Standing In The Way Of Control

J’aime pas être enfermée, je déteste prendre l’avion, le métro m’oppresse et je cherche la sortie dans le train, je voudrais pas être enterrée vivante et gratter les parois lisses d’une boîte trop petite pour me contenir, quand je vois encore le ciel, quand mes pieds touchent la terre, il y a encore de l’espoir, si je cours ou si je crie, si je parle ou si j’oublie, j’en sortirai, je me sauverai, personne n’aura ma peau, surtout pas les autres, surtout pas moi, les douleurs qui me lancent et les blessures qui suppurent, dégoulinent les crevasses, passe le temps, je voudrai pas crever avant d’avoir guéri, je rêve de ne plus subir, ni l’inné, ni l’acquis, être libérée, légère, être en vie plutôt que d’attendre immobile le moment où tout finit.

On laisse les gens conduire à nos places, on ne passe pas le permis, on lie les liens qui nous serrent, on se laisse faire, on ne devine pas, à quel point la boule qui bouge en toi ne te laissera pas tranquille, elle critique tes actes et te parle quand il fait nuit, qu’as tu fait de tes talents, que deviens tu, laisse moi exister seulement, donne moi une place, ouvre la bouche et laisse moi parler, laisse couler les mots et les injures, la rage et les regrets, bouge bordel, prend le contrôle, agis, tu crois gérer parce que tu bouffes, tu vomis et tu pleures, tu te lèves pour bosser et tu es polie avec tes amis, tu te remplis de vide, de dérisoire, d’inutile, faire les courses et partir en vacances, s’offrir des fringues et boire à outrance, les séquences s’enchaînent, c’est le storyboard le plus chiant de la terre, pas de sens, pas de sortie, encore l’acquis.

Je me vois vieillir, je me vois peiner, les nuits blanches moins faciles, l’ennui qui s’invite et qui ne repart jamais, mon corps abimé par des années de déni, l’habitude de penser en rond, tourner en rond, ne rien remettre en question, ferme les yeux, ouvre la bouche et avale, le chocolat et les mensonges, les couleuvres et les poisons, comment font les autres qui ne doutent de rien, qui ont choisi tôt leurs vies, leurs carrières, leurs destins, mariés, parents, employés, tous dans le moule, j’ai pas la forme, j’ai pas l’envie, je sais juste que je suis mal et que je voudrais arrêter, me trouver c’est stupide, adolescente retardée, pourtant c’est vrai, c’est la question qui me hante, ou je vais, ce que je fais, le sens du rond-point et les bifurcations, je veux voir clair enfin, débarrasser ma vue des filtres que j’ai créé, les roses et les plus noirs, le gris surtout, bâtard.

Je ne suis pas exigeante, je suis paresseuse, je suis peureuse et je suis molle, je me laisse dévorer par la boule et elle m’habite, elle contrôle mes cauchemars et m’empêche d’écrire, d’aller au bout des choses, de couper dans le vif, je jalouse et j’envie, je rêve et je me maudis, les excuses qu’on se trouve et celles que la vie nous fait, ne pas prendre de risque, rester au chaud, voir venir, attendre et soupirer, se plaindre et stagner, surtout ne rien tenter, apaiser le trouble par des remèdes faciles, une carte bleue, une connerie, des soirées passées à refuser d’allumer ton cerveau, mise en veille prolongée, erreur fatale, écran bleu, fumée.