QUICHEQUICHEQUICHE

J’écris avec des bites dedans, mais à l’intérieur c’est que de la quiche, de la guimauve parfum fraise de synthèse, celle qui colle aux dents et qui file mal au cœur, qui tache les doigts et qui ne te quitte pas, c’est sucré et un peu périmé, au début ca fond sous la langue et tu aimes plutôt, au bout d’un moment ca te rend malade et aigrie, je suis quiche, je suis bonbon, je suis une fille-fille, avec des pincements et des complexes, juste pas les mêmes que toi. Je ne m’inquiète pas de savoir si mon ventre est protubérant, si mes cuisses sont à la mode, mais je peux pleurer si tu ne réponds pas à mon message, j’ai les nerfs si une autre que moi te fait rire, je voudrais être parfaite et deviner par avance ce que tu écoutes et ce que tu lis, pouvoir faire des références subtiles et intelligentes, me tenir à carreau et ne pas tâcher ma chemise, je me mets une pression folle sur les choses les plus débiles, je ne sais même pas encore si j’ai envie de te séduire, mais si il y a un possible, je ne veux pas le gâcher, je veux être à la hauteur, je veux assurer.

Ceux qui me font la gentillesse de m’aimer me disent que je suis trop exigeante avec moi, qu’il faut se laisser vivre, se laisser aimer, sans chercher à plaire, sans chercher à impressionner, seulement j’ai l’impression qu’il faut que je compense, que j’en fasse plus, que j’en fasse trop, que je me fasse pardonner mon apparence hors norme et mes idées un peu jetées, alors ne t’inquiète pas, si j’apprends sur le bout des doigts la discographie de tes artistes préférés, si je lis la même chose que toi et si je reprends tes expressions, je ne mens pas vraiment, j’apprends, à te connaître à travers eux, à te plaire et à t’aimer, je ne l’avouerai jamais, tu trouveras juste dans mon carnet des listes de choses à faire, des sujets de conversation pré-sélectionnés avant notre diner, parce que je ne veux rien foirer, parce que je suis un peu tarée, parce que j’ai juste le besoin insatiable d’être aimée.

Je suis quiche, quiche de toi, de mes amies et de mon chat, c’est vraiment pas de ma faute, déjà petite ca me faisait ca, vexée en permanence d’être laissée de côté, je voulais être la meilleure à quelque chose, je voulais une occasion de briller, de rendre fier, de voir ses yeux s’allumer, j’ai pas vraiment changé, j’ai oublié de grandir, je suis parfois juste toute petite, un peu capricieuse, un peu effrayée, un peu molle du romantisme, seulement tout ça c’est compliqué, c’est difficile à montrer, alors je mets des couches d’insultes et de mots compliqués entre ma tête et mon cœur, je planque et j’enfouis, je me raconte encore des films la nuit quand j’arrive pas à dormir, comment ca sera, et est-ce-que tu seras là, on sera bien et je serai dans tes bras, je dis rien, je dis que je t’emmerde et que tu ne comptes pas, je suis bête, pardonne moi.