Avoir un bicot dans le fion

Non, je n’ai pas complétement craqué. « Avoir un bicot dans le fion » est la dernière requête ayant permis d’accéder à mon Tumblr via Google. Je ne voulais pas céder au marronnier des mots clés, mais celui ci était bien trop drôle pour que je manque de l’écrire ici, juste pour m’en souvenir, quand je repasserai.

Je vis une période un peu étrange. Je sens que je suis sur le bord de quelque chose de mieux, que ca va être vraiment bien. Que les projets dont on rêve depuis longtemps, ceux dont on ne parle même plus, comme pour ne pas les gâcher, peuvent se réaliser, très vite maintenant, dans quelques semaines, dans quelques mois. C’est terriblement excitant, ca me fait trembler les paupières quand je me laisse le droit d’y penser, ce tremblement incontrôlable, ce spasme de l’attente, ca met aussi un peu la pression, parce qu’à fort de se dire qu’on y arrivera jamais, on a l’air bien con quand l’occasion se présente pour de vrai. Il ne me reste qu’à ramer pour espérer être à la hauteur, montrer mes dents quand je souris et croiser les doigts en secret. J’en ai vraiment envie, ca me porte, ca me donne envie de faire tout un tas d’autres choses chiantes et annexes, comme si je voulais tout régler avant de me lancer dans ce projet, être propre sur moi quand le moment viendra.

C’est un peu nouveau, cette envie, ce truc qui se joue de moi. J’avais un peu oublié ce que ca faisait, de se laisser emporter par une idée, d’avoir quelque chose à quoi penser, c’est peut-être la neige qui fait ça, avec son silence incroyable, ce moment où plus rien ne bouge, où tout se laisse contempler, même les choses les plus laides, le parking de ma résidence, la petite allée à la pelouse brulée, tout prend une allure presque majestueuse, c’est la neige à la Disney, se coller à la vitre et juste regarder les flocons tomber, s’amuser de leurs formes, se rappeler que chacun est unique, c’est ce qu’ils disent dans les livres de psychologies pour abrutis, vous êtes comme un flocon de neige, unique et différent, merveilleux et singulier, alors juste pour un moment arrêter d’être cynique, se laisser aller aux bons sentiments derrière la vitre embuée. S’accorder de regarder la neige tomber, s’accorder d’ouvrir les yeux juste pour soi, sans prisme d’interprétation obligatoire, sans personnage à jouer. Avoir la certitude que tout ira bien, puisqu’il neige, et que tout est beau, silencieux, apaisé, juste pour une minute, puis prendre une respiration, s’éloigner de la fenêtre, et se rendre compte que rien n’a changé, juste nos yeux peut-être, comme lavés.

Je donne rarement dans l’optimisme niais. J’essaie toujours de prévoir, de calculer, cela fait partie de mon côté névrosée, toujours savoir, connaître les itinéraires, se préparer, ne jamais être dépourvue, toujours essayer de tout savoir, ne jamais se lancer au hasard. Pourtant aujourd’hui, j’avais envie de me détacher de mon mécanisme habituel, j’avais envie d’arrêter de compter, d’arrêter de vérifier, d’arrêter de me rassurer. J’avais juste envie de prendre le temps de me dire que tout allait bien se passer.