. Résumé :

    « Je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime.

    Je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime.

    Je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime, je suis une victime. »

    Dans mon précédent taf, y’avait une fille obèse. Mais au lieu de passer sa vie à pleurer sur son sort, elle était souriante, cool, et allait de l’avant.
    Du coup, tout le monde l’aimait. Elle était invitée dès qu’il y avait des soirées, etc.
    Elle avait toujours un mec. Et y’en a pas mal d’autres mecs qui aurait aimé prendre sa place. Parce que c’était une fille avec qui on aime être. Elle ne nous a jamais pété les couilles avec des problèmes dont c’était à elle seule de résoudre, mais je sais même pas si c’était des problèmes.

  4. C’est fatigant, ces gens qui l’ouvrent juste pour dire qu’il faut que les autres la ferment…

    Câlin mental itou.

  5. Pour Jean :

    « Je dis de la merde sur les internet et je rabaisse les gens en te mettant sous le nez qu’il y en a qui font mieux que toi »

    Pauvre con. Sombre idiot.

    Un blog est censé exprimer des choses enfouies, profondes, qui ne se lit pas sur ta tronche.

    Si tu connaissais Daria tu saurais qu’elle est exactement la super meuf que tu décris en dessous de tes parenthèses où tu la rabaisses.

    C’est dingue de toujours venir ouvrir sa gueule sans savoir de quoi vous parlez.

  6. Mais ta gueule Jean. T’es pas obligé de commenter, si t’as l’empathie d’une cuillère à café et que tu veux pas voir les discriminations, ferme cette page et va voir ailleurs mais ne vient pas chier dans la bouche des gens.
    Ouai c’est cool, tu connais une pote grosse qui le vit bien, c’est ton petit bouclier que tout vas bien. Ben moi mes meilleures potes sont grosse et ca inclut ce que Daria dit, ou qu’on leur dise qu’on embauche pas des grosses, qu’elles sont pas séduisantes, que ceci et cela. Merde à la fin.

  7. Tu sais bien que quand on balance une horreur à quelqu’un, c’est toujours parce qu’on ne va pas bien ou qu’on est insecure. Ces gens qui te balancent ces trucs ne le font pas parce que tu le mérites mais parce qu’ils passent leurs nerfs ou se rassurent pour x raisons qui n’ont pas de lien avec toi. Ca ne viendrait pas à l’esprit de quelqu’un qui se sent bien de brusquement se transformer en connard et en monstre d’égoïsme qui ne prend pas le temps de réfléchir à ses actes juste parce qu’il croise quelqu’un sur un trottoir dont l’apparence diffère de celle dont il a l’habitude et que ça l’interpelle. Il n’y a vraiment que quand on n’est pas content de soi qu’on se met à critiquer les autres. Ajoute aussi à ça le fait qu’un tas de gens ne sont pas capables d’empathie, soit parce qu’ils sont trop centrés sur eux mêmes, soit parce que ça les fragiliserait, et que te voir doit envoyer à leur inconscient un signal qui leur dit que tu n’es sans doute pas heureuse, ce qui les met fugitivement mal à l’aise et au lieu de se contenter de se détourner, ils vont plus loin en lâchant une horreur qui met directement un mur entre eux et toi pour rejeter le plus vigoureusement possible l’empathie qui aurait du avoir lieu.
    Une seule suggestion : écris ma belle, passe au format littérature, fais entendre ta voix qui ne ressemble à celle de personne d’autre, la place est libre et elle devrait devenir la tienne. Prends cette place qui te revient parce que tu es assez douée pour la mériter, ça te donnera ensuite une place dans la société que personne ne pourra venir contester parce que tu seras observée pour ton travail et non ton apparence physique. S’il y a bien un endroit où on peut être trop gros ou trop maigre ou trop vieux ou trop ci ou pas assez ça, c’est en littérature où la seule chose qui compte est la façon de d’écrire et de penser.
    Baisers.

  8. Jean c’est pas possible sérieusement.

    Tu as une femme qui t’explique qu’elle a beau aimer son corps tel qu’il est elle ne peut échapper aux remarques extrêmement intrusives, blessantes, des gens qui lui font payer ce corps que EUX n’aiment pas, et qu’elle souffre de cela.

    Et toi tu oses dire que c’est son attitude à elle qui pose problème ? Que c’est à elle seule de le résoudre ? Tu ne vois pas un souci ?

  9. @Pétroleuse : oui, c’est exactement ce qu’a fait Daria dans son article

    Pour les autres : Elle a fait un article pour se faire lécher, et en bons petits soldats, vous le faites et vous attaquez ceux qui s’y refusent. Belle fanbase.

  10. Jean, tu es juste un gros connard. Il y a une différence entre pleurer sur son sort sans raison, et simplement dénoncer des comportements ignobles – dont tu es l’exemple parfait. Le problème, ce n’est pas l’obésité (depuis quand le corps serait un problème ?), ce sont les gens comme toi.

    Daria, je ne peux évidemment pas ressentir ce matraquage quotidien, mais je le vois et le conchie. Et je compatis. <3

  11. @ Jean : et à quoi ça sert que tu fasses ce commentaire, toi ?
    T’as mal dormi, tu t’es levé du mauvais pied, t’as décidé que aujourd’hui t’allais troller quelqu’un pour l’emmerder ?

    Elle écrit bien ce qu’elle veut en plus, si t’es pas content, que ça te plait pas, t’as qu’à pas lire. Et tes commentaires puants ne sont pas indispensables.

  12. @Jean Pour comprendre ce post il faut comprendre le sens du mot « usure ». Tout bêtement.

  13. @La Vachère : c’est bien ce que je dis => si t’es pas content, t’as qu’à pas lire, puisqu’apparemment ici, la parole n’est réservée qu’à ceux qui trouve ça génial. Et ceux qui ne sont pas d’accord ne doivent pas le dire. J’ai bien saisi ?

  14. Les gens se basent sur l’image que tu renvoies de toi.

    Si tu te fais catégoriser comme ça (hors adolescent qui se croit malin dans la rue), c’est que tu renvoies ton mal-être au visage de ton interlocuteur.
    Et les rares fois où ça n’arrive pas (exemple, ton amie qui fait 3 kg de trop et qui ne remarque pas tes problèmes, tu t’en plains). En fait voilà.

    Tu recherches cette vision, celle où tu es différentes ou plainte pour ce que tu es.
    Visiblement ça marche.

    C’est très moderne ça, de jeter à la face des gens sa « différence », d’en faire son angle de toute communication, et de reprocher ensuite à son auditoire de relever cette différence. Mais il s’agit surement d’un stratagème afin qu’on s’occupe un peu plus de toi. Classique.

    Tu dis « […] ni ce que j’écris, ne semble échapper à une lecture pondérale, tout est lu et analysé dans le prisme de mon obésité ». D’accord. Mais c’est la seule lecture que tu proposes.

    Rien que ton slogan « La seule adresse a taper en gras » confirme l’intégralité de mon poste.

    Excuse moi, je vais aller réconforter ceux qui ont des problèmes plutot que ceux qui se complaisent dans les leurs.

    Bonne continuation.

  15. Une belle pensée pour toi! les gens sont cons!
    Dans une moindre mesure, quand je mange avec des collègues (femmes), elles prennent des salades et moi un cheeseburger avec frites et j’ai le droit à quelques remarques bien senties: « ah toi t’as faim! », « moi, je fais attention, c’est bientôt l’été! », etc etc! Elles font un 36, moi un 44 et je leur répond que je cultive mes formes, beaucoup plus dur qu’il n’y parait, des rondeurs, ça s’entretient 😉
    Les gens ont toujours besoin de rabaisser les autres pour ce sentir mieux, au-dessus!
    Bon courage pour arriver à les ignorer.

  16. @Jean Ouai tire toi ça nous fera des vacances. Daria tu ne la connais pas donc tes procès d’intention tu te les gardes. Tu as de la chance de ne pas être victime de ségrégation et d’être du bon coté de la barrière. Alors ton discours de dominant a deux balles tu vas le claquer ailleurs.

  17. 🙁
    Je vois souvent ces comportements, et je ne trouve pas ça franchement normal… Les gens sont tellement cons !

    Je t’envoie une cargaison de câlins, en tout cas <3

  18. Change d’entourage choupette, tu as l’air d’être entourée par de sacrés connards ^^

    Je veux dire, quand on a des amis beaufs, faut pas se plaindre après !

  19. Euh il n’est à aucun moment fait allusion à mes amis dans ce texte.
    D.

  20. Elek ; non il est beaucoup trop facile de dire que si l’on souffre de discriminations c’est au fond notre faute car on ne renverrait pas la bonne image. En clair tu expliques que les reflexions que daria se prend sont de sa faute.
    En imaginant qu’une personne grosse soit en pleine dépression ou en plein mal-être, cela justifierait de la traiter ainsi ? Dans quel but ? tu penses que ca va la faire aller mieux ? « bon t’es grosse et en plus en depression donc je vais t’insulter comme ca tu iras mieux à coup sur ? »
    personne ne demande ici de ne pas relever une différence ; mais de ne pas s’en servir pour humilier, insulter, discriminer.
    tu dis enfin que daria propose une seule lecture à l’aune de son poids. tu as franchement lu ses textes ? ou tu t’arrêtes à celui ci ?

    jean ; c’est curieux de penser que lorsqu’on fait un constat sur une situation, on devient une victime. et pire que ca serait un problème d’être une victime.
    pourquoi donc ?
    il ne s’agit pas d’être la fanbase de daria. globalement tous et toutes on a intériorisé des préjugés contre les corps non normés.
    à part en vivant une discrimination il est extrêmement difficile de se rendre compte de ce que les personnes vivent. Daria nous en fait un constate objectif ; ca nous permet aussi de nous interroger sur nos propres comportements.
    tu dis à propos de ton amie « c’etait la seule à pouvoir résoudre ces problemes etc ».
    sauf que non. ce n’est pas à la personne qui souffre de discriminations de régler les choses mais à ceux la discriminant d’amender leurs comportements.

  21. @Elek je comprends pas, partager ses problèmes c’est se complaire dedans ? lire un post sur internet c’est forcément être pour ou contre au lieu de juste prendre acte de ce qu’on a lu et d’y réfléchir éventuellement dans son coin ? c’est ça qu’est devenu le quotidien de tant de gens depuis la création de l’internet ? avoir un avis sur tout, le donner systématiquement et choisir son camp ? quel drôle de choix de vie…

  22. @valerie Le problème, ce n’est pas d’être une victime, c’est la démarche pour en sortir.

    Quand on en est une, il faut réagir pour ne plus l’être. Et pas pleurer en 5000 caractères pour dire qu’on est trop malheureux et que les gens sont vilains.

    Elle est malheureuse ? Elle veut que ça change ? Qu’est-ce qu’elle va faire ?

    A aucun moment elle n’évoque ce qu’elle compte faire pour changer les choses.

    Si, peut-être écrire un article pour dire que de traiter de gros les gros, c’est vilain. Pas sûr que ça serve à quelque chose.

  23. Wahou chaque jour une preuve de plus de la bêtise des humains! dans cet article et en live dans les commentaires! Courage !

  24. Daria, loin de moi l’envie de planquer ton expérience sous le tapis, mais c’est un peu comme les femmes agressées parce qu’elles portent le voile, ou les meufs (avec des silhouettes très différentes) qui subissent le harcèlement de rue… Tu vis ça parce que tu es une femme. Pas à cause de ton poids. Ne le perds pas de vue. Les « sale grosse » que certains t’envoient ne sont qu’un avatar de la haine du féminin (pour une rousse, une racisée, une femme qui fait du 36, une acnéique, une meuf qui sourit dans la rue… la grammaire est la même, seule l’insulte varie un peu).

  25. Le fait que je sois une femme grosse est évidemment indissociable de la plus part des remarques et des discriminations. Ceci dit, la discrimination grossophobe est différente de la discrimination misogyne. On peut me reprocher de ne pas être intersection elle de manière moins discrète, sinon.

  26. Edifiant…

    J’ai toutefois une petite réserve sur le « moi les grosses je les encule » : c’est plutôt une belle marque de courage de te faire une si belle déclaration de but en blanc et d’avouer qu’il a envie de te faire l’amour tendrement (bon, ok, dans les fesses), un coup de foudre, probablement ^_^

  27. « Elle est malheureuse ? Elle veut que ça change ? Qu’est-ce qu’elle va faire ?

    A aucun moment elle n’évoque ce qu’elle compte faire pour changer les choses. »

    Et les autres, hein, qu’est ce qu’ils comptent faire pour changer les choses? Qu’est ce qu’ils comptent faire, les cons qui se permettent des remarques sur le corps des autres alors que personne ne leur a rien demandé? Tu as un corps que tu acceptes et avec lequel tu vis en paix. Qu’est ce que tu peux faire pour ne plus subir ces phrases débiles et cette discrimination, à part militer, comme le fait Daria, et témoigner?

    Jean, éclaire ma lanterne, réponds donc à ma question: tu es gros (mais heureux comme ça), le monde entier te le rappelle en permanence, se permet des conseils sur ta façon de te nourrir et te fait bien comprendre que tu es sans doute moche, paresseux et mou en prime.

    C’est quoi, ta technique pour changer les choses, à part répondre aux insultes/remarques et militer (deux choses que fait Daria)?

  28. Le problème, c’est qu’à ce moment là, on est tous victimes. Qui n’a jamais subi de quolibets réguliers à cause de quelque chose : un nom disgracieux, une manie désagréable, un tic de langage ?

    Est-ce que cela vaut la peine d’être relevé, monté en épingle et pointé du doigt comme une tare de notre société ? Pas forcément. Surtout dans le cas de la « grossophobie » (horrible mot qui ne veut rien dire) : si tu es en obésité, alors tu es en mauvaise santé, et il est normal que les gens le remarquent. Qu’ils te fassent la réflexion est certes indélicat de leur part mais tu ne peux pas faire comme si ton grave problème de poids était anodin ! L’extrême maigreur comme une grande obésité sont synonymes de morbidité, et c’est ce qui explique pourquoi les gens réagissent.

    Tu te sens bien dans ton corps et tu n’as pas l’intention de changer ? C’est ton choix. Il n’est certainement pas bon, mais ce n’est pas à nous d’en juger. Mais tu dois alors accepter toutes les conséquences : le regard que les gens portent sur toi n’est forcément pas le même que sur quelqu’un de parfaitement bien portant ! Evidemment, cela ne doit pas être source de discrimination pour autant…

    Il y a des combats bien plus utiles et importants à mener que celui que tu sous-entends ici. Pour moi, c’est un peu comme voir une pro-ANA revendiquer son droit à se laisser mourir sous les yeux des gens, et à vouloir que ceux-ci ne réagissent pas.

  29. Louisa,

    J’ai été obèse ( plus de 110 kilos pour 1m60) et je peux t’assurer qu’il existe réellement une discrimination grossophobe !
    Actuellement, je suis mince, une taille 38 donc je ne peux pas être plus dans la « norme », si je puis dire… Et les remarques qu’ont me fait dans la rue sont totalement différentes des remarques que je me mangeais quand j’étais grosse. Le harcèlement de rue que je peux subir actuellement n’est pas le même.

    Les gens ont réellement une haine du gros. Et quand on à le combo Gros + Femme, crois-moi, c’est loin, très loin d’être facile.

  30. N’importe quoi. Déjà, à part avec un super pouvoir, comment peux-tu juger de l’état de santé d’une personne rien qu’en regardant sa silhouette? Tu peux avoir un coeur qui bat nickel, zéro cholestérol et pas de problème de santé avec le fameux « IMC » à 32 (comme moi par exemple). Et même, partons du principe qu’être obèse, c’est automatiquement pas synonyme de ne pas être en bonne santé. Donc un handicapé en fauteuil, tu l’insultes ou tu lui fais des remarques en permanence sur son fauteuil?

    Le lien entre obésité et état de santé n’est absolument pas automatique, et de toute façon, peu importe tes considérations sur la question. Une femme grosse, mince, très grosse ou très mince, je ne vois pas pourquoi quelqu’un se permettrait une réflexion sur elle. Son cul (anorexique, obèse, ou autre), il ne regarde qu’elle.

    Et ça n’a rien à voir sur le fait qu’on se soit tous pris des réflexions débiles ados sur telle ou telle chose. Là on te parle de remarques systématiques sur ton corps. J’imagine que dans la rue, de parfaits inconnus ne viennent pas t’aborder en disant que ton nom de famille est moche ou que tu finis toutes tes phrases par « quoi »?

  31. Je ne suis pas dans ton cas, mais je comprends parfaitement ce que tu ressens. Je ne peux pas faire grand chose d’ici donc gros câlin virtuel!

  32. @Nombre premier : Rien ne justifie les insultes, évidemment, ni envers un handicapé en fauteuil, ni envers une personne obèse, ni envers personne, en fait !

    Je parlais du regard que les gens portent sur une personne obèse, car il me semble que c’est le nerf du billet de Daria, au-delà des insultes et des réflexions indélicates de ses collègues. Ce regard là est impossible à changer car on ne regarde pas de la même façon une personne en mauvaise santé qu’une personne en bonne santé. Et si, bien souvent, obésité = mauvaise santé. Et c’est d’autant plus valable que l’obésité est importante !

    Quant au fait d’être importunées dans la rue par des gros lourds qui vous disent que vous êtes grosses, sincèrement, j’ai un peu de mal à y croire. Les gros lourds qui arrêtent des filles dans la rue pour les « draguer » agressivement disent n’importe quoi quand ils se sentent humiliés (c’est à dire, quand les filles ne répondent pas à leurs interpellations) : et là, même la plus jolie fille du monde (c’est à dire répondant aux critères esthétiques de notre société) se fera traiter de « moche », de « grosse » (puisque c’est effectivement rédhibitoire pour bien des gens – y compris les femmes !) et j’en passe. Est-ce que ces insultes signifient autre chose que l’idiotie de ceux qui les expriment ?

  33. Olala, t’as surement raison, je suis une grosse menteuse parano.

    Allez.

    D.

  34. olala ; être en obésité n’est pas forcément signe d’être en mauvaise santé.
    quant à changer.; maigrir donc :). mais tu penses qu’aucune personne grosse n’a jamais pensé à cela ? en plus d’être gros, ils sont débiles ? ils cumulent dites donc.
    petit exposé express.
    Maigrir sur le long terme (surtout quand on souffre de TCA le cas de la majorité de personnes en état d’obésité) n’est pas facile. 80% des régimes échouent . si une méthode médicale échouait dans 80% des cas, partout on dirait « elle n’est pas bonne on en change ». on prefere ici parler du manque de volonté des gens. soit.
    les méthodes de rééducation alimentaire fonctionnent sur le long terme et si les TCA ne sont pas trop installés. sinon il y a bien sur les lourdes méthodes chirurgicales .. sur lesquelles on a peu de recul pour l’instant (et que tout le monde ne peut pas faire). Pour de fort surpoids, on ne sait pas encore trop quoi faire ; c’est très complexe et si les médecins nutritionnistes sérieux disent que c’est compliqué, je pense que cela n’est pas toi qui va résoudre le pb de l’obésité en 3 minutes.
    une autre chose. les gens ne te font pas de remarques car tu es en mauvaise santé. ils s’en tabassent permets moi de le dire (sinon on poursuivrait à la hache les fumeurs dans les rues). c’est juste que esthétiquement ca les emmerde. point barre. sinon je vois mal qui que ce soit conseiller pour des conseils sanitaires à une personne de bouffer de l’aspartame. mais bon.
    tu vas faire chier ton voisin de bar qui se sert un blanc à 9 h du mat’ toi ?
    tu fais des sit in devant les tabacs ?
    evidemment que non.
    on emmerde les gros pour d’autres raisons donc.

    tu compares à la pro ana. ok. et donc tu vas lui fourrer un hamburger dans la bouche ? tu vas l’insulter jusqu’à ce qu’elle mange ? tu penses que ca marche ?

    Jean. y’a plusieurs choses dans une lutte militante.
    le constat. les possibilités d’action.
    Ici on est dans un constat. constat car il est impossible pour nous si on n’est pas gros de voir.
    beaucoup de gens (toi le premier donc hein) pensent que les remarques grossophobes c’est une de temps à autre et ca ne nécessite pas ce ramdam.
    on voit ici que non.
    alors maintenant qu’on est passé au constat et bien c’est peut -être à nous gens qui discriminons de nous remettre en question et de nous interroger.
    maintenant regarde ta démarche curieuse.
    – quelqu’un témoigne de remarques immondes qu’elle subit.
    – au lieu de te dire « qu’est ce que je peux faire moi pour que ca change » tu dis « ben fais des efforts pour que ca change feignasse ». c’est un rapport très étrange que tu as face aux discriminations vraiment.

  35. « Est-ce que ces insultes signifient autre chose que l’idiotie de ceux qui les expriment ? »
    oui.

  36. Daria, tu vas me dire que ta journée-type se conclut invariablement par des insultes sur ton physique proférées par des inconnus ?

  37. alors je vais le mettre en capslock ou en gras pour que tu accordes du crédit à ma parole.

    IL N’Y A PAS UNE SEULE JOURNEE (a part quand je reste chez moi) OU JE NE RECOIVE PAS DE REMARQUE SUR MON PHYSIQUE.

  38. @Nombre premier Concernant le mec en fauteil roulant, il ne peut normalement pas faire grand chose pour revenir dans « la norme ». Quand tu es en surpoids, c’est pas pareil. Soit tu te dis que merde, faut que ça change, et tu vas t’acheter des baskets de running, soit tu te dis que tu es bien comme ça et tu te fais payé un scooter.

    Le souci, pour rejoindre Olala, c’est le fait de vouloir être accepté en sortant de la norme. Les humains se reconnaissent par rapport à une norme : « je te vois comme un semblable si nous nous ressemblons », par définition.

    Défendre le droit d’être hors de la norme sans être vu différemment, c’est n’importe quoi (par définiton, également). Si tu es différent, tu seras vu différemment.

    Si je m’habille en rose fluo et que j’arpente les rues en chantant du Michel Sardou à fond, est-ce que tu viendras me défendre quand je ferais un article qui dit que les gens qui se moquent de moi sont des salauds ?

  39. @Valérie : comme d’habitude, tu fais dire aux gens ce qu’ils n’ont ni écrit, ni pensé. C’est fort, mais je te répondrai quand même.

    Je connais les difficultés rencontrées par une personne en forte obésité pour maigrir. Je n’y ai pas été confronté personnellement, certes, mais une personne dans mon entourage très proche l’a été, et j’ai rencontré également plusieurs personnes en cours de très gros régimes. C’est extrêmement difficile, qui peut le nier ? Mais dans beaucoup de cas, ce n’est pas impossible, non. Il y a une question de volonté, certes, mais pas que : un suivi régulier est indispensable, et un soutien de sa famille et de ses amis aussi. Bref, jamais je ne prétendrais que maigrir de façon très importante est une chose facile, pas plus que de conserver un poids sain, ni que cela ne dépend que de la volonté !

    Quant aux remarques faites sur les gens en mauvaise santé en général, il faut être de bien mauvaise foi pour prétendre qu’aucun fumeur n’a jamais subi de réflexions régulières sur la dégueulasserie de la cigarette ! 😉 Idem pour les produits tels que l’aspartame, etc, en moins important, bien sûr. Mais il se trouve toujours quelqu’un pour te faire la leçon, de toute façon.

    Et je le répète, rien ne justifie les insultes, ni les réflexions indélicates ou intrusives. Donc non, jamais je n’approuverais qu’on force une pro-ANA à « avaler un hamburger », pas plus que je n’approuverais quelqu’un qui insulte Daria sur son physique. Mais les physiques morbides dérangent les gens, et orientent leur regard. Ca s’explique, et ça se comprend.

  40. moi aussi j’encule les grosses … mais j’aime ça … et elles aiment ça … en toute modestie bien sur

     » y’en a qui aime les spaghettis , moi j’aime les macaronis « 

  41. @Nombre Premier

    Quand tu dis « Et les autres, hein, qu’est ce qu’ils comptent faire pour changer les choses? Qu’est ce qu’ils comptent faire, les cons qui se permettent des remarques sur le corps des autres alors que personne ne leur a rien demandé? »

    Eux ils ne pleurent pas sur le sujet. Changer le monde fait peut être partie de tes prérogatives mais pour les gens réalistes, cherches des solutions aux problèmes exprimés.

    Identification du problème : Daria est grosse. Les gens le remarquent, lui font remarquer et pour ceux qui ne sont pas dans ces premières catégories, c’est elle même qui leur fait remarquer.

    Solution 1 : Mettre un coup de batte de baseball dans la gueule de tous ceux qui se permettent de commenter son obésité. Ca ne reglerait toujours pas le fait que Daria ressentira le besoin de faire remarqier sa différence.

    Solution 2 : Assumer pleinement son corps et vivre avec. Renvoyer une image positive et pleine de vie, comme le font beaucoup de femmes et qui de se fait, sont très bien dans leur peau, ont du succès à tous les niveaux et n’ont jamais de réflexions autres que celles des lourdos dans la rue.

    Solution 3 : Ne plus être grosse (parfois compliqué voir impossible).

    Solution 4 : Mettre en prison les cons.
    L’adage dit : « Les idiots ne se rendent pas compte qu’ils le sont car c’est avec leur intellect qu’ils jugent »

    Je te laisse réflechir d’où viendra la résolution du problème.

    —-

    Quand à ton message où tu compares un « obèse » à un « handicapé fauteuil », j’espère que tu as honte d’avoir osé poser ces mots sur le papier (clavier?).
    Même la comparaison avec un fumeur aurait été plus judicieuse, c’est dire…

  42. Daria est grosse donc faut pas qu’elle s’étonne si on lui fait remarquer, elle n’a qu’à changer, sous-entendu devenir-mince-parce-que-c’est-trop-facile-suffit-de-faire-un-jogging. Et sinon, si vous fermiez vos gueules, plutôt ?? Si tous les gens qui se croient autorisés à juger le physique et la vie des autres s’occupaient de balayer la merde devant leur porte, plutôt ? Parce que détrompez-vous, vous n’êtes pas mieux que les autres, votre comportement de petit agresseur veule planqué derrière son écran en dit long sur la qualité de votre personnalité. Idem pour ceux que ça rassure de l’insulter ou de l’emmerder dans la rue. Et non, elle ne se victimise pas en s’insurgeant contre ce qu’elle subit, certains ont besoin de le lire pour le croire. Bref, demandez-vous pourquoi vous avez tellement besoin de juger les autres et de les dénigrer au lieu de faire votre vie de votre côté sans emmerder le monde. C’est vous qui avez un problème, pas elle.

  43. @Elek
    Je n’ai jamais dit qu’il n’y a que moi qui voulais changer le monde. Je suis heureuse de savoir que toi aussi, tu comptes le faire. J’ai bien dit que Daria (ou tout autre personne à qui on fait ce type de remarques) peut lutter contre (en militant, en témoignant, que tu le veuilles ou non, en répliquant). Je passe sur « ne plus être grosse », « mettre en prisons les cons » ou « répondre avec de la violence », tu ne m’en voudras pas. Quant à assumer son corps, je crois que Daria ou quelqu’un d’autre l’a déjà dit plus haut: cela ne suffit pas. J’assume mon corps et je l’aime (Daria le dit également) et j’ai moi aussi rencontré ce type de réflexions (même si j’ai une vie sentimentale et amicale heureuse, par ailleurs).

    Quant au parallèle avec la personne handicapée, il était peut-être un peu extrême et mal choisi, je veux bien le reconnaître. Mais le parallèle avec le fumeur qu’a développé Valérie est très pertinent, pour le coup. Le souci, ce n’est pas l’état de santé des gens, c’est l’esthétique de leur corps.

  44. @Elek toujours:
    Bon, et donc, maintenant qu’on a exploré les pistes possibles de réactions pour Daria et les autres: toi, tu comptes changer comment? Parce que bon, si on veut changer le monde, il faudrait peut-être tous s’y mettre non?

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