Sick Sad World

Barbes, 14h

J’attends le bus. Rien de sexy. J’écoute un podcast chiant.

Arrive un mec. Qui commence à me dire que je suis, en gros, la plus belle femme du monde, son fantasme vivant, qu’on doit absolument aller boire un café au Quick d’en face sinon sa vie sera une tragédie.

Au début, j’emploie la tactique officielle “Oh comme mon podcast est intéressant je n’entends pas ce que dit le petit homme à dent en or qui gesticule devant moi”.

Mais mon adversaire décide qu’il doit vraiment me parler et m’arrache donc mon écouteur de l’oreille. J’ai bien sur pris la totale mesure de cet acte romantique et chevaleresque, et j’ai donc pris ma voix la plus douce, la plus mesurée et la plus diplomate pour lui signifier que mes sentiments n’étaient pas réciproques mais que je lui souhaitais bonne chance dans sa quête de l’amour.

Enfin c’est ce que j’aurai du faire. Parce que dans la réalité, j’ai tendance à avoir un arrière fond du 9.5 en moi, et dès qu’on m’emmerde, je suis prise d’une diarrhée verbale à la hauteur de celle de Diams. J’ai donc plus lui dire “Ehhh mais mec tu t’es pris pour qui là ? Va niquer ta mère !”. Ou enfin quelque chose comme ca.

Mais mon prince charmant ne se décourage pas, me tient par l’écouteur (oui, enfin il me tient en laisse par l’écouteur), et commence à détailler avec des détails imaginatifs ce qu’il aimerait faire de mes parties intimes. NICE !

Dans mon esprit un dilemme : je tire d’un coup sec sur mon écouteur, et je me casse, avec la possibilité qu’il me suive et que la situation recommence 30m après. Ou alors, je reste là, un oeuil sur les minutes qui défilent avant l’arrivée supposée de ce putain de 31 (plus que 6 minutes). Certainement la meilleure solution, mais ma grosse gueule me joue des tours, et j’ai été incapable de soutenir stoïquement les assauts de mon délicieux compagnon.

J’ai pété un plomb après qu’il m’ait demandé au bout de la 12e demande concernant mon tour de poitrine. J’avoue. J’aurai pas du. Il ne restait que 3 minutes sur le tableau électronique de la RATP. Mais diahrrée verbale, énervement, PMS, bref, j’ai commencé ma tirade par un “MAIS PUTAIN T’AS VU TA GUEULE DE ROUMAIN HERPÉTIQUE”. Ok, pas très sympa. Surtout pour les roms qui trainaient derrière. Ensuite je me souviens assez mal, mais j’ai été vulgaire, violente, j’ai crié très fort avec ma voix de souris circoncise, et à un moment, je l’ai menacé de lui mettre un pain.

Ne faites pas ca à la maison les enfants.

Je vois le bus arriver, je me coupe dans mon vomi d’insultes, mais je n’étais pas seule à vouloir prendre le bus, donc cohue. Le mec me suit en hurlant, je suis un peu ragaillardie par le bus qui arrive, les gens qui s’agglutinent autour de moi, j’en profite pour lui mettre un gros coup de coude dans le bide. Hop.

Mon pied est sur la première marche du bus, et là. La plus grosse et énorme main au cul que j’ai jamais eu le _plaisir_ de recevoir de ma vie. La main au cul bien vicieuse et dégueulasse et horrible.

Reflexe. Coup de pied en arriere. Je monte dans le bus. Je pousse tout le monde et je vais me planquer dans l’accordéon. Le bus démarre. Je regarde le mec, il est par terre et il se tient la tête entre les mains.

Oops.

Head Kick combo. Me demande combien ca me fait de points.

(Saturday, November 28, 2009)