Ton cul

Ton cul m’excite, je sais que ca te fait peur, je le regarde bouger, vivre, dépasser de ton jean, j’ai envie de le toucher, de le pétrir, de l’écarter, profiter de toi, te forcer à te laisser aller, oublie tes préjugés, ce qu’on t’a dit, ce que tu as lu, laisse moi te prendre le cul. Pas de douleur, je te promet, je vais t’en donner envie, passer mes doigts et puis ma langue, caresser l’intérieur de tes cuisses, t’embrasser, te lécher, ma main sur ta queue, ma bouche dans ton cou, mes mains sur tes fesses, doucement, lentement, j’ai envie de te sentir te détendre, tes muscles se relâchent et mes doigts se perdent en toi, tu soupires, tu voudrais gémir, t’es un mec tu te retiens, tu bandes de plus en plus dur, je t’avais dit que tu aimerais ca.

Quelques minutes plus tard, tu as oublié ce que je faisais, concentré sur ta respiration et sur les mouvements de mes phalanges, tu te cambres, c’est beau, tu t’offres et tu te tords, ton ventre écrasé contre le matelas, tes mains crispées sur l’oreiller, ta tête tournée vers moi, tu ne me regardes pas encore, comme si la honte de te laisser envahir persistait, je te parle, je te questionne, tu m’assures que c’est bon, tu me demandes de continuer, j’ai peur d’aller trop loin, de te faire peur ou de froisser ta timidité, mais ta voix se mue en cri, alors je continue, je te prends et tu aimes ça, tu te livres et tu t’oublies, je ne t’ai jamais vu si beau, abandonné.

Tu me dis que tu vas jouir, tu oses te retourner, tu attrapes ma main libre, tu la comprimes dans la tienne et tu me supplies presque de te toucher, plus fort, plus profond, ta main droite sur ton sexe l’étrangle et le malmène, sa couleur violacée, innervé, mes lèvres se posent tout en bas de ton ventre, je dépose un baiser mouillé, tu frissonnes, tes mollets se crispent et tes cuisses se ferment, ton bassin se soulève, je te sens tout au bout de ce moment, si j’insiste je gâche tout, tu oublieras que tu as aimé ça, tu ne retiendras rien.

Mes doigts, un à un, se séparent et te quittent, jusqu’au dernier, celui que je laisse, pour te permettre de venir, je pose ma tête sur ton flanc pour te regarder jouir, c’est tellement troublant de t’observer, c’est presque plus intime que ce qui a précédé, j’ai l’impression que mes yeux trichent, qu’ils t’espionnent dans un instant critique, t’es tellement beau que j’en oublie de te parler, de t’embrasser, mes pupilles coincées sur tes doigts qui vont et qui viennent, et quand tu éjacules, ton râle, ta respiration qui cède, je ne regrette rien, j’attends quelques minutes et je demande le même traitement.

Taille

Choisis ton arme d’abord, une lame, une pointe, un briquet, la peau appelle le vice, les bras et puis les cuisses, le cutter contre la flamme, rouge puis noir, chauffé à blanc comme ton esprit kamikaze, sans réflechir sans y penser, pose la tranche brulée sur ta peau morcelée, quelques secondes ça suffit, la cloque se forme, l’esprit se vide, c’est presque le paradis. Fix de douleur physique quand dans ta tête c’est trop rude, quand les voix prennent le dessus, celles qui crient et qui t’injurent, tu cries dans le vide, personne n’entend, pas besoin d’asile pour être en chambre capitonnée, la réalité assourdit tes cris, ils heurtent mollement les gens sans pouvoir les inquiéter, c’est rien ca lui passera, laisse la tranquille, viens manger.

Les bras ca se voit, c’est difficile, traumatise tes amis avec ton histoire psychiatrique, non j’ai pas eu d’accident, je me suis pas pris de vitres, c’est la vie et puis mes mains qui ont creusé les sillons, reptiliens sur mes mains, concaves dans mes cuisses, cicatrices indélébiles des nuits noires où j’aurai voulu partir, chaque morsure du compas enfoncé jusqu’au sang, autant de rage qui sort de moi, goutte à goutte, jusqu’à l’épuisement, l’assèchement. Le ventre ton psy dit que c’est sexuel, il paraît que tu as été touchée, par un oncle ou par ton père, il sait pas bien, mais c’est obligé, pas convaincue tu continues, c’est pratique, c’est discret, ca fait plus mal aussi mais c’est meilleur quand c’est fini, ca nique dans la vraie vie, quand tu sors de l’état second de la nuit, marche en pleine lumière comme un crabe pour cause de plaie et de douleur ingérable. Les cuisses c’est la culpabilité, la haine de soi et puis l’ennui, les dessins que tu fais peu à peu, l’étoile et puis le carré, t’as même plus mal c’est juste pour décorer, toucher ton corps comme tu peux, te le rapproprier, ces cuisses m’appartiennent, à moi seule, et j’en ferai ce que je voudrais.

Ca passe quand tu grandis, ca aussi, c’est écrit, un après-midi en manches longues à la plage tu réalises ta connerie, tu caches tes cicatrices, ta honte et l’ado fuckée que tu as été, t’assume pas les traces qui refusent de blanchir, vergeture de croissance, lignes floues, points sanglants et traces brunatres, tu te demandes comment t’as fait pour vivre avec tout ça, ca te saute à la gueule, tu vois plus qu’elles, chaque boursouflure de ta peau qui te rappelle, le soir où t’es parti, la dernière fois, la première fois, et puis les autres fois, tu te remercies d’avoir gardé tes mains intactes, présentables, sociales, aimables, tu te mets à craindre le regard de l’autre, qu’il devine et qu’il te pose des questions, c’est fini tout ça, on en parle plus, fous la paix à mes démons. Ils se réveillent parfois les matins d’angoisse, quand tu te lèves dans le coma et que ta poitrine ne se soulève pas, la douleur entre les côtes, la respiration qui siffle, bloquée, crucifiée, punaisée, impossible d’avancer, alors tu cherches une manière de te soulager, rapide, facile, immédiate, la lame du rasoir cachée, tu t’en souviens bien, tu la veux mais tu résistes, t’es grande maintenant, les adultes ne se charcutent pas les bras.

RATP

Tu sais depuis que j’habite en grande banlieue, je comprends mieux les gens qui pètent les plombs, qui agressent un conducteur de métro ou qui tailladent les bus, je dis pas que c’est bien, c’est flippant même de penser qu’on peut en arriver là, c’est juste mon triste constat de voyageuse quotidienne, ballotée entre le mépris des dirigeants et les grêves des employés, les bus annulés et les RER retardés.

Tu voudrais qu’on te gueule pas dessus, après tout tu n’es que le messager, le mec en costume vert mal réveillé, qui t’annonce comme ça que ton bus ne passera pas, que le RER est cassé ou que la neige a tout bloqué, mais mec c’est juste la dixième fois ce mois, qu’on marche 2 kilomètres jusqu’à la gare à pied, qu’on poireaute 40 minutes dans le froid pour se carrer dans un RER blindé, qu’on se fait déchirer à l’arrivée par un patron bien remonté, t’as rien à nous répondre, aucun information, si t’es pas contente, prend tes pieds, je t’assure c’est presque insultant, une ligne de métro qui merde pendant 10 minutes et ça passe au journal télévisé, 3000 personnes prises en otage tout les matins, tout le monde s’en fout, tout va bien.

Je paie un abonnement mensuel presque 100 euros, avant je fraudais mais tu m’as capté et maintenant tu m’attends à la gare avec des CRS et des flics en civil, les amendes et les ADT, ca me coûte trop cher pour que je puisse te résister, j’ai craqué et moi aussi j’ai un truc qui bippe dans mon sac, qui me suit à la trace et qui te permet de faire tes stats, je me dégoute presque d’avoir cédé, tu me traites tellement mal, tes trains puent, tes agents sont désagrèables, c’est gris et puis c’est triste, t’as beau vendre des franchises Bonne Journée à tout les coins de tes quais, y’a rien qui change, elle démarre et se finit toujours mal, l’angoisse du départ, de chez toi ou du taf, quand tu vas arriver, l’excuse qu’il va falloir inventer, parce que problème RATP, tout les matins ca fait beaucoup, ils n’y croient plus, toi non plus, t’as plus envie.

Tu te rends pas compte à quel point c’est déstabilisant, à quel point c’est usant, de jamais savoir quand tu arrives, de devoir prévoir toujours une marge d’erreur possible, de pas pouvoir compter sur toi, quand il neige ou quand tes signalisations sont cassées, bloquée Gare du Nord deux heures à 21h, t’arrive chez toi, t’as plus la force de rien faire, t’as juste envie de t’écrouler, j’ai de la chance j’ai pas d’enfants, des responsabilités limités, qu’est ce que ça sera quand j’aurai un petit à aller chercher ? On se fréquente depuis douze mois, et déja je peux plus t’encadrer, je te crains et je te fuis, tout les prétextes sont bons pour t’éviter, un pote qui peut me ramener, une occasion de rester à Paris, jte jure c’est pas normal, on devrait pouvoir s’entendre, si tu prenais un peu plus mes besoins en compte, si tu m’expliquais normalement ce qui se passe au lieu de me parler comme à un enfant, si tu faisais un effort pour pas arrêter les services dès qu’il pleut ou que ca glisse un peu, si t’y mettais un peu du tien on pourrait être heureux, vraiment, mais tu t’en fous, tu me craches à la gueule tout les matins, t’as même pas les couilles de me parler en face, tu te caches derrière un putain d’écran, annonces éléctroniques, pas un agent physique, alors quand on a la rage on cogne dans les murs et on casse une vitre, je comprends même si je participe pas, ca me défoule un peu de voir les autres taper pour moi.

RER D

Le pied qui s’accroche sur le coin du lit au réveil, la douleur dans le petit orteil comme si on t’arrachait une dent, tu te hisses dans la baignoire, y’a plus d’eau chaude, t’étales à l’eau froide ton maquillage de la veille, panda pathétique sous la lumière triste du néon de la salle de bain, il fait froid même dedans, dehors il pleut, plonge dans l’armoire qui dégueule les fringues, forcément tu trouves rien, ta sape préférée se planque derrière le canapé, oubliée, trouve tes chaussettes d’hier roulée en boule au milieu du couloir, tu les sens vite fait, pas d’odeur, pour les neuves ca attendra ce soir.

Vite attrape ton sac, ton téléphone et puis tes clés, dévale les escaliers, prend toi les pieds sur le paillasson du hall d’entrée, latte toi la gueule sur la dernière marche et prend toi pleine face la porte vitrée, relève toi, glisse sur les feuilles pourries sous la pluie, court après le bus qui s’arrête 500 mètres avant ton terminus, court après la montre et le bruit du train qui arrive en gare, saute dans le premier wagon, voyage plié entre un mec qui se frotte et une meuf qui tricote, ca sent dèja la transpiration et la fin de journée, pourtant il est 8h06, ca vient juste de commencer.

Les Halles, changement, tout le monde descend, fait la queue en bas de l’escalier mécanique, tout le monde est pressé, tout le monde se pousse, joue des coudes et passe devant, grimpe et dépêche toi, y’a du monde derrière toi, tourne à droite, pass Navigo qui refuse de bipper, les contrôleurs t’attendent déjà de l’autre côté du tourniquet, pas de photo sur la carte, mademoiselle ca fera 30 euros, déchire le papier rose devant leurs yeux, reprend ta course, souris au clodo, chaque matin il taxe devant la boulangerie, défoncé les pieds nus dans la station puante, gobelet de papier à la main, il sait que tu donnes rien, mais tout les matins, il lève la main, pour te souhaiter bonne journée, sourire et repartir mendier.

Ligne 4, les parisiens, apprêtés et puant le parfum, les bobos les plus cools descendent à Étienne Marcel, putes à franges et mecs en costume-basket, les pakis du Sentier descendent comme moi à SSD, les coiffeuses et les chinoises font une station de plus, je les retrouverai ce soir à la fermeture, dernière épreuve, les escaliers, zappe le mec des gratuits, j’aperçois mon café, au Central on se tient chaud, les travailleuses du trottoir prennent des forces, les boys des livraisons attendent le patron, moi je prends du calme, un allongé, une clope et Libé, j’ai 10 minutes pour me réveiller, twitter et envoyer mes voeux du matin à ceux qui le méritent, ils me soutiennent de loin, sous la couette encore les enculés, je vois mon boss passer devant le café, il tape sur la bâche pour me dire de me presser, ca promet, 2 euros 30 plus tard, je suis dehors, apaisée, prête à l’entendre gueuler toute la journée.

Tu penses à quoi ?

Je pense que finalement c’était pas une bonne idée, de me laisser aller, de t’avoir dit des choses sur moi, d’avoir ouvert ma porte, t’avoir montré les choses et puis les gens, je suis tellement déçue que ca prendrait des tas de syllabes et de courage pour le décrire, je fais semblant d’être énervée mais au fond j’ai vraiment de la peine, tu grattes un peu, tu retires le vernis, derrière c’est pourri, dans le silence tu t’es montré, t’as mariné dans ta rage et tu t’es laissé bouffer, t’as dégueulé ta bile et t’as cru que j’allais rouiller, mais mec les os sont solides, tu peux essayer de me tacler, t’arrivera sans doute à me faire chialer, mais à l’intérieur j’ai ce qu’il faut pour te zapper, demain j’aurai oublié.

Tu crois que tu comprends les gens, dans ta tête c’est le cliché habituel, il finit tes phrases et vous pensez pareil, la même musique et les mêmes films, les mêmes endroits et le feeling, tu penses pouvoir t’accorder avec lui un peu de répit, hublot vers autre chose dans la situation que tu te traînes, c’est pas évident, c’est pas facile, tu sens qu’il s’accroche alors tu prends de la distance, t’as pas grand chose à donner mais t’es prête à essayer, tu lui fais assez confiance pour lui parler, pour te confier, poser des bases à une relation déja niquée, même si tu sais à l’avance que tu vas dans le mur, que ce sera dur, t’es pas là pour penser à plus tard, tu penses à maintenant, à rire et à baiser, sans projets, quand il essaie d’en faire tu essaies de te projeter, mais ca fonctionne pas, c’est bloqué, t’as les pieds ancrés dans ton quotidien, s’échapper quelques heures, c’est déja bien.

Les parenthèses enchantées n’existent pas, elles se referment mal ou restent ouvertes à jamais, ponctuation dans ta chair, point-virgule de ce qui a été, j’ai des remords, ou peut-être des regrets, de m’être laissé vivre, si seulement on avait fait que se baiser, mais t’en veux plus, à l’intérieur de toi y’a quelqu’un qui crie que t’es tellement seul que ca te fait mal, que t’as besoin d’une nana, pour être là, juste là, mais c’est pas moi, ça sera jamais moi, ma vie est ailleurs, tu penses que je suis enfermée mais j’ai choisi, y’a presque rien qui me retient, c’est incompréhensible mais est-ce que t’as vraiment essayé de te mettre à ma place, est-ce que tu me vois seulement vraiment, tu choisis ce qui t’arrange et tu inventes le reste, tu places des mots dans ma bouche et des conneries dans ma tête, tu couches avec quelqu’un d’autre que moi, tu tombes amoureux en cinq minutes et t’as envie que pour moi ca soit la même, mais mon cœur est trop rempli pour que je puisse te rendre cet engouement soudain, j’ai choisi ma vie je m’accorde juste des surprises Bonux, le cadeau était cassé quand j’ai choisi ton paquet, le robot en plastique finit à la poubelle, avec ton cadeau et les dernières ordures que tu m’as dites.

Ne t’inquiète pas, je ne reviendrai pas, tu as gâché ce qu’il restait, tout seul, comme un con, par excès d’orgueil, t’as cru que j’assumais pas, c’est ca que tu as écrit, j’avais juste pas envie de voir ta face, j’avais besoin de temps pour me calmer, arrêter de faire la gueule et recommencer à t’apprécier, t’as écrit la fin alors que j’étais sortie pour l’entracte, ta réaction m’a dégoutée, je voudrais t’effacer, j’ai commencé par les traces tangibles de ton existence, la prochaine étape c’est les souvenirs, ca sera facile, la dernière c’est que que j’avais fantasmé, ce que j’avais pensé pour nous, je mettrai du temps à m’en séparer, à ranger et à archiver le carton d’images qui me restent en tête, ce qui aurait pu être, et ce que ne sera jamais.

Happy Place

La relaxation, c’est pas tellement ma came. J’ai beau essayer, les sons des baleines, le bruit de la pluie, le yoga, la sophrologie, ca m’énerve, ca m’excite, j’ai l’impression qu’on me prend pour une conne et qu’on me sert du vent, qu’on m’infantilise un peu et qu’on me manipule vraiment, j’ai pas assez confiance dans les gens pour leur donner mon stress, si ils dérangent tout à l’intérieur, si ils remuent les poussières et qu’ils rangent pas derrière, ca va juste me niquer un peu plus, me saouler et me donner envie de taper, j’aime pas la médecine douce, les cristaux et les amulettes, les algues de Papouasie et lampes au sel, je préfère les benzo, l’atarax ou le valium, ces trucs là ca marche tout de suite, 5 minutes sous la langue, 2h dans ton lit, t’as fait chier personne et t’as pas raconté ta vie, tu respires pas comme un phoque en essayant d’évacuer, tu finis pas en nage en position du chien couché, ca t’apaise le temps d’un instant, après ca va pas mieux, parfois même c’est pire, mais au moins t’as respiré, tu t’es posée, t’as empêché les petits vélos de tourner, abrutie mais heureuse, ne pensant qu’à recommencer.

Les deux seuls trucs qui me détendent vraiment, qui me font arrêter de penser en rond, c’est ta queue et puis gueuler, parfois aussi pleurer, ca m’arrive de tout faire en même temps, gueuler sur ta queue qui me prend, jouir et puis pleurer, les pleurs de décharge du nourrisson tu connais, ca t’inquiète, je sais c’est bizarre, c’est même un peu flippant, mais je te jure, c’est rien, c’est juste mon corps qui se détend, le canal lacrymal qui se laisse un peu aller, j’ai plus mon masque, plus mes défenses d’ivoire, mon air imposant et mon air renfrogné, je me sens un peu petite, un peu ailleurs, un peu bien, ca part tout seul, ca coule, j’essaie même pas de m’arrêter, si tu savais comme c’est bon, les traces de sel sur les joues quand mes yeux arrêtent de se mouiller, ta main qui serre la mienne, tes yeux encore dans les miens et le poids de ton corps, c’est presque mieux que la sensation d’avant, celle qui part de mon ventre et qui remonte doucement, ca part de plus loin, de ce que je cache et que j’enfouis, des choses que je ne dis à personne, ni à moi même, ni à mon psy, ce cri un peu primal, animal, qui sort quand tu arrêtes de vouloir tout contrôler.

J’ai couché, j’ai séduit, j’ai vendu mon cul pour retrouver ce sentiment, j’ai cru qu’avec celui là peut-être ca fonctionnerait, au delà du sexe c’est ça que je veux vraiment, t’as pas besoin de m’aimer pour que ca le fasse, pas besoin d’être parfait, c’est la manière dont tu me baises, la façon dont tu me touches, plus profond qu’avec ta queue, plus loin qu’avec tes doigts, ce truc qui dort à l’intérieur de moi, j’ai besoin de toi pour y arriver, pour décrypter, quand je veux me lever juste après, dis moi de rester là, de ne pas bouger, de rester contre toi, dis moi ce que tu vois dans mes yeux quand ils se voilent, à quoi je ressemble quand je me sens exister vraiment, dessine sur mon dos ce que j’ai de caché, je n’arrive pas lire, j’ai pas mon mode d’emploi, aide moi à trier, entre les larmes et les hoquets, sois fort pour moi, j’ai abandonné, je dépense tellement d’énergie à tout verrouiller, tout enfermer, les temps où je me laisse aller sont contrôlés, thérapeutiques, encadrés, je me force à creuser, après la baise ca s’en va, ca se pose à côté de moi, ca prend vie sans que j’ai besoin de faire d’effort, ca s’éloigne et puis ca disparait, la bête qui crie à l’intérieur de moi s’efface, larme après larme, orgasme après orgasme.

La Tuile

C’est quand même la tuile d’être un mec. Je me demande souvent comment ils supportent la pression de devoir avoir un érection, signe ultime de la virilité, comment ils gèrent leur délicate machine intérieure, la pulsion semble contrôler l’engin, mais parfois la tête aussi, les signaux se brouillent entre le cerveau et les parties, et le pénis triste reste flasque et sans vie, il s’excite et grogne, se met à gueuler, se fustige tout seul de son incapacité, invoque tout les dieux au chevet de la bite, c’est un drame national, une morne soirée pour l’humanité entière, il ne s’en remet pas et tourne en rond dans la chambre, autour du lit le sillon de ses pas se creuse, il marche l’air malheureux, le gland récalcitrant dans la main, il le tire et le frotte, lui promet des récompenses, promet que ce n’est pas de ta faute et qu’il te trouve terriblement excitante, il s’acharne sur son chibre qui peu à peu se recroqueville, t’essaie de lui dire d’arrêter, que rien n’est grave vraiment, tes paroles se heurtent à la fierté froissée de 8 centimètres de chair plissée.

Au début j’essayais moi aussi et je m’acharnais, les techniques les plus folles et les poses les plus excitantes, les mots crus et les encouragement, pour obtenir au mieux une demie-molle fuyante, qui une fois empalée finit de se dégonfler en toi, c’est usant, pour la mâchoire et pour les poignets, c’est déstabilisant, pour l’ego et pour le désir, toi aussi tu finis par t’énerver, par malmener son bout, le mordre et le tordre, les dents et puis les ongles, tu voudrais baisser les bras, arrêter, fumer une cigarette et même parler d’autre chose, mais tu sens bien qu’il est capital de tout tenter, même sans résultat probant, partager avec ton homme le dur chemin vers l’érection, le moment où tu crois sentir quelque chose, vous allez y arriver, la pénétration vous tend les doigts, et puis la retombée molle le long de sa cuisse, les espoirs de levrette sauvage qui s’envolent, la queue rouge et trempée soumise à la cruelle gravité.

Aujourd’hui j’ai crois avoir compris, et si je me plante tant pis, que les pannes sont égoïstes, qu’elles ne concernent finalement que le mâle et sa bite, ou plutôt l’homme et sa tête, et qu’à part en cas de grosse fatigue ou de dégueulasserie répulsive profonde chez toi, l’homme est soumis à son stress, à l’angoisse de la performance, à son inconscient et à ses peurs, à son envie forte ou trop fluctuante, et qu’il ne sert à rien de se faire violence, de faire des incantations magiques ou de blasphémer, je préfère m’étendre et laisser passer, parler d’autre chose et aller chercher à boire, rassurer, cajoler, embrasser, oublier les conseils abrutis de FHM ou de Glamour, les points de réflexologie et le rhum arrangé au bois bandé, je le laisse se démerder et se calmer, reprendre ses esprits et sa fierté, que la frustration de voir un mec décomposé pour une bête histoire de tuyau engorgé ne vaut pas la peine de s’inquiéter, vivre et laisser vivre, croiser secrètement les doigts pour la prochaine fois.

Je me félicite à chaque fois de mon sexe féminin, de ma capacité à jouir et à me faire jouir, sans contrainte de pesanteur ou de rigidité, et si parfois ma tête rechigne, sur un malentendu on peut s’arranger, je suis bon public et j’ai l’excitation facile, au pire tu triches un peu au début, tu simules la physiologie de la vulve mouillée, l’appétit vient en mangeant, on est jamais aussi bien servi que par soi même, on est aisément dupé par ce qu’on aime, on ne perd pas son temps en aiguisant ses outils, les proverbes et les banalités servent mon propos pour m’éviter de faire une description trop graphique, je ne voudrais pas choquer mon lectorat masculin fragile, et lui ôter pour toujours sa capacité à croire en la merveilleuse et délicate capacité féminine à l’accueillir toujours offerte et préparée, il y a de ces secrets divins qui ne se trahissent pas, dans l’intérêt commun des parties concernés, je jette un voile pudique sur ces techniques, et retourne dans ma chambre, réconforter celui qui m’y attend, penaud et renfrogné.

Sicko

Je crois que je suis malade, mais je crois tout le temps que j’ai quelque chose, un cancer ou un truc inconnu, une tumeur du genou ou un furoncle du cerveau, j’ai jamais quelque chose de simple, un rhume ou un truc, dans ma tête c’est tout de suite affreux, je me vois en blouse verte qui couvre à peine mes fesses, en train de passer un IRM sous le regard embué du médecin qui sait qu’il ne peut rien pour moi, le monde pleure, et moi je reste digne. Quand j’arrive chez le médecin, je le vois déja se marrer, la dernière fois que je lui ai expliqué que j’avais une dégénérescence maculaire, je crois que je me suis grillée, il m’écoute à moitié, il prend ma tension, me donne du Doliprane et me tapote le dos, ca m’énerve, alors parfois je vais en voir un autre, parce que le premier me connaît, donc il ne peut pas être objectif, mais le second est aussi formel, rien de grave, Fervex, angoisse.

J’ai longtemps cru que j’avais des problèmes cardiaques graves, le genre à te faire crever dans l’instant, des palpitations congénitales, un truc vraiment pas normal, un jour je me sentais pire que les autres, me voilà partie, en bus, jusqu’aux urgences les plus proches, j’arrive et j’annonce fièrement à l’infirmière de garde que je viens pour une crise cardiaque, c’est sur j’ai tout les signes, le bras qui gratte, la mâchoire bloquée, la poitrine oppressée, du mal à respirer, éléctro-cardiogramme et examens plus tard, non, rien de rien, même pas un petit souffle au cœur à raconter aux copains, juste une crise d’angoisse et une bronchite, au moins j’ai fait rire tout le service, de l’interne à l’aide soignante, avec ma pseudo pneumonie du palpitant, je repars comme je suis venue, une ordonnance de plus à ajouter à la pile sur mon bureau, et la promesse de ne pas revenir demain avec quelque chose d’imaginaire, parce que les urgences c’est pour les vraies urgences mademoiselle, pas pour les détraquées pathologiques comme vous, on vous conseille de consulter.

Quand je pars loin de chez moi, mon sac c’est la pharmacie, pour la tête ou pour les pieds, pour les angoisses et contre le mauvais sort, j’ai tout ce qu’il faut rangé, bien classé, la seule chose que j’arrive à ordonner, je me demande si j’ai pas raté ma vocation, pharmacienne ca m’irait bien, des hémorroïdes à la peine de cœur, je peux prescrire, j’ai testé pour vous, je connais sur le bout des doigts les notices en papier Bible, je les dévore et j’attends les effets secondaires à chaque fois, persuadée que le 1 sur 10 000, forcément ca tombe sur moi. Ce soir je suis à peu près sur d’avoir un ulcère purulent, qui me détruit l’estomac, j’ai lu tout ce qu’il faut sur l’opération, je suis parée, j’hésite entre écrire mes dernières volontés et faire ma valise pour l’hôpital, dans mon portefeuille il y a un post-it géant “Allergique à la pénicilline”, imagine que je tombe dans la rue et que je sois inconsciente, que j’ai un accident d’avion ou un coma soudain, comment ils sauraient ce qu’il faut me faire et ce qu’il faut me donner, je préfère assurer, les médecins, ces incompétents, de toutes façons ils me trouvent jamais rien.

Alors si je n’écris plus pendant quelques jours, ne t’inquiète pas, je suis pas loin, je erre de service en service à la clinique de ma ville, je saute sur les médecins pour leur arracher un diagnostic, je m’invente des douleurs pour les forcer à passer des examens, au bout d’un moment ils seront saoulés et nous renverront, mes ulcères, mes cancers, mes angoisses et moi.

Obsédée

Je le jure, je le fais pas exprès, ca me prend comme ca, je contrôle pas, ca part de la plante des pieds et ca me remonte de l’intérieur, ca me ravage l’estomac, j’ai des fourmis dans les doigts de pied, j’arrive plus à penser, je t’écoute plus, tu peux parler, vas-y, continue, moi je suis plus là, j’ai envie de toi, je sais c’est pas normal, je dois être carrément obsédée, complétement détraquée, c’est pas le moment, c’est pas l’endroit, je doute que tu partages mon émoi, on est face à face en terrasse, autour y’a des gens, ils parlent eux aussi, mais aucun son ne passe, tout est décalé, ta voix devient plus lente, comme un 33 tour un peu rayé, je hoche la tête, je grogne un peu, pour faire semblant d’acquiescer, la vérité c’est que je te vois déjà à poil entre mes cuisses, ma main crispée sur tes épaules, cambrée, haletante et comblée, c’est mal, c’est pas bien, ca craint.

J’essaie de contrôler mes pulsions, je déteste me prendre des vents, je reprends en main la situation, je relance de dix et je demande à voir, un commentaire un peu intelligent pour que tu continues à parler, je me raccroche à ta conversation, je t’assure c’est pas simple, tes mains posées sur la table, j’ai envie de les attraper, de les coller à moi, de les emprisonner, quand tu me regardes un peu en coin j’ai envie de t’embrasser, de ces baisers mouillés et peu précis, qui partent de tes lèvres et qui arrivent sur ton nombril, je commence à rougir, tu penses que c’est parce que je suis gênée, que t’as dit quelque chose de mal ou que tu m’as embarrassé, je te laisse croire tout ça, je peux rien avouer, dire que j’en ai rien à foutre de ton parcours ou de ton boulot, tes emmerdes et la dernière blague qui t’a fait rire, ce qui m’intéresse c’est la taille de ta queue et la force de tes hanches, les grimaces de ton visage quand tu prends du plaisir, et si je rapproche mon pied du tien, c’est pas vraiment un accident, c’est comme un défi, si tu ne bouges pas c’est que j’ai raison, tu vas te lever, on pas partir, se planquer dans la cour derrière et faire des trucs complètement répréhensibles, les gens pourront passer, on s’en fout, on est occupés.

J’ai le cerveau qui travaille trop en ce moment, c’est peut-être hormonal, ils disent ça sur le net, c’est peut-être l’envie d’arrêter de fantasmer toute seule dans mon coin, repousser une nouvelle fois la barrière qu’on se met, ce qu’on peut faire ou pas, ce qui est acceptable et ce qui peut arriver, quand je rencontre des gens j’ai toujours ce truc dans la tête, pourtant je sais, c’est pas une date, on est pas là pour se séduire, on est pas là pour coucher, je montre rien, c’est enfermé dedans, rassure toi tu crains rien, j’ai encore quelques notions de bienséance, je t’attacherai pas pour te faire subir les pires atrocités, je te rappellerai pas et je te dirai rien, je reste avec mon scénario un peu dingue, mes envies déplacées, ce truc dans mon ventre qui s’agite et qui refuse de s’apaiser, mes doigts qui se baladent entre mes jambes dès que j’en ai l’opportunité. Tu deviens mon matériel à fantasme préféré, rangé entre mon prof d’histoire moderne et le sushiman du yaki d’à côté, je te ressors quand j’ai envie, t’es à ma disposition, j’ai enregistré ton visage et je le colle sur le corps de ceux que j’ai dans la tête, montage numérique cérébral, dans mes rêves je te demande pas la permission, parfois c’est toi qui fait le premier pas, parfois on parle même pas, en tout cas t’es d’accord et tu bandes pour moi, ce qui dans la réalité est un vœux pieu total, je suis trop pudique et complexée pour penser que ca puisse arriver.

Chaussures de filles

J’arrive pas à marcher perchée, j’ai beau m’entrainer, j’ai beau essayer, accumuler les paires, des petits et des grands, des jolies et des orthopédiques, si je me surélève je perds le peu de grâce dont la nature m’a doté, je titube comme une hippopodame bourrée, je me gaufre dans les escaliers, j’arrive pas à rester debout, les talons c’est bon quand tu veux te la péter, je les mets quand je t’attends chez moi, pour ouvrir la porte et faire trois pas jusqu’au canapé, je les enlève vite fait quand on commence à baiser, je les oublie dans un coin jusqu’à la prochaine fois, quand tu reviendras.

Tout est un peu comme ça avec moi, j’ai toujours un truc qui va pas, un trou dans mon collant, les chaussettes qui dégueulent dans mes pompes, une tache mal placée entre les seins, je suis maladroite, et puis la vérité c’est que je m’en fous un peu, d’avoir l’air parfaite, polie, brillante et précieuse, avant ca me traumatisait, je voyais les filles passer, parfaites, le sac coordonné à la ceinture, les ongles vernis, les cheveux rangés, le maquillage fixé à la laque, tu ne parles pas trop fort, tu souris discrètement, t’es jolie, ton visage angulaire et mystérieux, dans ton sac c’est propre et ordonné, tu trouves ton briquet tout de suite, ton téléphone toujours dans la petite poche magique. Si tu me demandes du feu, tu peux attendre longtemps, faut que je fasse le tri, entre les miettes de sandwich, les bonbecs qui pourrissent là au fond, les trois bouquins, les trois feuilles, ma culotte propre et mes lunettes, mes paquets de clopes vides, les allumettes disséminées un peu partout, certaines déjà brulées, trois bics, aucun ne fonctionne ca serait trop facile, le vernis à ongle jaune fluo trop cool que j’ai acheté en poireautant Gare du Nord, le plan du métro qui date d’avant la ligne 14, les dessins arrachés de la nappe du restaurant chinois, une carte du Docteur Mafoussa qui résout tes problèmes par apposition des mains sur ton anus, deux bancos grattés, les horaires du RER de l’hiver dernier.

Rien que l’état de mes ongles ca situe la femme, quand j’ai pas des faux ongles de pornstar américaine, ils sont tout niqués, tout grattés, tout verts ou tout bizarres, j’ai pas la patience d’attendre que ca sèche, alors ca déborde, ca glisse sur les doigts, je trouve que ça fait peintre, en vrai ca fait juste naze, y’a pas deux heures ou on me parle pas des mes ongles dégueulasses, moi je m’en fous, ca m’amuse et puis c’est moi, j’ai pas eu de mallette de maquillage quand j’étais petite fille, je me rattrape maintenant, j’en fous partout, je mets du vert fluo sur mes paupières, du noir sur mes pieds et j’écris des trucs sur mes bras à l’eye-liner, quand je m’ennuie j’imagine que je suis invitée chez Oprah, je mets du blush orange et du rouge à lèvre rose Barbie, je réponds à une interview imaginaire en faisant des grands gestes avec mes mains, même que parfois j’fais tchiiiiip.

Si un jour tu manges en face de moi, s’il te plait, fais un effort, fais tomber un truc, renverse le sel, fais toi une tâche, me laisse pas toute seule avec ma gestuelle handicapée de la fourchette, je me bats avec mes couverts et trop souvent ils gagnent, je rend les armes après le plat de résistance, quand j’ai un morceau de viande au fond du soutif et de la salade collée au poignet, j’y arrive pas, je te jure, c’est pas faute d’avoir appris, ne pas mettre les coudes sur la table, ne pas roter et dire merci, c’est plus fort que moi, mon corps ne m’obéit pas, t’as le droit de rire mais pas longtemps sinon je t’envoie ton café à travers les dents.

Le seul truc chiant c’est quand je rencontre un mec beaucoup plus net que moi, un mec rasé de près, avec des vraies fringues repassées, qui sent le savon et le frais, quand tu rentres chez lui c’est rangé, y’a rien qui traîne, le lit est fait, il s’excuse pour le bordel, le salaud, il imagine pas une seconde que chez moi c’est Tchernobyl, que t’ose à peine respirer de peur de déranger, tu prends rien à boire parce que c’est sur tu vas renverser, t’attends la comme une conne le droit de bouger, t’as envie de lever la main comme à l’école pour demander si tu peux aller pisser, je suis inhibée par les gens trop ordonnés, ca me met la honte, ca me donne envie de me cacher, de rentrer chez moi et de retrouver l’aspirateur, il doit être quelque part entre la baignoire et la cuisine, la dernière fois que je l’ai vu, on avait eu des maux, il refusait d’aspirer tout en même temps, moi j’voulais tout faire disparaître, sans trier, sans ranger, alors je l’ai puni, mis dans un coin, excommunié, faudrait peut-être qu’on fasse la paix, si je veux me remettre à baiser.

Grosse féministe