Oui, Non, Pourquoi

Je suis en colère, je suis énervée, en ce moment j’arrive pas bien à penser, je sais pas ce qui m’arrive, je suis comme bloquée, je cherche mes mots, j’arrive pas à lire, les lignes sautent devant mes yeux, la musique n’a pas de sens, change de chanson, change de métro, marche en automatique, assieds toi à ton bureau, automatiquement tape sur le clavier, fait avancer ton entreprise, surtout ne pense à rien, ni à demain, ni à lui, ni à rien, je suis sur les nerfs, je suis au bord des larmes, je suis pas dans mon assiettes, je suis mal dans mes baskets, y’a un truc qui me gratte et j’arrive pas à trouver la plaie, j’arrive pas à arracher le pansement, d’un coup sec, passer de l’alcool, passer à autre chose, je bloque.

L’inconscient, les rêves, parlez moi de vous mademoiselle, à quoi tu penses ma chérie, pourquoi tu pleures, pourquoi tu ris, à quoi tu penses putain quand tes yeux se ferment, quand tu pars loin de moi et que j’arrive pas à te ramener, où tu t’en vas, de quel droit, t’es qui pour me désobéir, plie toi aux règles, déclare toi, explique qui tu es, je vais pas me laisser faire, je vais te chercher, je vais te bousiller, je t’ai déjà repéré, je t’ai dans la lunette, j’ai plus qu’à tirer, je te bute, je ramasse ton cadavre et je le coupe en deux, je cherche à l’intérieur ce qui me remue si fort, ce qui me fait trembler, je laisse rien de côté, tes viscères, tes tripes et ton cerveau, coupés en lamelles, prêts à être étudiés.

J’ai pas besoin de microscope, je sais mais je refuse de voir, je me cache derrière mes mains, je me bouche les oreilles, je chante plus fort que toi, je veux rien entendre, je veux pas m’en occuper, j’ai peur et puis je pleure, je suis pas plus forte que ça, le truc qui vit en moi, le manque et puis l’oubli, la peine et puis le deuil, ces trucs qui arrivent à tout le monde mais qui m’ont niqué à vie, qui ont fait de moi une connasse de freak, une tête mal faite dans un corps malsain, je me plains pas, je sais que c’est là, ca bouge tout seul à l’intérieur de moi, je sais juste d’où je viens, plus je le sais, mieux je vais, seulement c’est long, trop long, parfois j’vois pas la fin, je ferme les yeux et puis je les laisse gagner, pour un instant, parce que j’en peux plus d’être contre tout le temps, contre le vent, contre les gens, je suis usée, c’est fatiguant.

C’était mieux avant, c’était mieux y’a quinze ans, quand je savais pas ce que c’était, d’être mal, de penser en rond tout le temps, de péter les plombs, surcharge de masse de vos connexions, le système nerveux central se rebiffe, débranchez la centrale, tu grilles tes chances, tu cours après demain, je m’endors en récitant quelque chose qui demande à me réveiller, parfois j’hésite, pas que je veuille partir, juste que si demain c’est pareil, si ca ne s’arrête pas, demain ca sera pire, alors je récite plus fort, je déclame et je hurle, je veux, j’exige, tu trouves que je parle fort, que je parle trop, que mon rire est sonore et que je suis trop cash, mec c’est juste ma façon de prier, de me faire entendre là haut, tu sais y’a du chemin, faut que la voix porte, faut qu’il entende, si demain je me réveille et que j’arrive à penser, quelqu’un aura entendu, quelqu’un aura décidé.