Aish Tamid

Ce que j’écris ici, ce que les gens pensent de moi, tout ça ne compte pas, tout ça n’est rien il manque la foi, ce truc qui me tient au corps et qui me fait me lever le matin, les rituels et les habitudes, les gestes qu’on répete depuis des siècles déja, si mon âme quitte mon corps le soir, je sais qu’elle me sera rendue au matin, que rien n’est trop difficile à endurer, à vivre ou à pleurer, qu’on ne m’envoie à vivre que ce que je peux supporter, j’ai la foi des enfants, celle qui fait arrêter la pluie et apparaître les objets, celle qui fait chanter trop fort et prier tard le soir, celle qu’on attrape et qui ne quitte pas.

Je suis paradoxale, je ne suis pas une croyante exemplaire, j’ai des défauts terribles, j’ai quelques valises à trainer, quelques défauts bien  noirs à gommer, malgré tout ça, malgré mes idées, malgré le chemins niqués, je me sens aimée, embrassée, aidée, portée, je ressens le respect et la peur, l’anticipation des fêtes et l’angoisse des jours de deuil, je crois au dessein divin, aux livres qu’on ouvre pour tracer ton histoire et qu’on referme le jour où tu t’en vas, je crois aux hommes qui prient pour moi, aux gestes magiques qu’on fait pour éloigner le mauvais oeuil, touche tes yeux, embrasse tes mains, bénis les enfants et endors toi en murmurant, que demain sera meilleur, qu’aujourd’hui est fini, remercie, demande pardon, ouvre les yeux et respire, on t’a rendu ton âme, tu peux encore pour un jour, aish tamid pour toute la vie.

Le sentiment qui te prend là où tes côtes se rejoignent, la chaleur et la force, l’instant irréel où tu reprends confiance, juste pour une minute, juste pour te permettre de passer une épreuve ou de continuer, l’énergie que tu trouves dans la musique ou dans les textes, l’aspiration à une vie tournée vers une forme de beau et de bien, l’impression de faire partie d’un clan, de ceux qui comprennent, de ceux qui ont vu, les mots quand je prie en silence le matin, je ne fais pas l’aurore, j’ai besoin de quelqu’un, admettre qu’on est presque rien, juste quelqu’un de presque bien, se remettre complétement dans ses mains, même pour une seconde, même si on oublie, même si on se trompe et qu’on ment, retrouver ce silence béat, celui qui fait taire tous les bruits, le silence quand je lui parle, quand plus rien n’est que lui.