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Chaussures de filles

J’arrive pas à marcher perchée, j’ai beau m’entrainer, j’ai beau essayer, accumuler les paires, des petits et des grands, des jolies et des orthopédiques, si je me surélève je perds le peu de grâce dont la nature m’a doté, je titube comme une hippopodame bourrée, je me gaufre dans les escaliers, j’arrive pas à rester debout, les talons c’est bon quand tu veux te la péter, je les mets quand je t’attends chez moi, pour ouvrir la porte et faire trois pas jusqu’au canapé, je les enlève vite fait quand on commence à baiser, je les oublie dans un coin jusqu’à la prochaine fois, quand tu reviendras.

Tout est un peu comme ça avec moi, j’ai toujours un truc qui va pas, un trou dans mon collant, les chaussettes qui dégueulent dans mes pompes, une tache mal placée entre les seins, je suis maladroite, et puis la vérité c’est que je m’en fous un peu, d’avoir l’air parfaite, polie, brillante et précieuse, avant ca me traumatisait, je voyais les filles passer, parfaites, le sac coordonné à la ceinture, les ongles vernis, les cheveux rangés, le maquillage fixé à la laque, tu ne parles pas trop fort, tu souris discrètement, t’es jolie, ton visage angulaire et mystérieux, dans ton sac c’est propre et ordonné, tu trouves ton briquet tout de suite, ton téléphone toujours dans la petite poche magique. Si tu me demandes du feu, tu peux attendre longtemps, faut que je fasse le tri, entre les miettes de sandwich, les bonbecs qui pourrissent là au fond, les trois bouquins, les trois feuilles, ma culotte propre et mes lunettes, mes paquets de clopes vides, les allumettes disséminées un peu partout, certaines déjà brulées, trois bics, aucun ne fonctionne ca serait trop facile, le vernis à ongle jaune fluo trop cool que j’ai acheté en poireautant Gare du Nord, le plan du métro qui date d’avant la ligne 14, les dessins arrachés de la nappe du restaurant chinois, une carte du Docteur Mafoussa qui résout tes problèmes par apposition des mains sur ton anus, deux bancos grattés, les horaires du RER de l’hiver dernier.

Rien que l’état de mes ongles ca situe la femme, quand j’ai pas des faux ongles de pornstar américaine, ils sont tout niqués, tout grattés, tout verts ou tout bizarres, j’ai pas la patience d’attendre que ca sèche, alors ca déborde, ca glisse sur les doigts, je trouve que ça fait peintre, en vrai ca fait juste naze, y’a pas deux heures ou on me parle pas des mes ongles dégueulasses, moi je m’en fous, ca m’amuse et puis c’est moi, j’ai pas eu de mallette de maquillage quand j’étais petite fille, je me rattrape maintenant, j’en fous partout, je mets du vert fluo sur mes paupières, du noir sur mes pieds et j’écris des trucs sur mes bras à l’eye-liner, quand je m’ennuie j’imagine que je suis invitée chez Oprah, je mets du blush orange et du rouge à lèvre rose Barbie, je réponds à une interview imaginaire en faisant des grands gestes avec mes mains, même que parfois j’fais tchiiiiip.

Si un jour tu manges en face de moi, s’il te plait, fais un effort, fais tomber un truc, renverse le sel, fais toi une tâche, me laisse pas toute seule avec ma gestuelle handicapée de la fourchette, je me bats avec mes couverts et trop souvent ils gagnent, je rend les armes après le plat de résistance, quand j’ai un morceau de viande au fond du soutif et de la salade collée au poignet, j’y arrive pas, je te jure, c’est pas faute d’avoir appris, ne pas mettre les coudes sur la table, ne pas roter et dire merci, c’est plus fort que moi, mon corps ne m’obéit pas, t’as le droit de rire mais pas longtemps sinon je t’envoie ton café à travers les dents.

Le seul truc chiant c’est quand je rencontre un mec beaucoup plus net que moi, un mec rasé de près, avec des vraies fringues repassées, qui sent le savon et le frais, quand tu rentres chez lui c’est rangé, y’a rien qui traîne, le lit est fait, il s’excuse pour le bordel, le salaud, il imagine pas une seconde que chez moi c’est Tchernobyl, que t’ose à peine respirer de peur de déranger, tu prends rien à boire parce que c’est sur tu vas renverser, t’attends la comme une conne le droit de bouger, t’as envie de lever la main comme à l’école pour demander si tu peux aller pisser, je suis inhibée par les gens trop ordonnés, ca me met la honte, ca me donne envie de me cacher, de rentrer chez moi et de retrouver l’aspirateur, il doit être quelque part entre la baignoire et la cuisine, la dernière fois que je l’ai vu, on avait eu des maux, il refusait d’aspirer tout en même temps, moi j’voulais tout faire disparaître, sans trier, sans ranger, alors je l’ai puni, mis dans un coin, excommunié, faudrait peut-être qu’on fasse la paix, si je veux me remettre à baiser.

Tu peux pas test

J’ai pas la drague subtile, j’ai juste envie de te choper, depuis le temps qu’on se parle et qu’on s’observe, tu me tournes autour et j’aime ca, alors on attend quoi pour se tester, s’embrasser, voir si on s’emboîte et passer à l’instant d’après ? J’aime pas l’amour courtois, les fleurs de paki, les diners et les bla-bla, j’aime quand tu me regardes en coin et que tu me coinces contre un mur, que tu me dis dans l’oreille que je suis vraiment trop belle, si tu dis que je suis bonne, t’inquiète je t’en veux pas, j’aime sentir que tu me sens contre toi, que ca te plait de m’avoir juste là, que mon esprit t’a fait bander, mais que mon corps aussi, la beauté intérieure, c’est sympa merci, ca remplace pas l’attraction physique, le truc qui te fait que te retournes dans la rue et qui te donne envie de suivre quelqu’un, juste pour le regarder, juste pour voir si il est libre, le flash que tu ressens dans le métro quand il s’assoit en face de toi, t’arrive pas à arrêter de le mater, tu le déshabilles du regard et dans ta tête c’est déjà fait, descente au même arrêt, t’as pas du feu et tu t’appelles comment, on prend un verre si t’as le temps, ca se fait jamais ce genre de plan, mais si j’avais trois couilles, ca arriverait plus souvent.

Pourtant je crois que je suis romantique, que je suis une vraie fille, je suis sensible et j’ai besoin de me sentir aimée, désirée, j’ai juste pas la même notion de l’acceptable amoureusement, j’aime les choses spontanées, les voyages au bout de Paris en bus de nuit, tu mets ta main dans ta poche parce que j’ai oublié mes gants, on a froid mais c’est bien, la nuit nous appartient, au bord d’un quai de Seine on partage une clope avec un vagabond, on oublie l’heure et puis le temps, on se pose par terre et on balance une pièce dans la fontaine des innocents, ca dure qu’une nuit, quelques heures, je connais juste ton prénom, je sais pas si t’as entendu le mien, mais pour l’instant y’a que toi qui compte, les heures qui passent et la façon dont tu m’embrasses, les potes qu’on a quitté y’a trois arrondissements, pour partir se planquer, juste nous deux, profiter de l’instant.

Je sais même pas si je pense à plus tard, si tu prendras mon numéro et si j’oserai te demander le tien, si on ira au cinéma voir le dernier truc un peu primé, bien sur que j’imagine tout ça au fond, mais ca compte pas vraiment, si on en reste là après tout c’est déjà bien, on gâchera rien, on gardera tout ça pour nous, on aura pas d’anniversaire, pas de cadeaux à se faire, si tu pars de l’autre côté du quai quand arrivera le premier métro, j’garde pour longtemps au fond de mon sac les preuves tangibles que tu as existé, le ticket de carte bleue des bières qu’on a acheté ensemble, le dessin un peu pourri que tu m’as fait sur la main, ca me rassure, je me dis que j’ai pas rêvé, et quand je rentre pour me pioter je m’endors avec l’impression d’avoir vibré, d’avoir rencontré un mec vraiment bien, même si c’est pas vrai, que finalement t’es un gros con obsédé, on s’en fout, je garde toi ce que j’ai choisi, et je compte pas changer de version.

J’ai l’esthétique de nos premiers instants qui diffère surement des autres filles, je préfère qu’on aille se balader sur la fin d’un chantier, qu’on colle des mots débiles sur les vitres d’un bus, qu’on fasse quelque chose d’un peu barré, d’un peu décalé, si tu m’invites au restaurant je deviens conne et puis je m’éteins, y’a rien qui me bloque dehors la nuit, ni l’espace ni les gens, si t’as choisi de me suivre c’est que tu le voulais, t’es pas bloqué derrière ta chaise en attendant la fin de la date, y’a pas de règles à l’américaine, tu m’appelles si tu veux, et je t’envoie trois textos de suite si j’ai envie, je déteste réfléchir et calculer, te fuir pour que tu me suives, te chasser pour que tu te barres, je vois pas les bons moments dans ceux qui nous emmènent de toutes façons vers le coït obligatoire, alors je suis un peu abrupte, je te provoque et puis j’te serre, je tombe avec toi très vite très fort, pour combien de temps j’en sais rien, pour cette nuit et puis peut-être demain, si t’as toujours envie et si je suis toujours là, si j’me suis pas déja barrée avec un autre qui passait par là.

Pas de face

J’aimerai trouver une ligne claire entre ce que je partage et ce que je garde pour moi, entre ce que je ressens et ce que j’écris, ça me permettrait peut-être d’être moins sensible, moins prompte à tout foutre en l’air, détruire pour se protéger, se recroqueviller pour ne plus rien sentir, ne plus se laisser atteindre, laisser passer les mots et les attaques, cachée derrière soi, oublier qu’on parle de moi, ne plus lire les mails assassins que tu m’envoies, se faire oublier, retrouver mon banc et puis mon arbre, mon cahier et puis ma page. C’est terriblement prétentieux, et si ca fait de moi une connasse sans face, tant pis, j’avais besoin d’écrire que je suis touchée, blessée, par ce que je lis, parce que j’entends parfois, parce que ce que j’écris ici n’est pas journalistique, la thématique est unique, c’est moi et puis ma gueule, mes ennuis et puis mon orgeuil, mes souvenirs et mes obsessions, les gens que je vois et ceux que j’ai perdu, y’a pas de volonté d’éclairer le monde de mon intelligence, de décortiquer les événements ou d’avoir même une opinion, y’a juste ce qu’il m’est arrivé, ce que j’ai envie de raconter, ce qui sort de mes doigts ne m’appartient plus, je le pose ici et je me sens moins lourde, j’ai lâché prise, je peux commencer à vivre sans.

Alors quand tu m’analyses et que tu tentes d’y trouver du sens, quand je réponds pas à tes attaques et tu deviens trois fois plus méchante, rappelle toi que tu parles à une meuf qui écrit juste pour elle, qui ne demande rien et qui t’emmerde, qui se contente de 30 lignes tout les soirs pour aller mieux, qui ne cherche pas d’histoire, de billet sponsorisé ou de gloire, qui n’atteindra jamais tes 2000 followers et tes 60 000 pages vues, mais qui s’en fout, merci pour elle, tu peux retourner compter du click tranquille, faire l’imbécile dans les soirées où on te bourre la gueule au mousseux dégueulasse, être la princesse des connasses, moi j’reste chez moi et j’demande rien à personne, je veux pas faire d’échange de liens et quand je lis tes articles, honnêtement c’est vrai, je me fous de ta gueule, ma réputation virtuelle est ce qu’elle est, je cherche pas partiulièrement à en faire une carte de visite, je suis une No Life, comme toi, juste en un peu moins démagogique.

Je te propose un marché simple, t’arrête de me lire et tu m’oublies. En échange j’lis plus tes conneries et je classe tes mails en spam, on s’évite, on se regarde loin, enfin surtout toi, parce que j’aurai vite fait de tourner la page, quand j’aurai envoyé ce billet, t’auras déja disparu, mais fallait que je lâche ça ici, tu comprends j’en suis sure, t’es exhib toi aussi.

Try a little tenderness

Tu sais finalement je suis pas compliquée. Ce soir j’ai pas envie de baiser, je serai la salope de personne, ce soir j’ai juste besoin de me lover, contre quelqu’un, ma tête dans tes creux, respirer ton odeur, regarder passer l’heure, les ombres se dessinent sur les murs, le soir tombe et je ne bouge pas, juste toi et moi et le temps qui passe, sans parler, sans bouger, parfois tu t’étires et je me retourne, mais nos corps l’un contre l’autre se joignent toujours, dans l’épaule ou dans les reins, y’a pas de bande originale à ma rêverie, juste le silence et ta respiration, tu pourrais être n’importe qui, mon amant ou mon ami, sentir une présence bienveillante, laisser aller ma peine au rythme de mes soupirs, tu t’endors parfois, mais ta main ne me lâche pas, quand tu fermes les yeux j’ouvre les miens et je te regarde, je voudrais dire merci, simplement, mais j’y arrive pas, les mots se bloquent, je suis pudique des sentiments, alors je murmure que c’est bien et je me rapproche encore un peu de toi, l’odeur de ton parfum passée sur ta chemise froissée.

Y’a pas de fin à mon envie, pas de chute à ce que j’écris, j’ai juste besoin d’une présence humaine, refuge à la folie, me sentir le droit d’être fragile, d’être petite et légère, de murmurer au lieu de hurler, poser mon masque sur la table de nuit, démaquiller l’audace et le culot, poser mon sac loin de ton lit, l’oublier quelques heures, ne plus penser, recharger mon âme à la chaleur de la tienne, avoir le temps enfin, sans train à prendre ou rendez-vous à honorer, les minutes qui s’égrainent dans la ouate de ta couette, ton pied qui cherche le mien, la douceur de tes bras qui me serrent, le joli silence de nos deux airs qui se mêlent, sans ambiguïté, sans questions et sans attentes, la simplicité bête d’un moment sans artifice, sans théâtralité, tu pourrais être mon ami, si j’en avais un comme toi.

Quand je t’aurai tout pris, quand tu m’auras tout laissé prendre, quand il fera noir et qu’il fera froid, quand ma tête sera pleine de guimauve et qu’il faudra partir, ne t’inquiète pas, je connais le chemin. Ne te lève pas, ne te dérange pas, reste là. Je reprends mon sac, ma vie et le reste, ce que j’ai laissé dans le couloir, je ne te laisse rien, pas de noir dans tes rêves, pas des vases communicants de ma tête à la tienne, je n’ai rien dit, toi non plus, c’est presque mieux, juste des heures de silence qui nous lient, c’est intime le silence, bien plus que la parole, bien plus que le sexe, les bruits reviennent, la rue et puis le téléphone, les lumières blanches du dehors qui m’appellent, c’était bien, merci.

Il y a du soleil, soleil dans tes yeux

D’abord la chaleur, la descente de l’avion, le soleil, écrasant, les vêtements qui collent et la douane à passer, si t’as de la chance c’est rapide, les jours où t’en as pas, ca peut durer des heures, coincée dans le no man’s land, entre deux pays, entre deux états, le soleil à travers les baies vitrées de l’aéroport, ta valise qui tourne seule, abandonnée, sur le tapis roulant des arrivées, ce que tu as mis dans ta valise pour tes amis, pour ta famille, la barrière, la dernière, le soleil en pleine tronche, enfin, les corps et les odeurs de ceux que tu aimes à distance, les retrouvailles après onze mois passés loin d’eux, les larmes sur le béton du parking, les promesses de revenir plus souvent maintenant, le trajet en voiture, tu t’en mets plein les yeux, les panneaux de l’autoroute et les palmiers, rien qui change et pourtant tout a changé, les immeubles qui poussent au milieu du désert, des neveux qui viennent de naître à rencontrer, tellement de gens à embrasser, et le soleil, encore, permanent, le contraste de ta peau si blanche et des leurs si halée, dans trois jours tu seras cramée, comme à chaque fois, l’odeur de la chaleur sur ta peau, la crème solaire et les pastèques sur la plage, les soirées les pieds dans le sable, la journée tu appartiens aux tiens, la nuit tu fais la fête et tu vis vraiment, cocktails à 20 shekels, tu croises tout Paris, ta voisine, ta cousine et le beau gosse du restaurant, tous là, en transe, les soleils la nuit sont nombreux, alcools et mélanges, tu sors pour prendre un verre tu finis au petit déjeuner, avec trois expatriés et trois soldats en uniforme, le uzi et les tongs, ray-ban dans la poche arrière du treillis, ici la guerre civile fait partie de la vie, plus rien ne t’étonne, te faire fouiller quand tu vas prendre un café, ouvrir ton sac avant d’aller danser, les regards lourds de sens quand tu montes dans le bus, les contrastes entre les autres et toi, ceux qui vivent toute l’année ici, qui ont oublié qu’on habite ici dans des maisons sans abris blindés, ca sert de buanderie, pour toi c’est flippant, ca te rappelle que ceux que tu laisses derrière sont vulnérables, fragiles, et quand à 4000 kilomètres tu regardes les infos, tu passes un coup de fil même si tu sais que rien n’est arrivé, juste pour te rassurer, juste pour partager avec eux, la peur et puis l’angoisse, le souvenir des jours d’été.

Tu vis dans l’insouciance, pour toi c’est facile, tu ne restes pas, parfois tu joues avec l’idée, et si tu partais, et si tu changeais de vie, rejoindre le soleil permanent dans ta tête, t’oublie que là bas aussi l’hiver il neige, tu dépenses ton argent en taxis et en sorties, ton cousin a deux métiers et 6 enfants, tu calcules pas bien le contraste entre ce que tu vis un mois et ce qui se passe vraiment, les contrastes blanc sur noir sont moins flagrant la nuit, les soucis tu les partages de loin, par mail ou par téléphone, quand t’es là bas tout va toujours bien, tu passes à l’endroit où hier ca a explosé, mais bizarrement t’es habituée, tu respires cet air particulier, qui te donne la foi, qui te donne un peu plus de cœur, t’admire ceux qui luttent, résistent et qui donnent de la voix, mais t’es contente de repartir, ta révolte s’arrête dans la salle d’embarquement, tu manges ton dernier Mc Do de l’année à Tel Aviv, tu rapportes des cigarettes et du sel de la Mer Morte, le fil rouge à ton poignet, les images du coucher de soleil sur Akba, si tu nages un peu trop loin t’es au point zéro de l’humanité, l’Égypte à droite, à gauche la Jordanie, derrière toi ton pays, les garçons au regard sérieux, les gens en noir que tu admires de loin, les filles si jolies, le temps qui passe sur la terre qui n’appartient à personne, surtout pas à toi qui la consomme , tu prends le meilleur, t’embarque le reste dans ton appareil photo, les images, les odeurs et puis les gens, tu t’en lasses pas, dans ta tête ca reste, l’attachement à la poussière et au calme, le soleil et l’euphorie des nuits, la condensation sur la vitre, l’impression que l’essence de ton être est restée là bas, que les vies d’ici s’annulent, que rien ne compte cette chaleur là, qui te prend aux tripes quand t’entends la Hatikva, blédarde de là bas, finalement c’est pareil, le même sentiment d’être exilée que ceux qui viennent d’ailleurs, tata du bled ne m’oublie pas, dans onze mois je reviens m’en mettre plein la tête, les yeux et puis les mains, les cailloux de ton jardin dans ma poche, arrachés au sol pour le prendre avec moi, vivre par procuration les tremblements, les secousses, les serrer quand j’ai l’impression d’avoir oublié, d’avoir épuisé les réserves, pensée magique qui me ramène, je ferme les yeux et je suis avec toi, sous le porche, un spring mangue et une cigarette, ma main dans les cheveux de tes enfants, les yeux perdus dans l’immensité des lumières de Jeru, tu sais qu’on voit jusqu’au Liban ?

–> Haut

A l’intérieur c’est pas trié, des milliers de boîtes, ouvertes ou fermées, des boites en carton, des dossiers, ca prend un peu la poussière, t’as pas la force de ranger, parfois t’en pousse une pour faire rentrer l’autre, Tetris géant, y’a pas de chemin tracé, y’a pas d’index pour retrouver, l’odeur de ta mère et quand t’es tombé en vélo, ta première bouffée de tabac et la dernière fois que t’as baisé, ça arrive comme ca peut, ca te tombe dessus quand tu t’y attends le moins, overdose sensitive, dans le métro pour rien, parce que ton œil se pose un peu trop longtemps, parce que le son dans tes oreilles devient brouhaha, t’es ailleurs, t’es plus là, t’ouvre une boîte et reviennent les souvenirs.

Le jardin et puis ton chien, l’arbre qui t’aimait et l’odeur du soleil dans ses cheveux, la fête de l’école où on te force à danser sur les Gipsy Kings, la différence entre le désert et le dessert, en bas du grand escalier ton père qui rentre de la clinique crevé, ta mère dans la cuisine et l’odeur des oignons qui brunissent, les images te reviennent mais t’arrive pas à t’y placer, les autres existent mais toi t’es à l’extérieur comme gommée, t’observe tes souvenirs comme on regarde un DVD, marche, arrière, retour rapide, c’est ton enfance qui défile, ou pas vraiment juste les lieux et puis les gens, les sensations et puis le temps, le temps qui passe mais qui ne t’enlève rien, t’as tout gardé en toi planqué, caché, haute sécurité, ne rien dire, ne rien parler, surtout ne pas oublier de respirer, t’avance et les boîtes s’accumulent dans ta tête, si tu les ouvres sans être prête, c’est le passé qui te pête à la tête.

Tu forces un peu le verrou quand tu rentres en thérapie, tu racontes ta légende personnelle, t’envoies valser les peurs et les contraintes, dans ta bouche les boîtes s’animent et tu reprends vie, la gomme se barre et c’est du typex qu’il te faudrait à la place, tu voudrais tout blanchir, tout raturer, tout annuler, mais t’as pas le choix, faut ranger les boîtes pour dégager le passage, faire de la place pour de nouvelles boîtes, trier, ordonner, classer, comprendre enfin, finir avec les idées noires des cartons les plus bousillés, empiler les dossiers pour mieux pouvoir les archiver, ta mémoire vive dégagée, ton disque dur défragmenté, chaque chose à sa place, ne part pas les mains vides, gerbe la poussière de tes plus vieux cauchemars, continue à avoir peur, à te poser des questions, mais maintenant t’es forte, construite de l’intérieur, t’as viré assez de merdes pour retrouver l’interrupteur.

Ca te rend pas différente, plus intelligente ou plus accomplie, ca change complétement ta vie, le regard que tu portes sur toi et celui que tu poses sur les gens, la façon d’analyser la manière dont tu réagis, tes synapses au garde à vous relèvent la garde toutes les secondes, les connexions se multiplient, c’est plus facile, plus cruel aussi, voir sa vie en face, ni délirante ni déprimée, faire le constat objectif de sa médiocrité, s’avouer qu’en fait on est juste tous pareils, les défauts et les qualités, les obsessions et les échecs, ce qui fait de toi un être, comme le mec qui te regarde sourire dans le métro, dans le vague et juste pour rien, parce que t’es partie dans les boîtes que t’as choisi de garder, t’as pas tout balancé, et celle que tu gardes font la différence, elles t’emportent et elles te réchauffent, elles te rappellent d’où tu viens et les routes que tu prends pour y retourner sont les plus belles, parce que cette fois tu choisis.

Hip Hop

Je sais pas rapper, je chante pas, je dessine pas et je code pas, j’aime pas la science fiction et je fais pas de sport, ce que je fais de mieux c’est gueuler, m’énerver, me taper, contre moi, contre toi, contre les murs quand la nuit je me réveille et que j’ai fait le même rêve, encore, pour la millième fois, j’ai arrêté de compter tellement j’ai l’impression que tout les soirs il m’attend, que mon fantôme personnel c’est ce putain de cauchemar, bourrée, à jeun, sous cacheton ou après l’orgasme, quand je m’endors il est là, planqué, prêt à attaquer, tout le monde te dit qu’il faut en parler, l’écrire pour l’exorciser, rien qui marche, rien pour me l’arracher, le scalpel ripe, la croute résiste, pas de frappe chirurgicale sur l’inconscient.

Tu sais quand tu rêves et que tu veux arrêter, tu luttes pour te réveiller, tu secoues dans ta tête ta volonté, t’arrive pas à arrêter le film, la télécommande est pétée, t’appuie plus fort sur les touches mais y’a rien qui bouge, pas d’arrêt sur image, pas de pause, ca continue, lay back and enjoy the ride, tu fermes les yeux, mais ca sert à rien, tu dors déjà et tes yeux sont scellés, pas de paupière de sureté dans tes rêves, t’es obligée, t’es attachée, tu sais comment ca va finir, pas de suspens, et pourtant à chaque fois tu pleures, tu trembles, la boule dans la gorge comme si tes amygdales allaient exploser, ca fait tellement mal que t’as envie de gerber, mais si tu gerbes c’est le vomi symbolique de tout le rêve qui reste coincé, juste là entre la glotte et l’œsophage, entre ta tête et ton cœur, alors t’avale ta salive, t’avale la peur et puis les pleurs, tu te réveilles, tu tapes dans le mur et t’écoute le masque et la plume, tu dors pas, tu respires plus, t’attends juste que ca passe, que le jour se lève et pour arrêter d’avoir peur.

Y’a rien qui me soigne de mes terreurs nocturnes, des monstres sous mon lit et de ceux qui hantent les recoins et ce qui pourrit doucement dans mon ventre, y’a rien qui me rassure, ni ta bite, ni tes bras, ni le Lexomil, ni le Temesta, parfois j’y crois, si tu soignes ma peur je m’accrocherai à toi, j’arrêterai de faire de la merde et je deviendrai une fille normale, j’aurai plus besoin de m’endormir en pensant que je vais me réveiller en crevant, si tu me sauves de moi je te donne tout, je te donne toutes les clés, je me rends, pour l’instant t’as mon cul, bientôt t’auras le droit à ma tête, je sais qu’il faudrait mais je n’y arrive pas, y’a rien qui me calme, rien qui m’apaise, sauf ma main droite dans le mur, et tu sais comment ca finit, d’abord le poing, ensuite le reste, droit dans le mur, rien derrière à cacher, pas de matelas pour rebondir à la fin de la pirouette, moustique sur ton pare brise.

Dans l’avion quand je pense à la boîte qui m’enferme dans le ciel, je prends la main de mon voisin et je le force à me raconter quelque chose de drôle, quand le métro s’arrête j’ai des rituels pour faire passer l’angoisse, quand dans le RER je me fais serrer j’ai encore ma bouche et mes bras pour m’en sortir, la nuit y’a quelqu’un d’autre à l’intérieur qui m’empêche de faire tout ca, y’a les voix que je n’entends pas mais que j’imagine, y’a les ombres sur le balcon et les bruits dans la cage d’escalier, si je dors avec un couteau sous mon matelas, ce n’est pas seulement culturel, c’est pour taillader sa mère l’autre qui ne dort pas, celle qui pionce la journée à l’intérieur de moi, qui se réveille à 3h32, qui me nique mes journées et qui détruit mes plus jolies nuits, je l’attends et dès qu’elle se montre je la tue, je la saigne, et quand elle sera crevée je la découpe et je la range en morceaux minuscules dans des boîtes scellées, je l’entrepose sur ma table de nuit et je la force à me regarder pioncer.

Pas le permis.

J’ai pas le permis parce que j’ai peur des phares des autres, sur l’autoroute déjà passagère j’ai envie des phares des autres, les voitures dans l’autre sens, comme le frère psychotique d’Annie Hall, c’est tellement simple et tellement brutal, fonce dans un arbre, dans un mur, dans les phares des autres, fin de l’histoire, on en parle plus. Seulement je peux pas, parce que j’imagine que les gens vont venir chez moi, et j’ai pas descendu la poubelle, mon armoire dégueule les fringues à taille élastique, j’ai pas passé l’aspirateur depuis trois mois, alors je veux pas que les gens viennent chez moi, quand je serai morte, parce que ca se fait pas, et puis les papiers que j’ai pas trié, mes petits carnets que je montre à personne, la tache de sang sur mon matelas, ils vont penser quoi. Parfois ca me le fait avec le RER, mais là c’est pareil, j’y arrive pas, pourtant tu joues à l’aventurière, tu poses tes pieds sur la bande de plastique gondolé qui signale la fin du quai, t’as qu’un pas à faire, c’est quoi ce putain de pas, pas grand chose, un pas, tu tombes, lourdement, comme une merde, et le RER te passe dessus, c’est fini. Mais je peux pas, parce que je pense à Robert le conducteur du RER, que je veux pas lui faire ça, mes viscères coagulées sur le pare brise, et puis les autres dans le train, me faire traiter de connasse par les amis du 8h17, les pompiers qui te ramassent en morceaux, je me demande comment ils font, est-ce qu’il y a des petites boîtes avec des étiquettes, est-ce qu’ils te mettent dans des sacs plastiques, attention déchet toxique, comment ils font pour l’odeur et le sang, pour les accidents ils mettent du sable sur la chaussée, ca absorbe et ca boit, mais sur les rails on ferait comment. Et puis je voudrais pas crever sous le RER D, si je me fous en l’air c’est au moins du métro aérien, je voudrais pas partir banlieusarde, je voudrais des agents en vert de la RATP traumatisés, des vrais pompiers militaires et mon portable encore intact par miracle qui sonnerait dans le vide sans que je puisse y répondre. De toutes façons je crèverai surement de chagrin ou d’ennui ou des deux peut-être, ou alors d’une crise cardiaque ou du diabète il parait, est-il vraiment utile de précipiter l’instant, et puis je peux pas blairer les suicidés, sauf que moi ca serait pas pareil, parce que moi tu comprends je souffre, personne ne m’aime, enfin si, mais ils ne me connaissent pas, connerie d’adolescence digérée sous acide, peut-être si j’enlève mon masque et qu’on me voit vraiment, instant scoubidou ou alors Picasso si tu veux de la référence, peut-être que c’est ca finalement, ce que tu attends et ce que tu cherches dans les phares des autres, la révélation, l’instant éclair, à poil dans un phare blanc, le corps déchiqueté enfin, comme l’intérieur de ta tête, parce que parfois t’enfoncer des aiguilles dans les bras ou des cutter dans les cuisses ca ne suffit pas, peut-être si j’avais mal dehors les gens verraient que j’ai mal dedans, alors peut-être, pour un instant seulement comme il dit l’autre qui pleure quand il parle quand il chante, pour un instant seulement je suis toi. J’envie les gens heureux qui n’ont pas besoin de se faire mal pour sentir qu’ils ont quelque chose sous la peau, qui sentent et qui réfléchissent et qui respirent sans effort particulier, moi j’ai des fourmis dans les doigts et une armée d’insectes sous l’épiderme, ça grouille là dedans et ca ne s’arrête jamais, parfois je vois ma peau se détendre et se fondre sous les passages des bêtes informes qui me dévorent de l’intérieur, elles me déforment et elles me façonnent. Je me force à mettre des points mais j’ai pas envie, j’ai envie de virgules à l’infini, parce que quand j’écris les phares s’éloignent et je n’ai plus peur de moi, les grouillements se taisent et les fourmis sortent de mes doigts pour s’accrocher sur l’écran, elles se mettent à grouiller ailleurs, elles baisent et elles se reproduisent, plus nombreuses et plus noires, mais elles ne bouffent plus, les morsures se barrent et ca brûle un peu moins du dedans, comme quand tu arrêtes de respirer quand tu mets ta tête sous l’eau dans ton bain, les bruits étouffés du reste qui peut bien s’arrêter, et que tu te poses la question, jusqu’à quand je reste sous l’eau, combien de temps tu tiens, combien de temps, et si j’arrête est-ce que les bruits continuent. J’ai l’angoisse du passage, de l’initiatique, je ne veux pas partir, j’attends que ca passe, j’attends la fin des circonvolutions, tout le monde dit que ca s’arrête, quand tu fondes une famille ou quand tu deviens plus sage, quand t’as des vraies responsabilités qui te font arrêter de pouvoir réfléchir, tellement t’es occupée, tellement t’as des choses, mais alors pourquoi j’ai cette putain de tâche de fond, et si ca ne s’arrête jamais et si ca ne s’arrête jamais et si ca ne s’arrête jamais.

Papa

La dernière fois que je l’ai vu, j’étais planquée dans une gare RER bien glauque. T’avais rendez-vous avec l’autre, pour discuter argent et temps, je t’avais pas vu depuis 4 ans, les seules nouvelles que j’ai de toi arrivent sous la forme d’une lettre d’avocat, juge des affaires familiales, tribunal de Bobigny, votre père souhaite arrêter de payer la pension alimentaire, attendu qu’il t’a effacé de sa vie et que tu fais tache même sur son compte bancaire, attendu qu’il a un nouveau fils maintenant, t’es convoquée dans un bureau, un juge qui comprend pas, quatre chaises, deux avocats, toi t’y vas pas, pas question de croiser ton paternel dans la salle des pas perdus, tu liras le compte rendu.

Papa tu m’as tenu par l’argent pendant longtemps, moi je voulais rien te devoir, rien avoir à dire, à justifier, pas question que tu saches comment je vais ou que tu reçoives mon relevé de notes, t’as choisi quand tu m’as abandonné, quand t’as changé, quand t’as décidé de devenir ce gros enculé, nez fracassé, urgences du CHU, tu diras que t’es tombée en vélo mais personne ne le croira, il fait les cent pas dans la salle d’attente alors tu sors par derrière avec ta putain d’attelle collée à la gueule, tu sais pas ou t’es, t’as 13 ans et t’as pas un rond, c’est pas grave, t’avance, tu rentres chez ta mère et tu fermes la porte, tu réponds plus au téléphone et tu parles à personne, tu casses tout dans ta chambre et tu chiales toute la journée, ils parlent de non présentation d’enfant, toi tu penses à crever, quand finalement tu sors pour aller au collège, il est planqué dans sa caisse et il te suit en mode psychopathe, si tu parles je recommence et je te raterai pas, vas-y achève moi j’en ai rien à foutre, frappe moi plus fort je gueulerai même pas, t’encaisse et tu pleures même plus, t’es vide dedans, c’est moche dehors, assistante sociale et foyer d’accueil, c’est de ta faute, fallait laisser faire, fallait pas avoir de bleus, fallait que tes parents restent ensemble et qu’il pète pas les plombs, fallait être à l’heure le samedi après-midi et cartonner en biologie, fallait avoir une mère plus forte, moins fragile, plus présente, respire, demain on se débarrasse de toi, 9000 bornes plus loin, il faut bien que l’argent de tes grands parents serve, là bas ni père, ni mère, ici tu disparais, avec toi les ennuis, les emmerdes, les rendez-vous au tribunal et les sommations à comparaitre, c’est bien ma chérie tu vas découvrir un nouveau pays, parler anglais, c’est formidable, à 14 ans à 14 heures d’avion, t’as tellement peur que tu te remets à pisser au lit.

Quand tu rentres neuf mois plus tard, rien n’a changé, sauf que t’es plus la même, tu te laisses plus faire et t’as une rage tellement énorme que tu tapes dans les murs, dans les gens, tu te tapes contre tout, t’as coupé tes cheveux et tu ressembles à un petit mec, tes potes te reconnaissent pas mais de toutes façons toi non plus, tu fumes, tu bois, passe les vacances enfermée dans le noir à cuver, t’as décidé d’oublier, t’as plus de père, à la rentrée sur la fiche de renseignement tu marqueras décédé, tu peux pas le tuer vraiment alors tu le fais comme ca, tu le tues pour les autres, il n’existe pas, pas de deuxième signature sur le carnet de correspondance, pour les autres il est mort et pour te préserver personne ne t’en parle, tellement plus simple, tellement plus facile, de cas social difficile tu deviens la pauvre orpheline, les gens ont pitié de toi, parfois t’as envie de cracher la vérité, mais y’a rien qui sort, ni là, ni chez le psychologue obligatoire, tout les mercredis 15H, cabinet pastel et boîte de mouchoir sur la table basse, j’ai rien à dire, j’ai tué mon père avant qu’il ne me crève, j’ai gagné.

Reste le virement tout les mois qu’il fait à ta mère, prélevé directement sur son salaire par un huissier, obligation de subvenir à tes besoins, c’est marqué sur le jugement, ca te dégoute, t’as l’impression de prendre le fric de quelqu’un que tu détestes, mais toi t’es en première, t’es en pension et faut payer, ta mère est au chômage et ca a pas l’air de s’arranger, alors tu touches le fric, tu paies l’école et t’essaie de te dire que ce sont des putain de dommages et intérêts, t’essaie d’être logique et de prendre ce qu’on te doit, mais ca passe pas, tu commences à te faire gerber, comme pour expulser la merde qu’on te force à ingérer, quand t’es majeure c’est presque pire, c’est viré directement sur ton compte, argent sale, virement en gras, tu le fumes et tu l’avales, tu le gobes et tu le brûles, tu niques ta prépa, mais c’est aussi bien, en fac tu peux bosser, tu peux arrêter de te gerber, préparatrice de sandwichs et télé-opératrice, au moins tu lui dois plus rien, pas de rappel sur papier que ton géniteur existe bien, qu’il te crache à la gueule et qu’il t’a renié, tu peux commencer à te soigner, reste le vide immense du père que tu as fantasmé, celui qui petite était ton héros, celui que tu voudrais, que tu pleures souvent en écoutant Gainsbourg et Ferré, quand j’ai mal à la tête et que je suis dans le noir, j’y pense encore, demain je peux crever et il n’en saura rien, demain je peux me foutre en l’air et sa vie continue, j’ai eu un père pendant 10 ans, j’ai subi un enculé trois, y’a rien de grave pour lui, sa nouvelle vie vide de moi, la mienne immensément vide de lui.

Et le ciel était bleu améthyste.

J’arrive pas. J’arrive pas. J’arrive pas. Je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à écrire ce billet. J’ai épuisé mes brouillons. Je n’ai pas de rechange. J’écris et puis j’efface. Je change de ton, c’est tellement laborieux que mes doigts buttent sur le clavier, fautes de frappes, rien de fluide, rien ne sort. Pourtant en rentrant, j’ai pensé à ce billet, ce que j’allais écrire, j’avais les premières phrases, le reste vient d’habitude, facilement, sans me contraindre, sans effacer, sans retour.

Alors j’écris quand même, parce que je me le suis promis, écrire tout les jours ici, ce qui sort en premier, sans trier, mais forcer la démarche, prendre le temps de ce tête à tête avec le clavier (MAIS PUTAIN CLICHE DE MERDE), j’ai promis alors j’écris.

Ce soir je n’y arrive pas, rien à cracher, rien à dégueuler, rien à raconter, rien à tourner en dérision, rien de bien, rien de mal, fatiguée. Fatigante aussi, désolée.

C’est peut-être la fin de la parenthèse. Peut-être que je n’arriverai plus à écrire. Que ca devient trop contraignant, trop obligatoire. J’ai un problème avec l’autorité, qu’ils disent. Avec ma propre volonté aussi on dirait