Kill Your Idols

Considérant que je ne suis pas, que je ne serai jamais, ni Janis Joplin, ni Courtney Love du début, ni celle de la fin, que ma voix ne porte pas assez loin et que mes mots n’intéressent souvent que moi, qu’on a dit la bite et le foutre, la chaleur des cuisses qui se frottent, les talons et les sequins, tous mieux que moi, tous ces gens dans ma bibliothèque, les monstres qui jugent et qui me regardent, j’ai beau mettre ton livre sur la dernière étagère, celle tout en bas, celle qui mord presque la poussière, ca ne change pas, tu restes tellement mieux que moi, je peux essayer, à quoi ca sert, Sainte Virginie priez pour nous, ils ne savent pas ce qu’ils font, elle ne sait pas ce qu’elle veut, elle brule votre livre, mais c’est pour mieux vous servir, découper les mots, exsangue la fille, assoifée de vengeance de ne pas trouver quoi écrire, elle fout le feu, elle ferme la boite en fer et elle attend, que les cendres pourissent, qu’elle puisse relire sans se frapper, sans se mordre les lèvres au sang, de n’avoir pas su ne pas vous imiter.

Kill your idols parce qu’il le faut, parce que la copie est une forme noble de l’admiration, mais qu’elle tue peu à peu, l’originialité, le souffle et la fureur, la rage en écume à la bouche quand je parle de toi pendant des heures, à quoi ca sert de disserter, à quoi ca sert de parler encore, de ceux qui ont fait mieux que nous, de ceux qui savent, de ceux qui ont vécu les choses que tu fantasmes, tu voudrais rattraper les choses que tu ne pourras jamais vivre, remonter le temps, fuck yeah, you’re an animal, seulement c’est pas possible, t’es coincée là, un EP qui tourne et ton clavier sous les mains, t’essaie de te battre mais la basse est trop forte, la voix trop cinglante, c’est trop beau, c’est vital, c’est primal, ca te tord et ca te retourne, ca te coupe les phalanges et ca te fait saigner, le sang qui coule est trop neuf, il n’aura jamais la couleur de leurs nuits, des histoires et des rumeurs, tu t’énerves toute seule, t’es hors norme mais t’es tellement comme tout le monde, la norme est intégrée, y’a plus personne pour l’enculer, à sec et sans plan marketing, l’argent ultime vaseline des combattants acharnés.

C’est juste l’histoire des gens comme moi, coincés entre ce qu’ils voudraient et ce qu’ils sont capables de faire, entre la volonté, les cris et l’abrutissante normalité, c’est l’histoire des fous et de ceux qui voient troubles, qui racontent en boucle les rêves et les oasis, les hallucinations et les projections, ceux qu’on souhaite, ce qu’on attend, ce qu’on désire, ce qu’on finit par échouer, la gueule enfarinée des illusions, pas de lendemains qui chantent quand tu te mets la pression, juste le constat terrible de ton existence qui continue sans que tu puisses l’apréhender, cette vie, cette pauvre pute, qui n’en fini pas de te niquer, quand tu l’attrapes elle glisse et elle se présente sous ses plus beaux atours, elle est baisable la connasse, mais elle te niquera à son tour, alors tu prends sur toi, tu claques de dents, tu te mords la langue, encore le gout du sang, le tien cette fois seulement.