Try a little tenderness

Tu sais finalement je suis pas compliquée. Ce soir j’ai pas envie de baiser, je serai la salope de personne, ce soir j’ai juste besoin de me lover, contre quelqu’un, ma tête dans tes creux, respirer ton odeur, regarder passer l’heure, les ombres se dessinent sur les murs, le soir tombe et je ne bouge pas, juste toi et moi et le temps qui passe, sans parler, sans bouger, parfois tu t’étires et je me retourne, mais nos corps l’un contre l’autre se joignent toujours, dans l’épaule ou dans les reins, y’a pas de bande originale à ma rêverie, juste le silence et ta respiration, tu pourrais être n’importe qui, mon amant ou mon ami, sentir une présence bienveillante, laisser aller ma peine au rythme de mes soupirs, tu t’endors parfois, mais ta main ne me lâche pas, quand tu fermes les yeux j’ouvre les miens et je te regarde, je voudrais dire merci, simplement, mais j’y arrive pas, les mots se bloquent, je suis pudique des sentiments, alors je murmure que c’est bien et je me rapproche encore un peu de toi, l’odeur de ton parfum passée sur ta chemise froissée.

Y’a pas de fin à mon envie, pas de chute à ce que j’écris, j’ai juste besoin d’une présence humaine, refuge à la folie, me sentir le droit d’être fragile, d’être petite et légère, de murmurer au lieu de hurler, poser mon masque sur la table de nuit, démaquiller l’audace et le culot, poser mon sac loin de ton lit, l’oublier quelques heures, ne plus penser, recharger mon âme à la chaleur de la tienne, avoir le temps enfin, sans train à prendre ou rendez-vous à honorer, les minutes qui s’égrainent dans la ouate de ta couette, ton pied qui cherche le mien, la douceur de tes bras qui me serrent, le joli silence de nos deux airs qui se mêlent, sans ambiguïté, sans questions et sans attentes, la simplicité bête d’un moment sans artifice, sans théâtralité, tu pourrais être mon ami, si j’en avais un comme toi.

Quand je t’aurai tout pris, quand tu m’auras tout laissé prendre, quand il fera noir et qu’il fera froid, quand ma tête sera pleine de guimauve et qu’il faudra partir, ne t’inquiète pas, je connais le chemin. Ne te lève pas, ne te dérange pas, reste là. Je reprends mon sac, ma vie et le reste, ce que j’ai laissé dans le couloir, je ne te laisse rien, pas de noir dans tes rêves, pas des vases communicants de ma tête à la tienne, je n’ai rien dit, toi non plus, c’est presque mieux, juste des heures de silence qui nous lient, c’est intime le silence, bien plus que la parole, bien plus que le sexe, les bruits reviennent, la rue et puis le téléphone, les lumières blanches du dehors qui m’appellent, c’était bien, merci.