Blah

Faire semblant de dormir, se persuader qu’on dort déjà, les yeux lourds, pas la fatigue cette fois, la lassitude, l’odeur de la ville sur la peau, les cris des voisins et les discussions des gens dans le métro, trop de sons, trop d’images, le cerveau en saturation, les oreilles qui voudraient tout comprendre en même temps, les yeux fusillés de chercher à tout voir, stimulations ordinaires pourtant, c’est trop, encore une fois, trop pour moi.

La poitrine qui explose, le ventre qui se tord, la vue qui baisse, couloir de lumière, plus rien ne m’apaise, sortir, courir, le plus vite possible, le plus loin, des gens et du noir, des bruits et de la foule, mes doigts tordent la peau de mon ventre sous ma robe, la douleur comme pour me ramener sur terre, pour ne pas me laisser partir trop loin, pour redescendre, pour me rappeler que mes pieds sont ancrés, que mon corps ne m’échappe pas, c’est dans la tête tout ça, toussez, dites 33, paroxétyne et benzodiapine, on se revoit dans un mois.

Le silence, la chambre, le drap, le chat qui se love et la musique, trop forte dans mes oreilles, besoin de me pelotonner, de faire barrage, se réfugier au dedans de moi, je respire mieux déjà, l’air ne me brule plus, mes mains ne tremblent plus, je me concentre sur le son, sur les guitares, sur les basses, sur le fond, je retrouve mon centre, mon noyau, je peux me concentrer, je peux penser, la brume se dissipe, ce n’est presque plus qu’un mauvais souvenir.