Ground Control to Major Tom

J’ai souvent l’impression d’avoir les doigts dans la prise, courant alternatif, main gauche, bas droit, frisson et vertige, ca s’explique pourtant, rationnellement, c’est “l’inclinaison de mon corps, l’inclinaison de ma tête”, c’est la course de la lumière dans ta rétine qui se recroqueville, rien de grave, respirez, tout va bien se passer. Tu perds prise pourtant, et je n’aime pas ça, sentir ton corps qui s’échappe, une seconde c’est déjà long, c’est pour ça peut-être que je ne supporte pas les substances, l’alcool à outrance, je ne voudrais pas oublier le sens des aiguilles de la montre, je ne voudrais pas perdre pied, plus j’y pense, plus ca ressemble à un genre de théorie de la boulimie, contrôler, ce qui sort ce qui rentre, c’est sexuel aussi, c’est primaire, c’est vomi.

Un soir à l’angle de la rue Oberkampf, aux Couleurs le rhum coule encore à flot, j’ai eu la trouille de ma vie, j’ai vu mes amis partir en couilles, excuse my french, éclatés sur le bitume mouillé par la pluie, délirants et assommés, en train de hurler, tous, les yeux révulsés, y’avait un truc dans ce joint, c’était pas la bonne trace, ils se roulent par terre, y’en a un qui s’arrache un ongle, comme ça pour frimer. Depuis cette épisode mi morve mi sang je supporte mal les ambiances glauques et les camés, j’avais rien pris pourtant, ma terre ne tremblait pas, j’ai juste cru qu’ils allaient tous rester scotchés, j’étais prête à sortir la craie, dessiner autour d’eux leur ombre en calcaire bleu. J’ai plus confiance en rien, mon Coca Light est souvent décaféiné, et puis j’ai pas besoin de ça pour vivre des expériences tout à fait déjantées, le manque de sommeil suffit à ma constitution pachydermique, les ombres sont des rêves qui s’animent.

Ca surprend souvent les navets, ces gens roses et blancs qui se fondent dans ma soupe, quand je leur explique que les gros sont des maniaques du contrôle. Comme si le gras était toujours synonyme de laisser aller, gros cul sur canapé, passe moi les chips et rote en stéréo simultanée. J’ai pas de pourcentages exacts, d’ailleurs personne n’en a, on préfère taper sur l’obèse plutôt que de comprendre l’obésité, autre débat. Je me sens plus proche d’une anorexique obsédée par la teneur calorique d’un quart de Granny, cent grammes, cinquante six calories, que du cliché habituel de la grosse lascive en toge, gourmande, molle et ramollie. Notre savoir est commun, nous avons juste des manières différentes de l’appliquer, la restriction ou l’excès, unique maîtresse, le besoin impérieux de se sentir exister.

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