Ikea x Cabrel

Vous voulez bien arrêter de gueuler, dites ? Non parce que j’en peux plus. On est décembre, il fait froid, et faudrait encore que je trouve du courage pour être mon meilleur moi, plus détendue, plus fière, que je me trouve belle et que je m’aime. Rien que ca. Taisez-vous. Les blogs, les instas, les photos, les tweets, les magazines, les yogis et les chakras , vos gueules. J’ai le droit. Je réclame du silence. Je réclame le droit au corps qui fait la tronche et aux rougeurs de joues qu’on aime pas, je réclame le droit de me trouver moche et molle et de me complaire en jogging le dimanche, les doigts dans mes trous de nez, le vernis qui s’écaille sur les saucisses de pieds. Mon corps n’est pas un temple, il n’est pas une putain de machine à bonheurs non plus, il me fatigue et il me pèse parfois comme trois amants morts dans le placard de ta mère, en vieillissant j’ai de la moustache comme mon Tonton et des boutons comme ma Tata, on fait ce qu’on peut avec l’héritage qu’on a. Oh je me rends bien compte que je ne pèse plus tellement dans le game des gens propres et bien peignés, j’ai la racine sombre et du crêpe autour des cornes, toujours un pet de travers dans la mèche ou une tâche sur le chemisier, une croute au coin des yeux que je garde pour le goûter. Et si mon bonheur c’était ca, sans yoga pant ou décoction de concombre-citron, sans Scandinavie dans mon tapis, juste le bruit de la pluie et les aboiements de mon chien, une vieille tasse de thé qui finit de refroidir et pas grand-chose à réfléchir.

Demain peut-être, je retrouverai les gestes de celles qui sentent bon et qui n’ont pas de pores visibles, j’hydraterai ma peau, j’irai à la piscine, pour maintenant je veux me complaire dans ce corps imparfait, immobile. Nous n’irons pas danser, nous n’irons pas draguer, mon corps et moi n’avons que faire des jolis minois, on se dispute parfois, il voudrait bien mais ma tête refuse, entre mon ventre et mon nez c’est Annie Cordy chez les branques, y’a ceux qui voudraient bien et ceux qui ne peuvent pas. Quand mon ventre m’indique un partenariat possible entre un individu et mon sexe, c’est ma tête qui décapite, rapproche-toi, je te rase gratis. Et si tu parles à ma tête, alors mon ventre se vexe, tout dépité qu’on ne lui trouve pas plus de charme, il se drape dans sa grasse dignité, si vous n’en voulez pas, n’en dégoutez pas les autres, essuyez-vous les pieds.

J’ai changé mes draps hier avec la préparation sportive du cycliste s’élançant dans le col de mon utérus, ou autre endroit escarpé. J’ai mentalisé l’effort depuis mon canapé, visualisé mes outils, draps propres dans les placards, machine à laver vide pour, chat, chien passeport, brosse à dent, carte bleue, j’étais prête à me lancer. Je retourne la housse de couette propre, je commence à fourrer l’engin par les coins, le gauche, le droit, je tire sur le tissu, j’abandonne. Je ne fais même pas semblant d’essayer. Je laisse. Mon téléphone vibre, je m’affale. Je m’en fous. Je m’endors coincée entre la housse propre et le duvet, mon chien me réveille parce que Jeanine la voisine vient de rentrer, je finis l’exercice, il m’aura fallu une sieste et 4 jours de coaching intense pour y arriver. C’est l’hiver tout au fond de ma déprime, mais ca va déjà mieux, j’ai fait la vaisselle et ma mono-diète de courge au four me donne un teint parfait.

 

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