C’est quand qu’on arrive

Parce que là ca devient long. Les schémas qui se répètent, les histoires à la con. Quand est-ce qu’on arrive, et quand est-ce que c’est bien, quand est-ce qu’on peut se mettre le cul dans l’herbe, arrêter de s’arracher les cheveux, regarder derrière soi, paisiblement, sans se demander ce qu’on aurait pu faire, ce qu’on a pu rater, trouver des réponses aux questions qui t’empêchent de déglutir, qui se logent autour de ta glotte pour ne plus jamais partir, est-ce qu’un jour elles s’envolent, lassées de ne pas avoir réussi à t’étouffer, est-ce qu’elles restent là pour toujours, même si toujours finalement c’est presque rien, devant l’infinité stupide de ce qu’on aurait pu être, de ce qu’on aurait pu devenir, est-ce qu’en me réveillant je serai plus légère, que j’oublierai ces années en apnée, retrouver le sens de la marche, oublier juillet.

Phobie d’impulsion, avoir peur de s’entendre dire ce qu’on veut vraiment, se cacher derrière les ombres de l’avant, serrer les dents devant les jours qui passent sans qu’on maîtrise le cours du temps, parfois sans s’inquiéter, c’est seulement Juin maintenant, parfois avec hargne, courir et transpirer faire battre son cœur un peu plus fort, se sentir vivant, retomber quelques mètres plus tard, évaluer la distance, s’endormir paresseux de ne rien avoir essayé, d’avoir juste continué, sans rien faire changer, sans y penser seulement, bercé par les platitudes béates de ceux qui ont trouvé, ca arrivera, ca va bien se passer, ne t’inquiète pas, il suffit de ne plus chercher, de ne pas y penser.

Se contenter des silences, des jolis moments, des souvenirs de l’espoir à l’envers, de Flaubert, comme si ca pouvait nourrir, contempler, se perdre dans dans une brume cocon, s’entourer de jolies choses de l’esprit pour ne plus avoir à faire d’effort, j’ai dans mon Panthéon ce qu’il me suffit pour continuer, si rien ne peut m’atteindre comme la première fois, si rien ne peut recommencer, pourquoi se forcer, pourquoi ne pas en rester là, avouer qu’on ne cherche plus, parce qu’on ne vibre plus, parce qu’on est éteint, qu’il n’y a plus rien à faire, plus de braises à souffler, qu’on veut bien rire avec nos dents, mais que nos yeux restent clos, que tout sera éphémère à partir de maintenant, qu’il suffira de nous demander pour comprendre, qu’on est bien là, juste dans le gris, entre le noir et la pénombre.