Résolutions de merde.

Ouais, on change bientôt d’année ! Ouais !

J’ai jamais vraiment compris pourquoi c’était une occasion heureuse en fait. A part avoir le plaisir d’utiliser le calendrier offert par ma banque, mon boucher et mon restaurant chinois, vraiment, je vois pas. C’est juste encore un événement mis en branle par les concepteurs de ce putain de bonheur obligatoire, il faut donner de l’espoir à la plèbe des petits et des laborieux, on va leur donner une occasion de se mettre une mine monstrueuse et de croire aux lendemains qui chantent, d’effacer les erreurs et les problème des 365 jour précédents.

Et puis comme il faut être dans le développement personnel à tout prix, ils ont ajouté le petit cadeau Bonux du concept des résolutions. Faudrait pas qu’on se mette à croire que tout est beau comme une soirée de réveillon à la salle des fêtes de Bourg en Maroeil, que la vie n’est qu’une succession de coupes de mousseux et de canapés de mousse de canard, de chansons de la Compagnie Créole et d’embrassades sous le gui.

Non, la vie c’est pire qu’une baston dans Assassin Creed 2 (que je viens de finir), il faut s’améliorer, se donner des objectifs, rentrer dans une productivité de l’être, être heureux, être conforme, avoir les dents blanches et arrêter de fumer, perdre du poids avant les fêtes, perdre du poids après les fêtes, perdre du poids avant l’été, s’abonner au Moving, s’engager à passer de temps avec ceux qu’on aime plutôt que de jouer à la PSP, être gentil avec les vieux et embrasser ta tante Hughette, arrêter de dire des gros mots et s’habiller comme un adulte dynamique, penser à faire des économies et vérifier le taux d’intérêt de son Livret A, conduire selon les règles et sourire au mec du péage.

Tout ca m’emmerde. Mais vraiment. Quitte à faire des résolutions que je ne tiendrai pas, parce qu’elles sont castratrices de bonheur et de liberté, chiantes comme la pluie et tristes comme Adamo sans sa perruque, je préfère en faire des complètement folles. Des impossibles, des fantasmatiques, des masturbatoires. Je les garde dans un coin de ma tête, et elles me foutent la pêche comme l’intro de Your Mangled Heart les jours où je suis forcée d’embrasser ma tante Hughette.

Mes résolutions :

Devenir une putain de rappeuse. Mais ouais. Je suis sure que je suis capable de pondre des textes qui déglinguent ta maman à quatre pattes sur la table basse en formica. Évidemment j’ai une voix de daube et aucun sens du rythme. Mais je suis capable de dire tout Demain c’est Loin sans respirer, et si tu me donnes deux cuillères, je te refais Belsunce Breakdown a capella. En privé. Devant mon miroir.

Jouer de la guitare avec les cheveux dans le vent. Donc, apprendre à jouer de la guitare, et me faire poser des extensions. Ok, ca contrastera un peu avec mon look de rappeuse, mais je peux le faire en baggy, ca me gène pas. Je veux prendre le TER région Oise avec ma guitare en bandoulière et parcourir le marais poitevin en chantant dans les bars PMU, des chansons pas connes et profondes qui racontent la mélancolie et le goût de la bière chaude, mes cycles menstruels et mes rapports conflictuels à l’ordre. Un genre de Fat Janis Joplin Unplugged, version rurale du Larzac, une Joni Mitchell avec des textes qui parlent de cul et de chatte, une bête de hippie post-moderne.

Faire un putain de documentaire sur Sarcelles. Parce que j’adore Sarcelles. Sans déconner. Pourtant j’ai vécu 20 ans à Paris, et j’étais parisienne-parisienne, je prenais mon passeport pour passer la porte d’Orléans, et mon Dramamine pour prendre le RER. Mais Sarcelles c’est juste un truc incroyable. Tellement des gens, tellement d’histoires, tellement de traditions, de cultures, d’associations, d’enjeux politiques, quand tu y réfléchis c’est fou. Et comparé à Paris, c’est tellement vivant pour de vrai. A Paris, tu as tout, l’accès à tout, mais les gens sont morts. A Sarcelles on a quasi rien, mais ca respire, ca parle fort, ca hurle, ca se tape, ca réfléchit, ca se bouge. Bien sur je généralise à mort, mais je ressens quelque chose comme ca.

Finir d’écrire l’essai que j’avais commencé. Pour de vrai. Et l’envoyer à des gens plus intelligents que moi pour en avoir une lecture critique, et me fermer le clapet sur mes possibilités intellectuelles. Et dans mes rêves les plus fous, le faire publier à compte d’auteur à l’Harmattan. Ou un truc qui sent l’intelligence quoi. Et, fière de mes 12 ventes, (ma mère), partir faire des interventions de terrain dans les maisons closes de la frontière belge.

Comme d’habitude, je sais par avance que je ne tiendrai aucune de ces résolutions. Parce que je suis une flemmarde, parce que je bosse pour payer mes clopes, parce que j’ai pas les capacités requises pour les réaliser, parce que souvent je préfère regarder la rediffusion de Belle Toute Nue plutôt que de ré-ouvrir mon fichier Word et de m’astreindre à ma page quotidienne, parce que j’ai trop peur de me crouter pour penser à sauter, et que les fantasmes ne sont pas tous fait pour être réalisé.

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