Coeur Totem

D’abord sa bouche trouve la mienne, parfaitement, sans heurts de dents et langue qui se cherche. Et l’odeur de son cou monte peu à peu vers ma tête penchée, chemise repassée et corps parfumé. Ses mains se posent sur ma taille, évaluation rapide de la masse à déplacer, ses lèvres trouvent mes seins, écartent mon décolleté. Je voudrais savoir ce qu’il pense de ce corps inconnu jusqu’alors, je voudrais qu’il me dise que je le fais bander, qu’il glisse à mon oreille quelques insanités d’usage, des compliments usagés pour amants fatigués. Ce soir il ne dira rien. Je me pends à sa queue pour me rassurer, déboutonne un par un les boutons de son pantalon pour la trouver massive et dure, récompense à mon ego floué. Il ne peut pas savoir. Il ne sait pas à quel point le poids de son sexe dans ma main m’enchante. Comme j’ai envie de crier à la bonne surprise, de le prendre en photo et d’envoyer sa queue par tir groupé à mes copines esseulées. La prise est bonne. Mentalité de merde. Je m’en fous. Je veux sa queue en moi comme un putain de totem, le poids de son corps tout entier entre mes cuisses, mon ventre mou déformé, entaillé par le sien, ses doigts enfoncés dans ma chair trempée, je n’ai plus peur de me déshabiller, je ne crains ni la lumière, ni les ombres, chibre paratonnerre à angoisses tristes de grosse fille fraîchement débarquée. Il ne veut pas de mes seins, prises facile pour obsédés classiques, appâts cheaps, mais se perd entre mon nombril et mes genoux, se déshabillant d’une main pendant que l’autre s’enfonce, se tord, vibre et respire à l’intérieur de moi. Cuisses relevées, gouttes de sueur, main crispée sur son épaule, doigts qui voudraient se briser entre les siens serrés, serrant ses doigts, suçant sa langue, les yeux perdus, presque révulsés, tout glisse et tout s’allume, tout danse autour de moi.

11 réflexions sur « Coeur Totem »

  1. Heureux homme. En voilà un qui peu mourir tranquille désormais.

  2. J’ai eu la mauvaise idée de relire ce texte alors que le soleil du (futur) printemps me titillait l’hypophyse … arf !
    C’est par où la douche froide ?

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