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Impossible légèreté de l’être.

Putain ce soir je voulais écrire bonheur, j’avais pris des bonnes résolutions, ca suffit de parler de chatte et de fion, je voulais écrire joli, je voulais écrire léger, je voulais parler d’un dimanche au soleil quand tu bois trop de rosé, quant ta tête devient coton et que tu bouquines sans arriver à lire, que t’es avec tes potes et que le temps passe vite, mais lentement, que t’as mal à la tête mais que t’es heureux, parce que la vie est douce, parce que tout va bien, parce que tu penses à rien, qu’il n’y a que l’instant, pas de lundi dans ta tête, pas de responsabilités, de dilemmes, de choix, rien à penser, rien à dire d’ailleurs, juste allumer ta clope et regarder les autres parler, contemplation muette d’un truc presque parfait.

Y’a une expression en anglais que j’aime bien, la déprime c’est un chien noir, y’a un bouquin d’ailleurs ”shoot the damned dog”, où l’auteur raconte sa déprime, sa descente dans le magma dégueulasse du rien, et la manière dont elle survit. J’ai abattu mon gros chien noir il y a quelques années, après avoir passé six mois enfermée chez moi à attendre, littéralement, la mort. Je me souviens encore des minutes sur mon réveil, chiffres rouges qui s’arrêtent, le temps ne passe pas, tout est figé, ton cerveau ne répond plus, tout est une épreuve, te lever, te laver, téléphoner, impossible, position latérale de sécurité pour ton cortex, tu es au bord d’un truc bien laid et tu te regardes sauter, mais tu n’en finis jamais de sauter, pas de loi de la gravité dans la dépression, tu sais quand tu sautes et tu pries pour t’écraser, parce que si tu t’écrases c’est fini, tu peux enfin passer à autre chose, ne plus avoir le vertige, ne plus rien ressentir, couper au cutter tes terminaisons nerveuses, découper tissu par tissu la membrane qui entoure ton crâne et recommencer.

Ce soir le chien noir est de retour, enfin pour être vraie, son fantôme se balade quelque part, pas assez mal pour avoir peur vraiment, juste assez pour me rappeler sa présence, ce truc latent en toi qui refait surface, prêt à t’en foutre plein la gueule, te balancer en boucle les images de tes manques, de tes souffrances, film gore et pathétique de ta vie ordinaire, caméra à l’épaule, poltergeist du passé, et si seulement t’avais pu dire quelque chose, si seulement tu avais crié plus fort, si seulement tu étais moins conne, moins naïve, moins sensible, si tu t’étais écoutée, et si on pouvait changer est-ce qu’on ne referait pas exactement les mêmes erreurs finalement, est-ce qu’on ne reprendrait pas les mêmes chemins foireux, parce que t’es faite de ça, aussi, parce que tu te construis contre, si on te retire tout ça, finalement qui tu es, à quoi tu sers.

Je ne crois pas qu’on décide d’être heureux, je crois qu’on prend ce qu’on peut et qu’on gueule en attendant que ca recommence, peut-être que ce soir j’ai juste envie d’arrêter de gueuler, pour exister, pour me faire remarquer, pour ne pas qu’on m’oublie dans un coin, enfermée à la cave comme quand j’avais 8 ans par mon père qui avait soudainement oublié que j’existais, tu frappes sur la porte décatie et personne ne t’entend, pourtant dehors ca bouge, juste derrière cette putain de porte, il y a des gens, tu hurles et personne ne t’entend, tu pleures mais ils sont occupés, tes poings dans la porte, au bout d’un moment tu arrêtes, parce que ca ne sert à rien, parce qu’ils se souviendront que tu es là, peut-être, et qu’ils ouvriront la porte, tu n’as plus qu’à attendre, résignée, gelée, assise sur la plus haute marche de l’escalier, l’oreille collée au panneau d’agglo qui part en miettes, j’ai attendu une heure, une heure c’est rien, mais je m’en souviens, mythe fondateur de l’histoire de mes manques, je ne veux rien oublier, et je ne veux pas qu’on m’oublie, jamais, en bien, en mal, je veux prendre de la place alors je grossis, lutte pour la survie, plus tu occupes l’espace et plus on te voit, plus on te remarque, et si on te crache dessus tant pis, au moins tu existes, on te reconnait, tu es la grosse fille de quelqu’un, la grosse copine, tu n’es plus rien.

Tout à l’heure j’irai bien, et j’aurai chassé le fantôme du chien noir, j’aurai changé de playlist, d’humeur, tout va bien, tout ira bien, et même si ça foire, si tout devient plus noir, plus trouble, plus pénible, je sais que j’irai bien, parce que j’ai un putain de chien noir au cul, qui vient dans mes rêves la nuit et qui m’emmerde toute la journée, qui me force à réaliser que le pire est peut-être passé, qu’on survit, à tout, même à ce qui t’as tué, un peu, un morceau de toi, ca repousse, ta carapace s’endurcit et tu prends du plaisir à te sentir mieux armée, moins fragile, demain sera peut-être meilleur, peut-être pas, mais toi t’es là.

J’ai été un génie.

De 13 ans à 16 ans. Parfaitement. En tout cas, tout le monde s’accordait à le dire. Dans ma petite pension du fin fond de la forêt, académie Amiens, mes professeurs n’en connaissaient pas d’autres, j’aimais lire, j’aimais avoir raison, je sors d’un an au Canada, toute seule, où j’ai appris à faire la lessive et à parler anglais, j’ai sauté deux classes, je suis une rebelle, j’écoute NIN et Einzerstunde Neubaten, mes copines écoutent les Fugees, j’ai pas la gueule de l’adolescente qu’on séduit alors je me venge en fermant la gueule de tout ceux qui m’emmerdent, j’aime pas les gens ou alors les gens ne m’aiment pas, je fume derrière les grands arbres dans le noir alors que c’est strictement interdit et ca me fait passer pour une fille forte, une rebelle. Je passe mon bac défoncée sous le regard inquiet de mes professeurs qui tiennent à la réputation 100% boîte à bac de leur établissement, ils comptent sur ma mention pour faire mousser leur potentiel, moi j’ai la tête dans l’été qui arrive, l’appartement que je vais partager à 50m de ma prépa, enfin pouvoir écouter de la musique, lire ce que je veux, téléphoner, parler à des garçons, tout ce qui était rigoureusement passable de lapidation immédiate dans mon école tellement old-school qu’on y portait un uniforme.

L’été justement, je suis un autre genre de génie, le génie de l’embrouille, du stop jusqu’en Espagne, de ces boîtes immenses qui passent un son tellement brutal et tellement mauvais que tu es obligé de consommer, je rattrape en deux mois mes 4 ans d’enfermement, j’ai de mauvaises fréquentations qui ont mal lu Kerouac, pour la première fois j’ai l’impression d’avoir une place quelque part, sur la banquette arrière d’un break détruit, enfin j’ai une bande, je me reconnais en eux, sentiment d’appartenance, de vivre un peu aussi, j’oublie que dans quelques jours mon cerveau devra fonctionner normalement, je me perds un peu, je ne lis rien de la bibliographie obligatoire pour fille sérieuse qui rentre en hypokhagne.

Septembre tristesse, mes potes repartent et c’est pire qu’un au revoir, je partage un petit appartement glauque avec une fille qui est mon opposé complet, famille nombreuse normande, catholique et fière de l’être, chef scoute, fiancée, qui porte fièrement à son caban marin les petits pieds dorés sensés représenter ceux d’un foetus avorté. Si elle savait seulement le monstre ignoble qui partage son frigo, elle le comprend vite, les larmes et les sermons quand je rentre un peu trop tard un peu trop heureuse, j’ai quitté ma pension pour vivre avec un père spirituel en culottes bleues marines.

Septembre, angoisse aussi, rentrée en prépa, je ne suis plus un génie, c’est fini, autour de moi des gens hallucinants, un moche à cheveux longs arrive d’un conservatoire russe, des jumeaux en Barbour font des concours de latin, ils sont tous tellement épanouis dans leur habit de maître du monde futur et j’en ai tellement rien à foutre que le contraste se nique complétement sur la photo de classe. Je rends mes premières dissertations, et je les récupère avec en option un très belle envie de mourir consécutive à la note récoltée, mais surtout aux appréciations lapidaires, aux remarques glacées, aucun encouragement, vous n’êtes rien mademoiselle, vos opinions n’en sont que trop, veuillez utiliser votre langue maternelle qui est à priori le français, petits mots en rouge sur mes doubles copies, que je déchire souvent dans des accès de rage terrible. L’émulation, la vie en groupe, l’étude à la bibliothèque, les conférences et le Collège de France, toutes ces choses que j’aimerai aujourd’hui revivre mais qui à l’époque devenaient torture, des pages et des pages de notes, de fiches de lecture, de bachotage sur des sujets de colle stupides, combien de lampadaires à Bruxelles en 1907 mademoiselle ?

Je travaille et je deviens médiocre, c’est déjà beaucoup, j’ai la chance de ne plus être ridiculisée complétement aux résultats des galops des concours, je sais que je ne serai jamais normalienne, ni rien d’autre d’ailleurs, je ne dors plus non plus, je commence à voir des choses étranges, la nuit parfois j’imagine des milliers de rats qui courent derrières les plinthes de l’appartement, ca me rend folle, je saute dans un taxi et je me réfugie à 4h du matin sur le canapé de l’appartement familial, expulsée à 7h par ma mère furieuse d’être surprise au saut du lit par son amant du moment, je ne vais pas bien mais mes notes s’améliorent, la khâgne se rapproche et j’ai ma chance, et si je khâgne je passe le concours, tout devient possible, peut-être.

Ma colocataire me quitte fin mai, décidément je suis insupportable, et c’est un peu la fin de mes efforts, de mes petits succès, sa chambre devient salon, elle a laissé son matelas, je m’y affale pour fumer au lieu de relire mes notes, peu à peu mes potes reviennent, ma libido aussi, mon envie de lire, de voir, de penser hors de ce qui m’est imposé, envie de libérer du temps de cerveau pour être, mauvaise décision, convoquée par la directrice de promotion, mademoiselle on voit vos doigts de pieds à travers vos baskets trouées, et alors, et alors, mes ongles sont vernis et c’est ca qui compte.

Fin juin, prise de décision, le pour et le contre, le pire et le meilleur, l’avis de ma mère et le mien, je ne fais pas partie de ceux qui pleurent en attendant les résultats des délibérations, j’ai envie de pouvoir khâgner pour prouver que je n’ai pas tout à fait perdu mon temps, avoir mes équivalences en fac aussi, mais quelle que soit la décision, je n’irai pas, c’est fini, j’abandonne dans ce lycée les heures de gloire prévues par ceux qui pensent encore que je suis un génie, j’abandonne derrière moi les mots qui comptent entre deux virgules dans Breton, les silences de Flaubert et l’importance de la verge dans Shakespeare, pour moi le voyage au bout de la folie s’arrête ici.

RasHa. Atik saha !

Ce soir j’ai la rasHa. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le terme, ca se prononce <Rass><rra>, et c’est un terme oriental pour désigner la mélancolie, le regret, l’angoisse.

C’est un sentiment particulièrement “de chez nous”, le sentimentalisme de l’exilé, le soupir de celui qui pense au pays, ta grand-mère qui te raconte le soleil sur sa terrasse, les makrouds qu’elle achetait chez le pâtissier à côté du grand cinéma, qui te donne de la fleur d’oranger dès que tu as mal quelque part, du mazar, c’est bon pour tout, les mots du cœur comme ceux du corps, en cataplasme comme en infusion, ca sent l’orange douce et le miel, les pignons de pin et les épices, la feuille de rose séchée dans le couscous et la menthe ciselée dans les boulettes, elle te raconte en boucle son arrivée à Marseille, le train jusqu’à Paris, ce qu’elle a laissé là bas, les couleurs, les gens, la robe de ses 18 ans, comment elle a retrouvé ton grand-père en France, exilé lui aussi quelques années plus tard, qu’ils étaient voisins là bas mais qu’ils ne se parlaient pas, tu lui montres Google Earth et tu passes trois heures à zoomer pour qu’elle retrouve son immeuble, son école, la gare du petit train pour aller à l’Ariana, elle pleure un peu, elle te tient la main, et toujours les soupirs, plus lourds, plus profonds, les soupirs de l’exil, du pays, de sa jeunesse aussi, de ses parents qui sont morts maintenant sans jamais retourner, les mots en arabe qu’elle t’apprend, les sors qu’elle jette aux méchants, la façon toute particulière qu’elle a de taper dans ses mains pour rythmer la musique, la graine du couscous qui s’égraine dans ses mains, rajoute de l’eau ma fille, rajoute de l’huile, tourne ta main au fond de la gamelle en fer blanc, fait tourner la graine entre tes doigts, la graine c’est la base de ta cuisine ma fille, si tu fais une bonne graine à ton mari, il restera avec toi toute la vie.

Le mari justement,il arrive ? Belle comme tu es ? Tu as personne à me présenter ? tu sais je ne pourrai pas mourir tant que je ne t’aurai pas vue mariée, ma fille, mon amour, mes yeux, je t’aime tellement que lorsque je te regarde respirer j’ai peur que tu t’arrêtes, le mercredi après-midi je venais te chercher et on allait à Belleville, trainer chez les textiles, je t’ai bien gaté ma fille, tu étais la petite la mieux habillée de la classe, on allait chez Gabin manger un complet poisson en terrasse, tu te souviens, la testira sur le pain italien, le thé à la menthe que nous offrait le garçon, et la boule au miel qu’on partageait en remontant aux Buttes Chaumont donner du pain au canards, on a fait tout les Guignols de Paris, toi et moi, tu étais tellement belle petite, ma fille, mon amour, mes yeux, les cheveux tellement blonds que tout le monde me demandait d’où je te sortais, à qui je t’avais volé. Mais moi je te volais pas, mais tes parents, les pauvres, ils travaillaient tu sais, alors moi j’étais là, quand tu étais malade, la varicelle, les oreillons, pour les vacances et pour les mercredis, tu l’aimais ta mamie quand tu étais petite, maintenant je comprends plus rien à ce que tu me dis, j’arrive même pas à expliquer à mes copines ce que tu fais comme métier, c’est trop compliqué, et puis moi j’ai jamais travaillé tu sais, ton grand-père il était pas pour, alors les ordinateurs, la technologie, les téléphones, moi ca me dépasse.

J’ai 95 ans maintenant ma fille, mon amour, mes yeux, et tu sais, même si jusqu’à 120 ans je suis là, il y a un jour où je vais partir, alors je vais te montrer où je cache les choses. Parce que j’ai peur des voleurs, alors je cache. La bague de ma mère, sous la pile de draps pour les invités, les relevés de banque sous la latte du parquet qui grince, mes petits billets dans le coussin du grand fauteuil bleu, il y a un trou sur le côté pour les attraper, je te montre tout à toi, parce que tu as tout à construire, tout à vivre, et puis tu n’as pas encore de mari, alors tu auras besoin de mes petits trésors quand je serai partie, quand tu n’auras plus ta mamie pour te cuisiner la kamounia que tu aimes tant, embrasser ton front quand tu pars, et jeter un verre d’eau derrière ta porte pour t’enlever l’œil, personne ne fera ça pour toi, ils ont tous oublié, mais toi ma fille, mon amour, mes yeux, je t’ai montré comment jeter un sors au boucher qui te donne des mauvais morceaux, comment choisir les grenades et comment rouler la graine sous tes doigts, je t’ai emmené avec moi au hammam, je t’ai appris le savon noir et le rassoul, je t’ai dit à l’oreille les secrets des femmes alanguies, celle qui n’aime plus son mari et celle qui a un fils déja parti, je t’ai appris à écrire ton nom en arabe, à faire le gâteau sans beurre sans farine et sans œuf, je t’ai montré comment faire le youyou pour les mariés, comment mettre du khrol sur tes yeux, je t’ai dit tout mes secrets, mes amoureux d’avant, ma façon de cuisiner le mulet, retourner un balais pour chasser tes invités, à toi j’ai tout appris, j’ai tout dit.

Quand ma grand-mère est partie, 120 ans c’était un peu long finalement, j’ai retrouvé dans un couloir de sa cuisine, celui où elle cachait ses cigarettes, un petit cahier, aux marges passées, à l’encre délavée, les mots de ma grand-mère, ses souvenirs, avec une introduction simple, en arabe, “je préfère pleurer que tout oublier”. La rasHa, c’est ca.

Résolutions de merde.

Ouais, on change bientôt d’année ! Ouais !

J’ai jamais vraiment compris pourquoi c’était une occasion heureuse en fait. A part avoir le plaisir d’utiliser le calendrier offert par ma banque, mon boucher et mon restaurant chinois, vraiment, je vois pas. C’est juste encore un événement mis en branle par les concepteurs de ce putain de bonheur obligatoire, il faut donner de l’espoir à la plèbe des petits et des laborieux, on va leur donner une occasion de se mettre une mine monstrueuse et de croire aux lendemains qui chantent, d’effacer les erreurs et les problème des 365 jour précédents.

Et puis comme il faut être dans le développement personnel à tout prix, ils ont ajouté le petit cadeau Bonux du concept des résolutions. Faudrait pas qu’on se mette à croire que tout est beau comme une soirée de réveillon à la salle des fêtes de Bourg en Maroeil, que la vie n’est qu’une succession de coupes de mousseux et de canapés de mousse de canard, de chansons de la Compagnie Créole et d’embrassades sous le gui.

Non, la vie c’est pire qu’une baston dans Assassin Creed 2 (que je viens de finir), il faut s’améliorer, se donner des objectifs, rentrer dans une productivité de l’être, être heureux, être conforme, avoir les dents blanches et arrêter de fumer, perdre du poids avant les fêtes, perdre du poids après les fêtes, perdre du poids avant l’été, s’abonner au Moving, s’engager à passer de temps avec ceux qu’on aime plutôt que de jouer à la PSP, être gentil avec les vieux et embrasser ta tante Hughette, arrêter de dire des gros mots et s’habiller comme un adulte dynamique, penser à faire des économies et vérifier le taux d’intérêt de son Livret A, conduire selon les règles et sourire au mec du péage.

Tout ca m’emmerde. Mais vraiment. Quitte à faire des résolutions que je ne tiendrai pas, parce qu’elles sont castratrices de bonheur et de liberté, chiantes comme la pluie et tristes comme Adamo sans sa perruque, je préfère en faire des complètement folles. Des impossibles, des fantasmatiques, des masturbatoires. Je les garde dans un coin de ma tête, et elles me foutent la pêche comme l’intro de Your Mangled Heart les jours où je suis forcée d’embrasser ma tante Hughette.

Mes résolutions :

Devenir une putain de rappeuse. Mais ouais. Je suis sure que je suis capable de pondre des textes qui déglinguent ta maman à quatre pattes sur la table basse en formica. Évidemment j’ai une voix de daube et aucun sens du rythme. Mais je suis capable de dire tout Demain c’est Loin sans respirer, et si tu me donnes deux cuillères, je te refais Belsunce Breakdown a capella. En privé. Devant mon miroir.

Jouer de la guitare avec les cheveux dans le vent. Donc, apprendre à jouer de la guitare, et me faire poser des extensions. Ok, ca contrastera un peu avec mon look de rappeuse, mais je peux le faire en baggy, ca me gène pas. Je veux prendre le TER région Oise avec ma guitare en bandoulière et parcourir le marais poitevin en chantant dans les bars PMU, des chansons pas connes et profondes qui racontent la mélancolie et le goût de la bière chaude, mes cycles menstruels et mes rapports conflictuels à l’ordre. Un genre de Fat Janis Joplin Unplugged, version rurale du Larzac, une Joni Mitchell avec des textes qui parlent de cul et de chatte, une bête de hippie post-moderne.

Faire un putain de documentaire sur Sarcelles. Parce que j’adore Sarcelles. Sans déconner. Pourtant j’ai vécu 20 ans à Paris, et j’étais parisienne-parisienne, je prenais mon passeport pour passer la porte d’Orléans, et mon Dramamine pour prendre le RER. Mais Sarcelles c’est juste un truc incroyable. Tellement des gens, tellement d’histoires, tellement de traditions, de cultures, d’associations, d’enjeux politiques, quand tu y réfléchis c’est fou. Et comparé à Paris, c’est tellement vivant pour de vrai. A Paris, tu as tout, l’accès à tout, mais les gens sont morts. A Sarcelles on a quasi rien, mais ca respire, ca parle fort, ca hurle, ca se tape, ca réfléchit, ca se bouge. Bien sur je généralise à mort, mais je ressens quelque chose comme ca.

Finir d’écrire l’essai que j’avais commencé. Pour de vrai. Et l’envoyer à des gens plus intelligents que moi pour en avoir une lecture critique, et me fermer le clapet sur mes possibilités intellectuelles. Et dans mes rêves les plus fous, le faire publier à compte d’auteur à l’Harmattan. Ou un truc qui sent l’intelligence quoi. Et, fière de mes 12 ventes, (ma mère), partir faire des interventions de terrain dans les maisons closes de la frontière belge.

Comme d’habitude, je sais par avance que je ne tiendrai aucune de ces résolutions. Parce que je suis une flemmarde, parce que je bosse pour payer mes clopes, parce que j’ai pas les capacités requises pour les réaliser, parce que souvent je préfère regarder la rediffusion de Belle Toute Nue plutôt que de ré-ouvrir mon fichier Word et de m’astreindre à ma page quotidienne, parce que j’ai trop peur de me crouter pour penser à sauter, et que les fantasmes ne sont pas tous fait pour être réalisé.

Le Duplo

Après notre première, et dernière roulade dans le stupre et la luxure, il me dit  :

“Tu vois, moi je suis un Lego, toi tu es un Duplo, on peut pas bien s’emboîter”

Jolie métaphore de trous et de bitonios à rentrer dedans.

Bien sur j’aurai du fuir.

Un mec qui fait porter la responsabilité de son échec sexuel à un jeu de construction pour enfant de moins de 12 ans, c’est presque pathologique. Mais sur le coup, j’ai rien pu dire. J’étais tellement affreusement déçue qu’un mec si brillant, si marrant, si joli, soit si incapable de me faire jouir, et un peu tristounette aussi de la taille de sa bite, il faut le dire, que j’ai pris cette affirmation comme une insulte. Moi je suis un Duplo ? Moi je suis un Duplo ?

D’abord mec, pour faire jouir une nana, il faut lui donner envie. La renverser mollement sur son pieu en faisant une blague grasse du genre “attention ma chérie tu vas voir le 7e ciel”, même en imitant Lino Ventura, c’est un mauvais départ. J’ai passé les 13 minutes de notre coït endiablé à me demander ce que je foutais là, et surtout comment je pouvais me laisser faire par un manchot de la teub.

Je ne vais pas parler des préliminaires, et pour cause, il n’y en a pas eu. Enfin je pense pas que se déshabiller (juste le bas pour toi, c’est plus class) compte comme des préliminaires. J’ai essayé de t’intéresser à des trucs simples, mes seins par exemple, mais tu étais concentré, avec un petit air de Jack Nicholson dans Shining. Aucune interruption possible.

Après avoir essayé de m’enlever mon soutif pendant 12 secondes, tu m’as donné l’ordre de l’enlever toute seule, pendant que tu t’occupais, tout seul, de ton pantalon et de ton caleçon. Tu as gardé ton t-shirt moche, et je me suis dit que tu devais être complexé du poil ou du muscle, ou du gras, et j’ai presque trouvé ca mignon.

Je me suis approchée de toi pour, ahem, comment dire, m’assurer que tu étais techniquement apte à l’acte sexuel et éventuellement t’apporter une aide, voire même te faire profiter de mes techniques de folie, et là, tu m’as demandé si j’avais des capotes.

Évidement j’ai des capotes. Mais était il vraiment nécessaire d’en mettre une alors que je n’avais encore qu’entraperçu ton membre glorieux et dardé ? Fallait il déjà, alors que nos muqueuses étaient encore à 1m l’une de l’autre ériger cette barrière de latex ?

Oui, parce que nos muqueuses allaient se rencontrer plus vite que prévu.

Je retire une capote de dessous mon matelas (toujours prête !), je la balance avec nonchalance sur le pieu,pensant te rassurer sur la présence des dits préservatifs, et donc pouvoir détendre l’atmosphère, mais non,  tu te jettes dessus comme un chacal, tu la mets toute seule et en 2 sec chrono (petite bite), tu te projettes vigoureusement entre mes cuisses, et tu cherches avec entrain l’entrée des artistes. Ah non. Tu cherchais bien ma chatte. Ah non, le cul. Ah non. Ah oui. Ah non. Ca glisse ? Oui, c’est normal. Allo t’es puceau ?

L’acharnement que tu as ensuite mis à bouger au dessus de moi, épileptique mouvement de tes hanches, m’a fait penser que nous étions bien en train de baiser. J’ai donc essayé de me concentrer sur mon vagin, mais malgré mes efforts, impossible de localiser ta queue. J’exagère un peu, je l’ai sentie buter, encore et encore, dans mon aine, sur mon pubis, contre ma cuisse, à tel point que j’ai voulu t’aider, mais trop tard, ma cuisse lubrique avait eu raison de ta virilité. En gros, tu avais joui comme un gros porc, beuglant comme un veau, alors que j’avais à peine eu le temps de réaliser qu’il y avait eu pénétration. J’ai même pas eu le temps de penser à simuler tellement la situation était grotesque.

Pourtant ca avait bien commencé entre nous, c’était l’été, dans une soirée chiante, j’étais bourrée, tu étais marrant et pas trop laid, un peu artiste, un peu bizarre, comme j’aime, on avait bu des 8.6 au bord de la Seine avant de venir se finir chez moi, tu m’avais embrassé dans les escaliers, et ton air vicieux me laissait penser que ca allait être bien dégueulasse et bien fun.

Comme tout les mecs, tu as mal supporté mes remarques sur notre moment de bonheur charnel. Tu m’as piqué ma dernière clope, tu t’es levé, toujours avec ton t-shirt moche et ta bite encore dans la capote pendouillant mollement entre tes jambes toutes maigres, et tu m’as expliqué ta théorie de l’emboitement.

Le seul truc mec, c’est que je suis un putain de Mecano. Demande à ton frère. Ahah.

(Sunday, December 27, 2009)

Les hommes sont des petits lapins. Poussins. Coin-Coin.

Les hommes ne sont pas les meilleurs amis des femmes. Non non.

Les hommes sont des petits lapins.

Parfois il faut les attraper par les oreilles pour les foutre à la casserole.

Parfois il faut les dégager à grand coup de pompe dans le derche pour qu’ils arrêtent de te chier sur les pompes.

Parfois tu as envie de les prendre dans te bras tout mous et de leur faire des calins, mais parfois, t’as juste envie de faire partie de celles qui aiment avoir un animal de compagnie.

Quand tu te promènes dans les animaleries, tu as du mal à te retenir, tu aurais bien 4 petits lapins chez toi, mais tu résistes, parce que tu ne pourrais pas t’en occuper. Alors tu prends du plaisir à caresser le petit lapin de ta copine, en plus du tien.

Le problème des petits lapins, comme des animaux de compagnie en général, c’est quand tu veux partir en vacances, en week-end. Quand t’es une gentille propriétaire, tu les laisses à une copine, pour qu’elle s’en occupe. Quand t’en as rien à foutre, tu te barres en laissant une vieille assiette de croquettes et un bol d’eau croupi, en espérant qu’il se soit barré quand tu rentres.

Le monde un peu comme une SPA géante. Ils sont tous là à te regarder avec leurs grands yeux de petits lapins tristes.

Et puis quand tu as eu des petits lapins, parfois, t’as envie d’autre chose. D’un furet. D’une petite souris. Ou juste de rien. Alors ton petit lapin maigrit. Il commence à ronger la bouteille de JB. Il bouffe tes restes de pizza froide en grelottant sur le carrelage de la cuisine. Alors t’es partagée, entre l’envie de l’euthanasier, pour la souffrance tu comprends, ou alors de passer une dernière fois ta main entre ses deux petites oreilles velues, histoire de se quitter sur un bon souvenir.

Bien sur parfois, tu perds ton petit lapin. Tu tournes la tête, tu vas bosser, ou simplement tu respires, et dans l’instant qui suit, il disparait. Il laisse souvent des traces derrière lui, petites crottes moisies sous le lit, que tu frottes contre ta joue en chialant. D’abord tu comprends pas, tu veux pas comprendre, t’es sure qu’il reviendra, mais non ma grande, te raconte pas d’histoires, c’est fini, tu le sais parce qu’il te le dit, dans un café pourri, en public comme si il flippait, comme si en tête à tête tu allais le tuer, le frapper, l’assassiner. Mais il a simplement peur que tu chiales, de voir que vraiment t’es mal, alors il te paie un dernier demi, il se rachète une conscience en se disant qu’au moins, lui, il te largue de vive voix. Toi tu chiales pas, parce que t’es glacée, congelée, que ton cerveau ne fonctionne plus, tu cries pas, tu hurles pas, tu demandes même pas pourquoi, parce que tu sais que la réponse est “c’est pas toi, c’est moi”. Mais c’est pas toi, c’est lui, c’est sa nouvelle pute, celle qui écarte les cuisses mieux que toi et qui a la nouvelle PS3.

Tu rentres chez toi, c’est comme une maison témoin. La traces de son cul encore dans le canapé, les mégots dans le cendrier, témoin de ce qui a été, de ce qui est cassé et de ce qui maintenant n’existe pas. Tu pètes un peu les plombs, t’attaque la vodka, tu tapes dans ta coke de l’année dernière, celle que promis tu toucheras pas, tu réponds pas au téléphone, tu vas pas au taf, tu regardes le plafond et tu attends que ca s’arrête, que ton cerveau se réveille, que le cauchemard s’arrête, mais ca s’arrête pas, ca devient plus dur, maintenant tes potes sont au courant, ca sonne à l’interphone et on te demande de parler. De parler de quoi. T’as pas envie d’avouer que ta dernière requête Google c’est suicide, mode d’emploi, que tu pues le tabac froid, et le vomi un peu aussi. Que tu t’en veux, que t’es moche et inutile, que tu te sens crevée du dedans, que t’arrive pas à effacer son dernier SMS, son dernier mail, sa voix sur ton répondeur, avec ce message que t’écoute en boucle, celui ou il te dit qu’il t’embrasse, pourtant c’est rien, mais ca te sauve un peu la vie de penser que t’as pas rêvé tout ca, qu’il y a encore quelques heures t’étais importante pour quelqu’un, que t’étais pas juste cette pauvre fille un peu borderline, un peu cramée putain.

Un matin tu te réveilles, tu mets du rock qui hurle et du rap qui claque, tu mets des fringues de pétasse et ton maquillage de macrelle, t’envoies le même message type à tout ton répertoire masculin, le premier qui répond tu l’baises. Parce que 100 peines de cul sont plus faciles qu’une seule peine de la tête. Que ton corps ne te trahit pas, alors que ton cerveau tu sais plus comment l’arrêter, il tourne à vide, tourne en rond, pour le faire taire tu te fais jouir en désordre en te branlant contre des connards qui se branlent à l’intérieur de toi. T’oublie leur queue dès que tu sors de leur appart, tu reprends le métro et tu repenses à ton mec, et tu te vomis d’avoir fait ca, d’avoir encore une fois fait n’importe quoi. T’es saoulée de toi, t’as envie de te jeter contre un mur mais t’es plus forte que ca, tu ravales ta bile et tu changes de playlist, tu penses à des trucs un peu débiles, le soleil le matin en été, l’odeur de ta mère, tu chiales un peu, tu fumes beaucoup, t’efface ton répertoire de toquards, un jour il vient récupérer ses clés, tu lui balances à la gueule en le traitant de connard, tu revois tes potes qui sont inquiets, qui te prennent pour une tarée, qui écoutent tes histoires en pensant que t’es paumée, perdue, foutue, mais t’es juste sur la bonne voix, tu recommences à parler de toi. à déconner, à sortir, à glander, t’as presque tout oublié.

(Wednesday, December 16, 2009)

Girl meets Guy. Ou pas.

Ca commence comme un premier rendez-vous.

4 heures de préparation physique et psychologique intense comprenant lavage, épilation, polissage, crêmage, ongles, séchage de cheveux, essais de tenues, make up, un épisode de Gossip Girl, 12 cigarettes, 1 litres de coca light, une crise existentielle parce que tous mes collants sont troués, 3 coups de fils à une amie, 2 sms de confirmation de rendez-vous, 15 tweets, une prière pour qu’il ne pleuve pas, un quart d’heure euphorique, un rangement de sac.

Bref, ca commençait pas mal, en sortant de chez moi je me fais siffler par mon clodo du coin, qui est LE test de ma sexytude. En prenant le métro, un mec me tient la porte pour que je puisse frauder sans m’arracher, bref, un sans faute.

Arrivée, pile à l’heure, au lieu dit, première angoisse. Je ne me souviens plus de son visage. Bon. Je me souviens d’autres détails de son anatomie. Pas sur que ca m’aide.

Deuxième ennui, j’ai rendez-vous dans l’endroit où doivent se donner rendez-vous toutes les personnes qui se rencontrent sur le web. Ca se voit à nos visages. Chaque individu qui sort de la bouche de métro est scruté, déshabillé des yeux, soupesé.

Justement, je crois que voilà mon date. Miam. Enfin je crois. Parce que de loin, ca pourrait être lui. Grand, brun, bon style, petite lunettes. Miam. S’enclenche la machine à fantasme et je nous vois déjà le lendemain matin au petit déjeuner en train de lire Libé amoureusement.

Sauf que quelqu’un vient de me taper sur l’épaule. Et que donc, le grand brun, qui s’avance pourtant dans ma direction, ne peut pas être mon date. Si je me retourne, j’abandonne mon bel inconnu avec qui j’ai déja décidé qu’on irait jamais chez Ikea. Quel deuil affreux.

Le mec qui vient de me taper sur l’épaule me dit vaguement quelque chose. On se fait la bise. Il me demande ce que je deviens. Ahhhhhh. Putain c’est ma fête. C’est Thomas, avec qui j’étais en classe au lycée. Tant pis tant mieux. Sauf qu’avec tout ca, mon inconnu du web commence à être en retard. Et à chaque fois que je suis en retard pour ce genre de truc, ca veut dire que je viens pas. Donc si il est comme moi, il m’a planté. Youhou.

Bon. Je crois qu’il ne va pas venir. D’ailleurs son téléphone est sur répondeur. Sans passer par la case départ. Il est peut-être dans le métro. Sauf que moi je capte dans le métro. Et puis il vient en voiture. Merde merde merde. Ou alors, parano ultime, il m’a vu, il est reparti. Ou il m’a vu en train de claquer la bise à cet abruti de Thomas et comme c’est un garçon super sensible, il est en train de pleurer tout seul quelque part. Ou alors son chien est mort et il est parti disperser ses cendres en Mongolie. Ou il a perdu son téléphone et il cherche par tout les moyens comment me contacter et il est super malheureux. Ou, plus vraisemblablement, il a trouvé une autre petite à lever ce soir, et sur une échelle de baisitude, elle devait avoir de l’avance, et il a choisi. Et puis, c’est difficile à annoncer  : “Ouais, finalement, je vais passer la nuit avec Choobidoo23, tu m’en veux pas hein.”.

Ouais. Plus de doute. 20 minutes de retard, téléphone sur répondeur, aucune nouvelle. Gros #fail pour ma gueule. Retour à la case on-est-samedi-soir-et-j’ai-annoncé-a-toutes-mes-copines-que-je-sortais-pas-ce-soir-parce-que-je-rencontrais-un-super-bogosse.

J’ai plus qu’à avouer. Passer le coup de fil de la honte.

“Ouais, en fait, bon … on a pas trop accroché tu vois … le IRL parfois, c’est décevant … on a décidé de pas insister … non non, il est sympa … mais physiquement tu vois, c’est pas ma came … ouais ouais … bon bah je vous rejoins ou quoi ?”

Résultat, 10 tequila paf plus tard, je rencontre Manouel, qui est chilien, ca tombe bien, j’adore les chiliens, d’ailleurs je parle pas espagnol, et son français se limite à Lady Marmelade. Mais Manouel, il me comprend. Et il est beau. Enfin je crois. Et pour ce soir, ca ira bien.

Saturday, November 28, 2009

Sick Sad World

Barbes, 14h

J’attends le bus. Rien de sexy. J’écoute un podcast chiant.

Arrive un mec. Qui commence à me dire que je suis, en gros, la plus belle femme du monde, son fantasme vivant, qu’on doit absolument aller boire un café au Quick d’en face sinon sa vie sera une tragédie.

Au début, j’emploie la tactique officielle “Oh comme mon podcast est intéressant je n’entends pas ce que dit le petit homme à dent en or qui gesticule devant moi”.

Mais mon adversaire décide qu’il doit vraiment me parler et m’arrache donc mon écouteur de l’oreille. J’ai bien sur pris la totale mesure de cet acte romantique et chevaleresque, et j’ai donc pris ma voix la plus douce, la plus mesurée et la plus diplomate pour lui signifier que mes sentiments n’étaient pas réciproques mais que je lui souhaitais bonne chance dans sa quête de l’amour.

Enfin c’est ce que j’aurai du faire. Parce que dans la réalité, j’ai tendance à avoir un arrière fond du 9.5 en moi, et dès qu’on m’emmerde, je suis prise d’une diarrhée verbale à la hauteur de celle de Diams. J’ai donc plus lui dire “Ehhh mais mec tu t’es pris pour qui là ? Va niquer ta mère !”. Ou enfin quelque chose comme ca.

Mais mon prince charmant ne se décourage pas, me tient par l’écouteur (oui, enfin il me tient en laisse par l’écouteur), et commence à détailler avec des détails imaginatifs ce qu’il aimerait faire de mes parties intimes. NICE !

Dans mon esprit un dilemme : je tire d’un coup sec sur mon écouteur, et je me casse, avec la possibilité qu’il me suive et que la situation recommence 30m après. Ou alors, je reste là, un oeuil sur les minutes qui défilent avant l’arrivée supposée de ce putain de 31 (plus que 6 minutes). Certainement la meilleure solution, mais ma grosse gueule me joue des tours, et j’ai été incapable de soutenir stoïquement les assauts de mon délicieux compagnon.

J’ai pété un plomb après qu’il m’ait demandé au bout de la 12e demande concernant mon tour de poitrine. J’avoue. J’aurai pas du. Il ne restait que 3 minutes sur le tableau électronique de la RATP. Mais diahrrée verbale, énervement, PMS, bref, j’ai commencé ma tirade par un “MAIS PUTAIN T’AS VU TA GUEULE DE ROUMAIN HERPÉTIQUE”. Ok, pas très sympa. Surtout pour les roms qui trainaient derrière. Ensuite je me souviens assez mal, mais j’ai été vulgaire, violente, j’ai crié très fort avec ma voix de souris circoncise, et à un moment, je l’ai menacé de lui mettre un pain.

Ne faites pas ca à la maison les enfants.

Je vois le bus arriver, je me coupe dans mon vomi d’insultes, mais je n’étais pas seule à vouloir prendre le bus, donc cohue. Le mec me suit en hurlant, je suis un peu ragaillardie par le bus qui arrive, les gens qui s’agglutinent autour de moi, j’en profite pour lui mettre un gros coup de coude dans le bide. Hop.

Mon pied est sur la première marche du bus, et là. La plus grosse et énorme main au cul que j’ai jamais eu le _plaisir_ de recevoir de ma vie. La main au cul bien vicieuse et dégueulasse et horrible.

Reflexe. Coup de pied en arriere. Je monte dans le bus. Je pousse tout le monde et je vais me planquer dans l’accordéon. Le bus démarre. Je regarde le mec, il est par terre et il se tient la tête entre les mains.

Oops.

Head Kick combo. Me demande combien ca me fait de points.

(Saturday, November 28, 2009)