Tu peux pas test

J’ai pas la drague subtile, j’ai juste envie de te choper, depuis le temps qu’on se parle et qu’on s’observe, tu me tournes autour et j’aime ca, alors on attend quoi pour se tester, s’embrasser, voir si on s’emboîte et passer à l’instant d’après ? J’aime pas l’amour courtois, les fleurs de paki, les diners et les bla-bla, j’aime quand tu me regardes en coin et que tu me coinces contre un mur, que tu me dis dans l’oreille que je suis vraiment trop belle, si tu dis que je suis bonne, t’inquiète je t’en veux pas, j’aime sentir que tu me sens contre toi, que ca te plait de m’avoir juste là, que mon esprit t’a fait bander, mais que mon corps aussi, la beauté intérieure, c’est sympa merci, ca remplace pas l’attraction physique, le truc qui te fait que te retournes dans la rue et qui te donne envie de suivre quelqu’un, juste pour le regarder, juste pour voir si il est libre, le flash que tu ressens dans le métro quand il s’assoit en face de toi, t’arrive pas à arrêter de le mater, tu le déshabilles du regard et dans ta tête c’est déjà fait, descente au même arrêt, t’as pas du feu et tu t’appelles comment, on prend un verre si t’as le temps, ca se fait jamais ce genre de plan, mais si j’avais trois couilles, ca arriverait plus souvent.

Pourtant je crois que je suis romantique, que je suis une vraie fille, je suis sensible et j’ai besoin de me sentir aimée, désirée, j’ai juste pas la même notion de l’acceptable amoureusement, j’aime les choses spontanées, les voyages au bout de Paris en bus de nuit, tu mets ta main dans ta poche parce que j’ai oublié mes gants, on a froid mais c’est bien, la nuit nous appartient, au bord d’un quai de Seine on partage une clope avec un vagabond, on oublie l’heure et puis le temps, on se pose par terre et on balance une pièce dans la fontaine des innocents, ca dure qu’une nuit, quelques heures, je connais juste ton prénom, je sais pas si t’as entendu le mien, mais pour l’instant y’a que toi qui compte, les heures qui passent et la façon dont tu m’embrasses, les potes qu’on a quitté y’a trois arrondissements, pour partir se planquer, juste nous deux, profiter de l’instant.

Je sais même pas si je pense à plus tard, si tu prendras mon numéro et si j’oserai te demander le tien, si on ira au cinéma voir le dernier truc un peu primé, bien sur que j’imagine tout ça au fond, mais ca compte pas vraiment, si on en reste là après tout c’est déjà bien, on gâchera rien, on gardera tout ça pour nous, on aura pas d’anniversaire, pas de cadeaux à se faire, si tu pars de l’autre côté du quai quand arrivera le premier métro, j’garde pour longtemps au fond de mon sac les preuves tangibles que tu as existé, le ticket de carte bleue des bières qu’on a acheté ensemble, le dessin un peu pourri que tu m’as fait sur la main, ca me rassure, je me dis que j’ai pas rêvé, et quand je rentre pour me pioter je m’endors avec l’impression d’avoir vibré, d’avoir rencontré un mec vraiment bien, même si c’est pas vrai, que finalement t’es un gros con obsédé, on s’en fout, je garde toi ce que j’ai choisi, et je compte pas changer de version.

J’ai l’esthétique de nos premiers instants qui diffère surement des autres filles, je préfère qu’on aille se balader sur la fin d’un chantier, qu’on colle des mots débiles sur les vitres d’un bus, qu’on fasse quelque chose d’un peu barré, d’un peu décalé, si tu m’invites au restaurant je deviens conne et puis je m’éteins, y’a rien qui me bloque dehors la nuit, ni l’espace ni les gens, si t’as choisi de me suivre c’est que tu le voulais, t’es pas bloqué derrière ta chaise en attendant la fin de la date, y’a pas de règles à l’américaine, tu m’appelles si tu veux, et je t’envoie trois textos de suite si j’ai envie, je déteste réfléchir et calculer, te fuir pour que tu me suives, te chasser pour que tu te barres, je vois pas les bons moments dans ceux qui nous emmènent de toutes façons vers le coït obligatoire, alors je suis un peu abrupte, je te provoque et puis j’te serre, je tombe avec toi très vite très fort, pour combien de temps j’en sais rien, pour cette nuit et puis peut-être demain, si t’as toujours envie et si je suis toujours là, si j’me suis pas déja barrée avec un autre qui passait par là.